A nos amis journalistes : Petit aide mémoire sur les avions de combat français

La semaine passée, on a tous beaucoup (trop) regardé les informations à la télévision, sur les chaînes traditionnelles (comme France 2) ou celles d’information continue (notamment BFMTV et iTélé). Deux choses m’ont particulièrement exaspéré et je ne dois pas être le seul. La première est la longue litanie d’experts que l’on a vu défiler pour nous parler de rien ou plutôt pour répéter ce que les autres experts de la veille ou des heures précédentes nous avaient déjà ressassé. Je ne m’attarderais pas ici sur ce point.

L’autre point d’exaspération, déjà en partie évoqué par Arnaud dans cet article, est la manière dont les journalistes de télévision présentent les actions soutenues de l’Armée de l’Air. Et précisément, ce qui est gênant (le mot est peut-être trop faible d’ailleurs) est l’incapacité chronique à identifier correctement les appareils de l’armée de l’air. Pour nous autres passionnés, il est tout bonnement impensable de pouvoir confondre un Mirage 2000 et un Rafale, un Rafale et un Typhoon, un Caracal et un Apache, un Transall et un C-130… Je ne ferai même pas état des erreurs quand il s’agit de forces aériennes étrangères, où un F/A-18E/F Super Hornet devient un EA-6 Prowler. Maintenant que le porte-avions Charles de Gaulle entre en action, il va falloir aussi faire attention au Super-Etendard Modernisé de la Marine Nationale.

Mais tout de même quand on parle de notre armée de l’air, la moindre des choses est de présenter au public la bonne information. Je pourrai faire ici une longue liste de gabegies de ce genre qui concerne des grandes chaines de télévision dans le choix des images de leurs reportages ou de leurs infographies, et tous les sites web de la presse écrite et des radios où les erreurs sont les plus fréquentes. Chacun pourra apporter un exemple car on l’a tous vécu.

Loin de moi l’idée de mettre tous les journalistes dans le même panier. En effet, il y a de très bons journalistes aéronautiques et de défense : Jean-Dominique Merchet, Jean Guisnel, Philippe Chapleau, Didier François, Guy Dutheil, le regretté Pierre Sparaco et même Julian Bugier… Mais pour tous les autres, je pense qu’il est nécessaire de leur proposer un petit précis de reconnaissance de nos appareils de combat au moins.

Comment distinguer un Rafale et un Rafale Marine ?

Même si l’avion dispose d’une ligne et des courbes facilement identifiables, voici les éléments distinctifs du Rafale à repérer facilement :

  • Les plans canard significatifs, visibles sous tous les angles (face, dessus, dessous, de coté)
  • Les ailes delta avec en pointe des supports de missiles uniques
  • Les entrées d’air sous le cockpit ont une forme ovoïde très singulières
  • La double sortie des 2 réacteurs du bimoteur
  • La perche de ravitaillement en vol vraiment typique des appareils Dassault
  • De face, on distinguera facilement le HUD vert à travers le cockpit

Après il faudra éviter de le confondre avec d’autres appareils aux lointaines allures similaires, notamment :

Bien reconnaitre un Mirage 2000 !

Principal avion de combat dans les forces aériennes françaises, l’allure du Mirage 2000 devrait pourtant être dans l’inconscient collectif, puisqu’il reprend les lignes, les courbes et l’esthétique de la principale lignée d’aéronefs Dassault. Comme il semblerait que celui-ci passe pour son successeur, voici comment le différencier du Rafale :

  • De face, ce sont les entrées d’air qui permettent la distinction. Celle du Mirage 2000 sont rondes sur le côté du cockpit avec un cône central.
  • De dos, c’est l’énorme sortie du réacteur. Hormis sa taille proéminente, le Mirage 2000 n’en a qu’un !
  • De dessus ou de dessous, constater l’absence de plans canard et aucun élément en bout des ailes delta.
Faites attention aux SEM aussi…

Il faudra profiter de voir les derniers appontages du Super-Etendard Modernisé durant l’opération Arromanches 2 qui sera sûrement son dernier engagement. Comme j’ai constaté qu’une bonne dizaine de journalistes sont « embedded« , c’est-à-dire embarqué sur le Charles De Gaulle, j’espère qu’ils sauront mettre en valeur le valeureux appareil de la Marine Nationale qui a fêté ses 40 ans. Alors, en quoi le SEM de son petit nom se distingue-t-il :

