Doit-on comme la Russie bombarder à l’aveugle pour vaincre Daech ?

Je vous l’accorde mon titre est un tantinet provocateur, et je m’attends bien à la ire de quelques trolls pro-russes bas du plafond, mais au-delà il faut tout de même se poser la question : la victoire de la coalition internationale contre l’organisation Daech peut-elle se réaliser au détriment de centaines, voire de milliers, de victimes collatérales ? Les récents raids aériens menés par l’aviation russe ont semble t-il tué autant d’innocents, voire plus, que de terroristes islamistes.

Dernier exemple en date, ce vendredi 20 novembre 2015, des chasseurs-bombardiers Sukhoi Su-25 Frogfoot ont attaqué les alentours de la ville de Deir Ezzor dans l’est syrien, là même où une dizaine de jours plus tôt notre Armée de l’Air avait frappé un important centre pétrolier de Daech.
L’une des grosses différences provient du fait que les Français avaient frappé une cible importante en périphérie de la ville à l’aide de munitions de précision à guidage laser et/ou GPS tandis que les Russes ont bombardé avec des armes à sous-munitions et des bombes lisses une zone fortement urbanisée. Des tirs de roquettes sont même attestés par deux ONG présentes dans la région.
Le bilan humain de la frappe russe fait état de la mort de 36 civils innocents dont dix enfants qui jouaient dans une arrière-cour. Le même bilan de la frappe française fait état d’aucune victime civile.

Alors plusieurs questions peuvent émerger de cette lecture de deux bombardements très différents réalisés sur la même localité :  la Russie est-elle économiquement si démunie qu’elle ne puisse équiper, à l’inverse de la France, ses avions de combat de bombes à guidage de précision ? L’aviation russe a t-elle d’autres objectifs « moins avouables » que l’annihilation de l’autoproclamé État Islamique ? Les avions de combat russes sont-ils si rustiques qu’ils ne peuvent emporter d’armes guidées ?
Autant de questions qui pourraient bien ne jamais trouver de réponse, l’armée russe (au sens le plus large du terme) n’ayant pas encore fait sa révolution culturelle comme la fit l’armée française quand elle décida de ne plus être la « Grande Muette ».

Quoiqu’il en soit ces frappes à l’aveugle menées par une aviation russe qui par ailleurs n’hésitent pas à exhiber des bombardiers stratégiques comme le très impressionnant Tupolev Tu-160 Blackjack, la copie soviétique du Rockwell B-1B Lancer américain, ne donnent pas forcément une excellente image de la coalition internationale aux yeux du monde entier. Même si d’ailleurs, malgré ses belles déclarations de principes, le président Poutine refuse toujours de se joindre à ses homologues américains, britanniques, français, et de bien d’autres pays. La stratégie du cavalier seul sera tôt ou tard pesante à la Russie, notamment pour ce qui est de la logistique de guerre.

Photo © AFP.


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Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

9 Responses

  1. Je ne me place ni comme anti- ni comme pro-russe, mais force est de constater que ces frappes risquent d’être à long terme contre-productives.
    En étant un peu cynique on pourrait considérer que les pertes civiles ont toujours fait partie de la guerre, mais même en gardant les sentiments de côté et en ne pensant que « stratégie », frapper indistinctement civils et terroristes ne fera que leur attirer de la sympathie et éveiller des vocations… Bref, de grossir leurs rangs.

    Poutine a toujours eu pour tactique en politique d’envoyer des messages forts, de montrer les muscles, l’envoi non nécessaire de bombardiers stratégiques en est le dernier exemple. Mais si parfois ça marche, ici c’est une erreur qui pourrait être lourde de conséquences! (sans compter le drame humain que cela représente)

  2. nous sommes en guerre, ne pas l’oublier, et ont ne peux pas faire d’omelette sans cassé les œufs!!!!!

  3. J’imagine que sur place, il existe des camps d’entrainement isolés, des caches d’armes et autre points stratégique loin des populations civils.
    Si la Russie voulais réellement apporter sa pierre a l’édifice dans ce conflit, elle devrais ce concentrer sur ces objectifs, et laisser les terrains sensibles au force armés équiper pour minimiser les pertes humaine inutiles.
    Car visiblement, la flotte Russe n’est pas équiper pour les frappe chirurgicales (cf les vidéos du ministère de la défense russe qui met en avant ses bombardiers avec des cockpits aussi complet que ceux de F4 phantom…).

    Ont ne fait pas d’omelette sans casser d’œufs, pourquoi pas, mais en casser 500 pour nourrir 2 personnes, je ne vois pas comment le justifier.

  4. Bonjour, je ne pense pas que le côte provocateur soi réellement dans le titre mais plus dans l’idée que vous soumettez que l’armée russe puisse un jour prochain réalisé ce que vous appelez sa révolution culturelle. Sur le fond comme la forme je suis entièrement d’accord avec vous Arnaud mais vous omettez un facteur essentiel. Putin est un homme de la guerre froide, il a été formé par le KGB durant les années 80, il ne peut concevoir l’emploi de la force autrement qu’avec les codes de l’époque de sa jeunesse.
    Pour lui un bombardement c’est forcément employé des armes non guidées, des tapis des bombes, sans se préoccuper des victimes collatérales. Cette notion à l’ouest date en fait de la guerre du golfe quand l’opinion américaine s’est rendu compte que ses bombes « libératrices » du Kuweit pouvait tuer des civils.
    Pour Putin et ses généraux même l’emploi d’armes chimiques et bactériologiques n’a rien d’impossible, ses attaques contre la résistance tchétchènes en attestent. Il a nettement moins de limites idéologiques que Hollande ou Obama. Pour être à mon tour provocateur je dirais que Putin lui ne vise pas le nobel de la paix. Il s’en fout d’ailleurs.

  5. Difficile à dire car nous ne pouvons lire ses pensées, mais il est possible en effet qu’il méprise notre mode d’action et privilégie des grosses frappes plutôt que des frappes précises.
    Comme pour le Bolchoï, il veut dire aux terroristes qu’il ne reculera devant rien pour les détruire. C’est une doctrine horrible, mais qui hélas a porté ses fruits au cours de l’Histoire, car on montre à l’ennemi qu’il a en face de lui un adversaire acharné.
    Sur ce point de vue, il doit prendre notre prudence pour de la faiblesse, un manque dedétermination.

  6. N’est-ce pas lui même qui disait à propos des « terroristes tchétchènes »: « Nous irons les débusquer jusque dans les chiottes ».
    Tout est dit, je crois…

  7. Cela a toujours été dans la manière d’aborder les conflits chez les russes ! Ils n’ont jamais été confronté à une opinion remettant en cause leur fonctionnement ! Maintenant, si nous regardons cette problématique d’un point vue purement pragmatique, les russes font ce que nous ne pouvons faire et nous ce qu’eux ne peuvent donc au final, n’est-ce pas une complémentarité dans l’action internationale contre l’Etat Islamique ?
    Il est clair que l’on ne peut cautionner ce genre de bombardements mais qui, suite au événements du 13, n’a pas souhaité ce genre d’intervention sous la colère ?

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