Le système NOTAR est actuellement le seul et unique dispositif de suppression de l’effet de couple accessible sur un hélicoptère en dehors du traditionnel rotor arrière, aussi appelé rotor anti-couple. Développé aux États-Unis à la fin des années 1970, il demeure en ce début de 21ème siècle cependant encore très marginal. Le système NOTAR repose en fait sur l’éjection d’un flux d’air chaud à l’extrémité arrière de l’hélicoptère.
En fait l’idée de substituer un flux d’air propulsé au rotor anti-couple date des années 1950 et du travail de l’ingénieur français Jean Cantiniau qui œuvrait alors pour le compte de la SNCAN sur le programme de l’hélicoptère expérimental N.1750 Norelfe. Même si ce dernier ne dépassa pas le stade du prototype Cantiniau avait démontré que ses travaux étaient probants. On pouvait tout à fait se passer de rotor arrière pour supprimer l’effet de couple. Néanmoins les moteurs d’hélicoptère de l’époque étaient encore trop faibles pour s’avérer efficaces.
Par la suite l’ingénieur français poursuivit ses travaux de l’autre côté des Pyrénées au sein de la société Aerotécnica, débouchant même sur la production en (toute petite) série d’un hélicoptère classique dénué de rotor anti-couple : le biplace AC-14 dont quelques exemplaires furent essayés par l’Ejercito del Aires en 1958.
Puis assez étrangement le procédé retomba dans l’oubli.
Ce n’est que près de vingt ans plus tard qu’il refit surface, de l’autre côté de l’Atlantique. Les ingénieurs américains de Hughes Aircraft avaient repris les travaux demeurés sans suite de Jean Cantiniau et les avaient améliorés. Désormais le recours systématique aux turbines pour mouvoir les hélicoptères permettait de valider le système de suppression de l’effet de couple par un jet d’air chaud propulsé. Hughes déposa un brevet en 1975 sous le nom de système NOTAR, pour « NO TAil Rotor », c’est-à-dire « pas de rotor de queue ».
Après tout pourquoi compliquer les choses ?
De manière assez basique l’air est capté par des grilles à proximité de la turbine d’alimentation de l’hélicoptère. Une hélice interne propulse un jet à l’intérieur de la poutre de queue. Cet air chauffe donc sous l’effet de la force cinétique. Il est ensuite redistribué par des fentes latérales à grande vitesse, permettant ainsi de supprimer l’effet de couple. Les travaux des ingénieurs de Hughes ont démontré qu’avec un tube convexe installé dans la poutre de queue l’effet dit de Coandã permettait d’accroitre l’efficacité du procédé.
Il fallut cependant attendre le mois de décembre 1981 pour qu’un premier hélicoptère vole au moyen d’un système NOTAR. Il s’agissait alors d’un Hughes OH-6A Cayuse prélevé sur les stocks de l’US Army.
L’attente pour voir le prototype d’un hélicoptère de série utilisant ce système fut de presque une décennie puis c’est en décembre 1989 que vola pour la première fois le MD-520N, un hélicoptère civil justement dérivé du Cayuse et utilisant le NOTAR.
En fait seul le constructeur MD Helicopters utilise de nos jours le système NOTAR. Après le MD-520N apparurent au début des années 1990 les MD-600N plus longs et surtout le MD-900 Explorer radicalement nouveau. Ces deux appareils ont connu un certain succès sur les marchés civils et parapublics mais ont largement été boudés par les forces aériennes, aéronavales, et terrestres du monde entier.
Beaucoup considèrent encore aujourd’hui qu’il existe une forme de conservatisme vis-à-vis des rotors anti-couples au détriment du NOTAR considéré (peut être à raison) comme plus difficile d’entretien car moins présent sur le marché et donc moins (voire pas du tout) étudié par les apprentis-mécanos.
Il faut voir qu’en Europe les deux principaux acteurs du marché, Agusta-Westland et Airbus Helicopters, n’ont jamais été tenté par ce système. En Russie seul Kamov s’y intéressa un temps mais sans cependant dépasser le stade de l’étude avancée.
Alors quel avenir pour le NOTAR ? En fait on l’ignore. Il pourrait bien demeurer marginal, surtout si les autres constructeurs d’hélicoptères persistent à ne pas l’employer. Il serait ainsi la marque de fabrique de MD Helicopters. Un peu comme le Fenestron jadis pour Aérospatiale.
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