Lors de la montée en puissance du nazisme entre 1933 et 1936 les industriels aéronautiques allemands reçurent l’ordre de se remettre à concevoir des avions d’armes, et notamment des bombardiers. Ce faisant, ils s’opposaient ouvertement aux restrictions ordonnées par la Société Des Nations au titre du Traité de Versailles de 1919. C’est ainsi que pour leurrer la communauté internationale, ces constructeurs conçurent des avions de ligne qui ressemblaient furieusement à des avions de combat. Ou peut être est-ce l’inverse ?
En fait ces aéronefs étaient officiellement conçus, et construits en série, comme des avions de ligne. Et dans le plus grand secret les ingénieurs allemands les adaptaient à des missions militaires, généralement le bombardement ou la reconnaissance lointaine.
Il est d’ailleurs à noter que plusieurs d’entre eux furent d’excellents avions commerciaux, ne servant pas uniquement dans les rangs de la Lufthansa, mais réussissant même à être exportés dans des compagnies aériennes étrangères, en Suisse et en Union Soviétique notamment.
Voici les principaux avions d’arme allemands conçus comme avions de ligne :
- Focke-Wulf Fw 200, construit à une cinquantaine d’exemplaires civils et exporté à des compagnies aériennes de trois pays dont le Brésil et le Danemark.
- Junkers Ju 86, construit à une cinquantaine d’exemplaires civils et exporté à ses compagnies aériennes d’au moins huit pays dont l’Australie et la Bolivie.
- Junkers Ju 90, construit à huit exemplaires civils et exporté uniquement en Afrique du sud, mais jamais livré du fait de la Seconde Guerre mondiale.
- Junkers Ju 160, construit à une vingtaine d’exemplaires civils et jamais exporté.
Il est à remarquer que dès lors que le réarmement allemand fut officiellement assumé par le régime hitlérien, et reconnu par la communauté internationale, ce procédé s’arrêta net. Au grand désarroi d’ailleurs de la Lufthansa qui ne pouvait plus disposer d’avions de ligne modernes de conception nationale, l’industrie allemande se concentrant sur les machines militaires.
Bien entendu les Junkers Ju 52/3 et Siebel Si 204 ne sont pas comptabilisés même s’ils servirent aussi dans le civil, puisque ces avions ont été ab-initio conçus exclusivement comme des avions de transport.
Photos © San Diego Air & Space Museum.
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6 Responses
Merci Arnaud pour ce rappel de l’histoire. C’était une façon très futée de détourner les textes.
Bonne journée
Il est à noter Michel47 qu’esthétiquement le Junkers Ju 86 n’était pas forcément le plus vilain avion de ligne de son temps. M’enfin cet avis n’engage que moi.
Ils n’étaient pas si « pseudos » puisque plus loin dans votre article vous écrivez: « à noter que plusieurs d’entre eux furent d’excellents avions commerciaux, ne servant pas uniquement dans les rangs de la Lufthansa, mais réussissant même à être exportés dans des compagnies aériennes étrangères, en Suisse et en Union Soviétique notamment. »
Vous avez sûrement raison. Ou pas.
N’empêche qu’à partir du moment où ces avions furent pensés comme des machines militaires et utilisés dans un premier temps comme des avions civils pour tromper la communauté internationale, ce sont bien de pseudos-avions de ligne, et même s’ils ont su remplir cette mission avec succès.
Merci pour cet article intéressant ! Il faut ajouter que la passivité des autres puissances européennes et leur manque flagrant de vision quant à la menace que devenait Hitler furent pour beaucoup dans cette situation, situation que l’on trouverait aujourd’hui absurde car les analogies civil-militaire étaient pourtant criantes à une époque où toute avancée technologique trouvait des applications dans les deux domaines. Surtout qu’à la même période les aéronautiques Française et Britannique étaient moins avant-gardistes (pour ne pas dire passéistes si l’on songe à l’obsolescence d’une partie de leurs avions en 1939).
Quant au facteur humain, sous couvert de leur activité « civile », les pilotes de la future Luftwaffe engrangeaient les heures de vol, s’entrainaient à la navigation, voyaient du pays etc. sur des vols commerciaux à bord d’appareils très proches que ceux qu’ils piloteraient quelques années plus tard en temps de guerre. Cela a eu un impact non négligeable sur le niveau de préparation allemand lors de l’ouverture des hostilités en Espagne, puis la Blitzkrieg.
De toutes manières après les méfaits de la Légion Condor en Espagne, les Britanniques et les Français savaient de quoi étaient capables les armées allemandes.