Transformer un hélicoptère biturbine en hélicoptère triturbine, l’idée peut sembler surprenante mais elle a su faire ses preuves à au moins une reprise dans l’histoire aéronautique, aux États-Unis dans les années 1970. Il s’agissait d’apporter un gain de puissance, et donc de sécurité à un hélicoptère militaire de transport et d’assaut. C’est ainsi que naquit une des voilures tournantes les plus étonnantes de tous les temps, à défaut d’être une des plus réussies esthétiquement parlant : le Sikorsky CH-53E Super Stallion.
Au début des années 1970 l‘US Department of Defense fit savoir qu’il recherchait pour les besoins de l’US Navy et de l’US Marines Corps un nouvel appareil de transport lourd et d’assaut à même de voler dans les conditions les plus difficiles au combat. Pour la première fois dans un cahier des charges concernant un hélicoptère de transport celui-ci prévoyait que l’appareil puisse transporter et mettre en œuvre des blindés légers et/ou des obusiers tractés, et non plus uniquement des jeeps. Deux constructeurs répondirent à l’appel : Boeing-Vertol et Sikorsky avec respectivement le Model 301 et le S-80.
En fait il s’agissait dans les deux cas de la version agrandie et plus puissamment motorisée de machines existants déjà, respectivement le CH-47 Chinook et le CH-53 Sea Stallion. Le Boeing-Vertol Model 301, officieusement désignés XCH-62, ne dépassa pas le stade de la maquette à l’échelle 1 et finalement c’est le Sikorsky S-80 qui fut sélectionné.
Aux vues des ressemblances flagrantes avec son prédécesseur le S-80 fut désigné CH-53E et baptisé Super Stallion. Bien que la lettre officielle concernant l’hélicoptère fut signée au Pentagone en 1974, année du premier vol du YCH-53E, il fallut attendre quatre années de plus pour que la commande officielle pour 170 exemplaires ne soit passée. De ce fait les premiers exemplaires de série n’entrèrent en service dans l’US Marines Corps qu’en février 1981. De ce fait entre l’hélicoptère de présérie et les premiers CH-53E opérationnels il existait quelques différences notables, principalement au niveau de l’avionique.
Très semblable extérieurement au CH-53 Sea Stallion le CH-53E Super Stallion possédait quelques différences notables à commencer par ses trois turbines en lieu et place des deux d’origine. Il s’agissait de General Electric T64-GE-416 d’une puissance unitaire de 4441 chevaux entraînant un rotor principal à sept pales et non plus six comme à l’origine. Les réservoirs extérieurs eux aussi avaient été revus et agrandis. Le CH-53E fut également pensé dès le départ pour pouvoir être ravitaillé en vol par des tankers volants Lockheed KC-130 Hercules. Par rapport à son prédécesseur le nouvel hélicoptère disposait dès le départ de moyens permettant le largage de fantassins via la corde lisse.
Dès l’année 1979 une seconde commande fut passée, par l’US Navy cette fois pour un lot de cinquante exemplaires d’une version de repérage et de destruction des mines marines sous la désignation de MH-53E Sea Dragon. En fait quarante-six d’entre-eux était des RH-53D modifiés en usine et les quatre autres furent construits neufs. Ces appareils permirent d’accroitre les capacités de l’aéronavale américaine dans les missions de guerre des mines.
L’US Marines Corps engagea ses CH-53E Super Stallion dans la majorité des opérations qu’elle mena des années 1980 aux années 2010. Ainsi on en vit aussi bien à la Grenade qu’au-dessus des déserts irakiens et saoudiens. Par la suite ils furent engagés dans la traque des combattants talibans et des terroristes d’Al-Qaïda en Afghanistan. Dans la majorité des missions où ils furent alignés ces machines volaient de conserve avec les Bell UH-1N Twin Huey et les Boeing-Vertol CH-46 Sea Knight. Au milieu des années 1980 l’US Marines Corps envisagea d’acquérir six exemplaires sous la désignation VH-53F pour des missions de transport du Président des États-Unis mais finalement le contrat fut annulé au profit du VH-60N Whitehawk.
À l’instar du S-65 le S-80 fut vendu à l’export, à un seul client cependant : le Japon. Ce pays passa commande pour onze exemplaires de la version S-80M très similaire aux MH-53E de l’US Navy et utilisés là aussi pour la guerre des mines.
À la différence des Sea Stallion les Super Stallion n’ont pas grand chose à craindre, aux États-Unis, du MV-22 Osprey. Leur remplacement est bien à l’ordre du jour pour l’horizon 2019-2020 mais sous la forme d’une version largement modernisée et d’ores et déjà désignée CH-53K King Stallion. Ce dernier est produit sous la houlette de Lockheed-Martin, aujourd’hui maison-mère de Sikorsky. Il est à noter que le seul autre hélicoptère propulsé par trois turbines et construit en série est l’Aérospatiale SA.321 Super Frelon français.
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