Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, Britanniques et Français furent engagés dans divers conflits de décolonisation. Pour permettre d’engager au mieux leurs troupes dans ces affrontements souvent très violents, les forces de Sa Majesté eurent l’idée d’acquérir des aéronefs spécialement adaptés aux opérations dans ces zones de guerre souvent très éloignées de la Grande Bretagne. Parmi les avions conçus et réalisés dans ce but figure un gros monomoteur de reconnaissance, de liaisons, et de transport léger : le Scottish Aviation Pioneer.
Alors que la Seconde Guerre mondiale venait juste de se terminer l’Air Ministry émit la Specification 4/45 relative à un avion de liaisons et de reconnaissance à vue destiné aux opérations coloniales. L’une des clauses était que le nouvel avion soit motorisé par un De Havilland Gipsy Queen Mk-34 d’une puissance de 244 chevaux. Seuls deux constructeurs y répondirent : Auster et Scottish Aviation.
Si le premier proposait une version sur-gonflée de son J-4 Autocar civil, le second avait dans ses cartons un avion totalement nouveau baptisé Pioneer. Assez logiquement c’est ce second qui fut sélectionné, l’avion d’Auster risquant de se révéler instable du fait de sa motorisation trop puissante. Un prototype fut donc commandé à Scottish Aviation.
Extérieurement le Scottish Aviation Pioneer représentait une coupure nette avec ce qui se faisait alors au Royaume-Uni. Avec ses ailes dotées de larges volets il était indéniable que l’avion posséderait des qualités pour les décollages et atterrissages courts. Son train d’atterrissage haut placé et renforcé le prédestinait clairement aux vols de brousse. Avec son moteur Gipsy Queen Mk-34 et son hélice bipale en métal et bois le Pioneer n’était pas sans rappeler le Fieseler Storch conçu quelques années auparavant en Allemagne. Le pilote et les passagers prenaient place dans un cockpit fermé faisant aussi office de cabine. Dans cette dernière les sièges pouvaient être déposés permettant le chargement de fret léger voire d’un brancard… sans infirmier. C’est dans cette configuration que le premier prototype réalisa son vol inaugural le 5 novembre 1947.
Les essais en vol furent menés depuis un terrain d’aviation appartenant au constructeur et sis à Prestwick sur la côte ouest de l’Écosse. L’un des premiers enseignements fut que le moteur Gipsy Queen Mk-34 était trop faible et devait être remplacé en urgence. Le choix se porta sur un moteur à neuf cylindres en étoile, l’Alvis Leonides Mk-502 d’une puissance d’une puissance de 527 chevaux, entraînant une hélice tripale en métal. Cette fois le Pioneer tenait toutes ses promesses, notamment en matière d’atterrissages courts, voire même très courts. La mission d’évacuation sanitaire fut abandonnée car jugée trop peu satisfaisante sur cette machine.
Scottish Aviation proposa alors une version de série destinée à l’export et baptisé Pioneer Mk-II. Les avions commandés à cinquante exemplaires par la Royal Air Force reçurent quant à eux la désignation de Pioneer CC Mk-1.
De manière assez originale ce n’est pas au sein de cette dernière que les premiers exemplaires entrèrent en service mais au sein de la Royal Ceylan Air Force, l’ancêtre de l’actuelle Sri Lanka Air Force. Six Pioneer Mk-II lui furent livrés en même temps qu’un lot de Balliol T Mk-2, de Chipmunk T Mk-10, et de Heron Mk-2. Les Pioneer Mk-II furent employés sur cette île pour des missions de reconnaissance et de liaisons.
Finalement la Royal Air Force ne perçut ses premiers Pioneer CC Mk-1 qu’en 1954 au sein du 267th squadron basé à Kuala Lumpur en Malaisie, alors sous domination britannique. Ces avions avaient pour mission aussi d’assurer des missions de contrôle des positions militaires et de liaisons aériennes. Par la suite des Pioneer furent versés à des unités basées également dans le sultanat d’Oman placé alors sous protectorat des forces britanniques.
Pour autant à partir de 1960 la majorité des Pioneer CC Mk-1 fut rapatriée en Grande-Bretagne tandis que quelques exemplaires volaient désormais en Irlande du nord au profit des forces chargées du «maintien de l’ordre». Pour le reste les avions réalisaient des missions de liaisons et de transport léger tout ce qu’il y avait de plus classiques. La Royal Air Force conserva ces monomoteurs jusqu’en 1969.
De leurs côtés le sultanat d’Oman et la Malaisie eurent la chance de percevoir (gracieusement) chacun un lot de Scottish Aviation Pioneer CC Mk-1. En fait il revenait moins cher aux Britanniques de le leur offrir que de les ramener au Royaume-Uni, souvent par bateau. C’est ainsi que les premiers reçurent deux avions tandis que les seconds en acceptaient neuf au service.
Et la Malaisie est certainement le pays qui utilisa ses Pioneer CC Mk-1 le plus longtemps. En effet entrés en service en 1961 il ne le quittèrent qu’en 1996, soit plus de trente-cinq ans après et un demi-siècle après leur conception. S’ils furent principalement utilisés pour des missions de reconnaissance à vue (aussi appelé spotting) et de liaisons, sur la fin de leur carrière ils servirent notamment au remorquage des planeurs et des cibles aériennes.
Avion aujourd’hui quelque peu tombé dans l’oublie le Scottish Aviation Pioneer fut pourtant un des premiers véritables monomoteurs de brousse conçu et réalisé en Europe.
Plusieurs sont dorénavant préservés dans des musées aéronautiques en Malaisie et au Royaume Uni.
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