Et l’US Army s’intéressa de près au Fiat G.91 italien

Dans l’imaginaire collectif des passionnés d’aviation les avions de l’US Army sont des appareils à moteurs à pistons voire à turbopropulsion, mais difficilement à propulsion par réacteur. Pourtant au début des années 1960, l’armée américaine fit l’acquisition (temporaire) de quatre jets de combat et d’entraînement Fiat G.91 de facture italienne. Par la suite les avions encore en état de vol furent bien entendu reversés à des utilisateurs européens.

Au début des années 1960 l’US Army était en pleine bataille idéologique avec l’US Air Force afin de tenter de reprendre un peu de la légitimité qu’elle avait perdu depuis 1947 et l’indépendance de la force aérienne. C’est pourquoi ses généraux lancèrent un programme visant à acquérir une trentaine d’avions à réactions destinés à des missions de contrôle aérien de l’avant et de reconnaissance armée. Trois avions furent présélectionnés : deux de conception américaine et un troisième provenant d’un pays allié, membre de l’OTAN. Ces appareils étaient le Douglas A4D-2, le Northrop N156 (dont le programme déboucha finalement sur la conception du chasseur léger F-5A Freedom Fighter), et le Fiat G.91.

Assez étrangement c’est le troisième d’entre-eux qui remporta les faveurs des généraux américains. En fait l’US Navy rechignait à voir son principal avion d’attaque tomber entre les mains de l’US Army tandis que le N156 semblait trop perfectionné pour ce rôle.

Finalement en février 1961 quatre Fiat G.91 firent leur arrivée sur la base américaine de Fort Rucker à bord de deux quadrimoteurs Douglas C-124 Globemaster II. Ils arrivaient directement de l’usine d’assemblage Fiat de Caselle dans la banlieue de  Turin. Ces avions étaient deux monoplaces G.91R1 dotés de quatre mitrailleuses Browning de 12.7mm, un monoplace G.91R3 doté de deux canons DEFA de 30mm, et un biplace G.91T1 armé comme les G.91R1.

À l’été 1961 les essais en vol allaient bon train quand l’un des deux G.91R1 s’écrasa non loin de Fort Rucker tuant sur le coup le pilote italien Roberto Bignamini, un ancien pilote de North American F-86 Sabre de l’aviation italienne qui œuvrait désormais pour Fiat. Cet accident eut un effet d’électrochoc au Pentagone, crispant quelque peu les relations entre Washington et Rome. Mais surtout à la même époque l’US Air Force faisait pression sur le Department of Defense afin de conserver la mainmise sur les missions de contrôle aérien de l’avant avec jets, à l’exception de quelques avions embarqués de la marine.

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Fiat G.91R1 aux couleurs de l’US Army.

Finalement un compromis fut trouvé entre l’US Air Force et l’US Army : cette seconde pouvait disposer d’avions de contrôle aérien de l’avant, à la condition sine qua non que ceux-ci soient « à hélices ». L’armée dut donc se contenter de ses biturbopropulseurs Grumman OV-1 Mohawk. Finalement le G.91R1 et le T1 reprirent le chemin de l’Italie en octobre 1961, comme ils étaient venus tandis que le G.91R3 fut rétrocédé à l’Allemagne de l’ouest.

Photos © San Diego Air & Space Museum.


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Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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