  • Les ailes en flèche seront le point caractéristique imparable
  • Les plans horizontaux de l’empennage placés haut milieu de la dérive
  • Un cockpit étroit qui fait tant jasé chez les pilotes de l’US Navy
  • Le nez moins pointu que ces compères de chez Dassault
  • Pour ne pas le prendre pour un Mirage 2000, bien constater la présence de la cocarde avec l’ancre de marine

Voilà, j’aurais pu continuer avec les appareils de transport de l’Armée de l’air tous engagés dans les autres opérations extérieures, Serval et Chammal, et aussi sur les hélicoptères de l’ALAT et de l’armée de l’air. Mais j’aurais peut-être l’occasion de rédiger ces articles prochainement : « Comment distinguer un A400M, un C-130 et un Transall » et « Ne pas confondre un Caracal, un Puma, une Gazelle et un Tigre« .

© Photos : Armée de l’Air, Marine Nationale et Gaëtan Pichon


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Gaëtan
Passionné d'aéronautique et formateur en Web et PAO, il est le fondateur, en 1999, de l'encyclopédie de l'aviation militaire www.avionslegendaires.net. Administrateur et rédacteur en chef du blog, il vous fait partager ses avis et coups de coeur (ou de gueule) sur l'actualité aéronautique.
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Commentaires

35 Responses

  1. Euh sans vouloir leur manquer de respect, si après avoir lu ça nos journalistes arrivent encore à se planter, c’est que vraiment ils ont un (SUPER GROS) problème intellectuel et cognitif.
    On devrait envoyer le lien vers toutes les rédactions et écoles de journalismes.

    1. Oui, ho oui Arnaud, une publication internationale et comme ça plus de droit à l’erreur :o)
      De plus ça fera un bien fou à mes oreilles.
      Mais bon, a côté de ça je rigole bien devant les reportages sur le CdG en ce moment par des journalistes qui sont à bord en plus.
      Z’aurais mieux fait de prendre un de vous ;o)…

  2. Bravo encore pour cette présentation très claire.
    Chaque fois qu’un reportage touche un domaine que nous maîtrisons un peu, nous constatons tous des erreurs et des imprécisions inacceptables, surtout que parfois le message contredit les images.
    Il y aurait beaucoup à dire sur tous ces médias qui font la course au sensationnel (quoi qu’ils en disent) au détriment de la qualité.
    Nous devons savoir que: A chaque fois qu’ils parlent de domaines pour lesquels nous avons moins d’informations, ils introduisent les mêmes erreurs et imprécisions ! A nous d’avoir un regard critique et avisé pour essayer d’éviter la désinformation et la manipulation.
    Bravo encore et restons optimistes (et prudents)

  3. Excellent rappel aux journaleux ! Sans vouloir la jouer cocorico, le site d’information réunionnais Zinfo974 affiche toujours des clichés spécifiques relatifs aux avions concernés par leur article. Les chaines publiques ou d’info en continu présentent souvent de la daube en matière aéronautique !

  4. Je ne crois pas que les journalistes embarqués sur le CDG sont conscients de l’énorme chance qu’ils ont. En tous cas, ils vont apprendre, espérons, beaucoup sur la vie à bord, les veinards ! Imaginez pour un instant si ce serait vous ! Pour ma part, je sens déjà le son d’un décollage me rentrer dans le corps et les senteurs de «jet fuel» me remplir les narines. AHH ! 🙂

    1. C’est vrai, ils ont énormément de chance. Sur France 2 hier soir, la femme journaliste embarquée n’a pas dit de bêtises dans son reportage, même si c’était de la vulgarisation. Ce matin sur Europe1, j’ai compris que c’était Didier Francois (ex-otage de l’EI d’ailleurs) et là pas de souci, c’est un bon. Mais j’ai vu au Petit Journal, qu’il en avait de TF1, de iTélé et consort, je les attends au tournant 😉

      1. Grace à TV5 Québec Canada (abrégé en TV5) j’ écoute à tous les jours le journal de 20 H de France 2 dans une version légèrement réduite d’environ 5 minutes. Celui-ci est télédiffusé sur le cabler à 18h30(heure normale de l’est soit UTC-5 au Québec. J’ai apprécié les reportages de la journaliste sur le CdG et comme plusieurs lecteurs j’aimerais bien être à sa place…

  5. Ici au Canada c’est encore pire, ils parle de CF-18 et montre un F-16 belge… Et quand tu les avise poliment de leurs erreurs, tu te fait dire que t’occuper de tes affaire… -.- Merci au journal de quebec et a radio canada pour la désinformation 🙂

  6. Commentaire en passant; À la vue des photos de SEM je viens tout juste d’avoir un «Flash Mémoire»: Tanguay et Laverdure, ça vous dit quelque chose ?

