Le constructeur aéronautique Beechcraft, communément appelé Beech, aujourd’hui branche du géant américain Raytheon, est aujourd’hui mondialement connu pour son bi turbopropulseur d’affaire King Air. Néanmoins le constructeur a fait sa réputation sur le plan militaire grâce à un petit monomoteur d’entraînement très efficace, qui a débuté sa carrière avec un moteur à pistons et la continue de nos jours avec un turbopropulseur : le Beechcraft T-34 Mentor.
En 1947, l’ingénieur Walter Beech, concepteur entre autre de l’avion d’attaque XA-38 Grizzly, se lança sur fond propre dans l’étude d’un avion d’entraînement primaire, à bas coût, basé sur son monomoteur de tourisme Bonanza. Beechcraft conserva les ailes, le train d’atterrissage, le moteur, et modifia profondément le cockpit, devenu biplace en tandem, mais surtout l’avionneur abandonna la queue d’avion en V. Désigné Model 45 par son constructeur le prototype effectua son premier vol le 2 décembre 1948.
L’US Air Force, intéressé par l’avion, commanda trois prototypes sous la désignation de YT-34. À cette époque les États-Unis étaient confrontés à des graves soucis de formation de ses futurs pilotes, reposant principalement cette mission sur le North American T-6 datant d’avant la Seconde Guerre Mondiale. Beechcraft escomptait également vendre son nouvel avion à plusieurs clients étrangers, le marché de l’avion entraînement reposant alors principalement sur le T-6 ou sur le Tiger Moth britannique, datant lui aussi d’avant guerre. L’avion fut officiellement sélectionné par l‘US Air Force en tant que T-34A Mentor en 1953. Il était doté d’un moteur en ligne Continental de 205 chevaux. En 1954 ce fut au tour de l’US Navy de le sélectionner mais doté d’un moteur de 225 chevaux. sous la désignation de T-34B Mentor. Le T-34A fut construit à 450 exemplaires et le T-34B à 423.
En 1951 l’US Air Force testa également une version de contrôle aérien de l’avant, mais sans suite. Le marché revint à Cessna pour son L-19 Bird Dog. Plusieurs pays de l’OTAN dont la Grèce et le Portugal reçurent des T-34A. Pourtant l’avion peinait à se vendre correctement à l’exportation et au milieu des années 60 le constructeur étudia la possibilité de remotoriser l’appareil, soit avec un moteur plus puissant soit avec un turbopropulseur. Les travaux durèrent jusqu’en 1973, soit 25 ans après le premier vol du Model 45. Beech monta un turbopropulseur Pratt & Whitney of Canada sur un T-34B ayant auparavant appartenu à la marine américaine et désigna son nouvel avion YT-34C Turbo Mentor. L’US Air Force ne fut pas intéressée par la nouvelle version du Mentor, qu’elle avait retiré du service en 1960 pour le remplacer par le Cessna T-37, la version entraînement de l’avion d’attaque légère A-37. L’YT-34C effectua son vol inaugural le 21 septembre 1973.
L’US Navy passa une commande pour 184 avions sous la désignation de T-34C. Plus de la moitié était encore en service en 2006. Aujourd’hui les T-34C de la marine américaine sont principalement affecté à NAS-Pensacola en Floride où ils remplissent des missions entraînement primaire, préparant les pilotes à leur passage sur T-45 Goshawk. Les T-34C sont néanmoins en phase de remplacement depuis 2002 par les Beechcraft T-6A Texan, des versions américanisés de l’avion entraînement helvète Pilatus PC-9. L’US Navy dispose également de deux NT-34C de soutiens aux essais en vol basés à NAS-Patuxtent River dans le Maryland.
Mais la marine américaine n’est pas le seul utilisateur américain du Turbo Mentor, puisque l’US Marines Corps utilise depuis la base de MCAS-Miramar en Californie une poignée de T-34C au sein de l’escadrille VMFAT-101, une unité volant également sur F/A-18 Hornet. Les monoturbopropulseurs des Marines remplissent principalement des missions de plastrons volant pour les missions d’entraînements des pilotes de chasse des Marines, mais aussi des missions de surveillance des champs de tir. Les Turbo Mentor de l’USMC portent la même livrée rouge et blanche que les appareils de la Navy. Mais les Turbo-Mentor rouges et blancs les plus surprenants sont sans conteste les neuf T-34C cédés par l’US Navy à l’US Army. Deux d’entre eux servent au sein de l’AATTC, l’Army Aviation Technical Test Center pour des missions d’essais au profit des avionneurs développant des drones, tandis que le troisième est en service au sein de l’ASOTB, l’Airborne Special Operations Test Board pour la mise au point de doctrine d’emploi des aéronefs dans le cadre des opérations spéciales. Les six autres volent pour des missions entraînement au profit des pilotes de voilures fixes de l’US Army. Ils servent notamment à la formation des futurs pilotes d’UV-20A, les Pilatus PC-6 de l’armée américaine. Actuellement la NASA utilise également une quinzaine de T-34C et NT-34C pour des missions d’essais et entraînement.
Mais si les T-34C se sont bien vendus aux États-Unis, ils ont aussi connu un succès certain à l’exportation. En 1975 quelques mois avant la Révolution Islamique, l’Iran reçu un lot de vingt T-34C pour des missions entraînement primaire. L’état des Turbo-Mentor iraniens demeure incertain. Actuellement la plupart des T-34C, encore en état de vol, sont en Afrique, notamment en Algérie et au Gabon ou encore en Amérique du Sud. La Fuerza Aérea Argentina utilise encore une trentaine d’avion, ainsi que l’aéronavale argentine. Quelques pays ont choisi d’armer leurs T-34C, même si l’avion est majoritairement considéré comme un aéronef désarmé. Malgré sa motorisation robuste, plusieurs clients du T-34C ont décidé dans le courant des années 1980 et 1990 de remplacer leurs avions par des appareils nouveaux comme le Pilatus PC-7 ou l’Embraer Emb-312.
Plus de 1900 Beechcraft T-34, Mentor et Turbo-Mentor réunis, ont été construits. Une centaine de T-34 de première génération est actuellement la propriété de collectionneurs privés aux États-Unis, mais leur utilisation en vol est réstreinte depuis 2004 sur le territoire américain suite à trois accidents mortels impliquant des T-34A.
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