  7. La plupart des journalistes deviennent chaque fois plus cons. Et ça c’est partout. Heureusement qu’internet existe et qu’il y a des sites comme celui-ci.

  8. Très bon précis, très bien fait, bravo !
    Maintenant vues les conditions de travail (et de pression) des journalistes (sans compter leur formation…), où seuls le titre, le buzz et l’immédiateté comptent… ?
    La précision et l’information quant à elles…
    A propos de précision, petite erreur : d’après votre autre article en lien « 40 ans » du Super Etendard, il s’agit des 40 ans du premier vol, et non du service opérationnel : en février 1979, la 11F fut la première en service opérationnel (et « Charles de Gaulle » avec 2 l dans cet article siouplait 😉 ?)

  9.  » Jean-Philippe Merchet  » => Il me semble que vous vouliez parler de Jean Dominique Merchet (qui tient le blog « Secret Defense ») ?

  10. Il reste deux types de chasseur dans l’armée de l’air, deux dans l’armée de l’eau (bientôt plus qu’un) dont un en commun… Et ils arrivent à de tromper. C’est pas comme si il y avait encore des |||, des jags, des F1 …
    On s’en rend compte parce qu’on connait, pensez vous que ce soit si différent avec le reste ?

    1. On peut se poser la question en effet.
      le mieux, à mon avis, c’est de ne pas les regarder. On ne s’ en porte pas plus mal croyez moi!

  11. +100 pour ce mémo.
    À condition tout de même que sur la photo, on voit bien la ou les zones de différences (angle de prise de vue et le fait qu’on voit tout l’avion ou non).
    En poussant plus loin: Comment distinguer un Rafale C d’un M ? Ou d’un M 2000D d’un N ?

    1. Oui alors là tu pousses le bouchon car si le Rafale M est repérable au sol par son train « sauteur » et sa cocarde évidemment, entre Mirage 2000-D et N là c’est chaud surtout que les livrées sont quasi identiques et tous les 2 biplaces…

    2. Si je ne dis pas d’ânerie il y a une antenne bien particulière, liée aux communications encryptées, sur l’extrados du Mirage 2000N qui n’existe pas sur le 2000D.

  12. Pour un Rafale M…en vol, train rentré, il reste effectivement la cocarde (ancre) ou la ferrure de la crosse qui est plus costaude
    Concernant les 2000 D et N, il y a le numéro de série pour les spécialistes et la pointe avant (noire pour le N)

      1. Pour compléter cet « instant quiz »:
        – En plus de sa couleur noire, la pointe avant du 2000N possède une perche anémométrique, le D utilise des sondes sur le côté et sa pointe avant est gris-vert
        – Seul le D possède une petite bosse sur le dos (fuselage) qui est un lance leurres.
        – Seul le D peut emporter un pod de désignation laser, mais en son absence, on ne peut rien dire
        – Concernant les n° de série ou plutôt le rang de sortie, les D sont tous sortis après les N donc il suffit de connaître le n° du dernier N ou du 1er D.

        1. Les 2000 N K3 sont aussi capables de l’assaut conventionnel tout temps donc PDL + pod lance-leurres aussi, non ?

        2. @Xav520
          Non aucune version du 2000N ne peut emporter de pod de désignation laser. Quant aux lance-leurres, le 2000N est bien mons fourni et n’a pas la bosse qu’évoque James sur le dos.

  13. Bravo pour ces rappels ! Mais euh… le cône central du Mirage, ce n’est pas plutôt une souris ? En tout cas je me régale !

    1. Il s’agit de la pointe avant, museau si vous voulez, de l’avion qui est effectivement en forme de cône, la souris du M2000 est un demi-cône.

  14. il suffit d entendre les erreurs lors des commentaires du défilé du 14 juillet chaque année pour comprendre que la préparation et la mise à jour des fiches ne sont pas encore au point….

  15. il n’y a pas que les journalistes …a une certaine époque les sous-officiers de la base aérienne de Strasbourg chargés d’armer les 12.7 pour la défense sol-air étaient en majorité incapables de distinguer un F-4 Phantom d’un Mig 23 ( sur photos )…..
    alors qu’un Jaguar d’un Mirage…certains y arrivaient pourtant …….

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