Dans les années 1955, l’URSS recherche un avion de reconnaissance maritime et de patrouille anti-sous-marine capable de servir au sein des forces de l’AVMF (l‘aéronavale soviétique). Se tournant vers Illyushin, elle demande une étude concernant une possibilité d’évolution de l’avion de ligne quadriturbopropulseur Il-18. Ce dernier a volé pour la première fois le 04 juillet 1957 mû par quatre turbopropulseurs Kuznetzov NK-4-A01 de 4000ch de puissance unitaire. Le turbo NK-4 est vite remplacé par l’Ivchenko AI-20 de même puissance mais moins gourmand en carburant.
L’Illyushin Il-38 sera donc une version armée de l’Il-18. Le prototype effectue son premier vol le 27 septembre 1961, en plein regain de Guerre Froide, à une époque où chacun sait en Union Soviétique et aux États-Unis que les prototypes des uns et des autres sont scrutés et analysés. L’Il-38 devient donc l’équivalent soviétique du Lockheed P-3A Orion en service dans la marine américaine. Il est d’ailleurs lui aussi issu d’un avion de ligne, le Lockheed L-188 Electra.
Les essais se déroulent dans le secret le mieux gardé, sur la presqu’île du Kamtchaka, et le premier avion entièrement gréé vole pour la première fois en octobre 1965. À cette époque la donne stratégique a changé et la cible numéro une des avions de l’aéronavale soviétique est constitué par la flotte des submersibles de l’US Navy. L’Il-38 devra donc faire équipe avec le Tupolev Tu-95. C’est ce que les Américains appellent la tactique du « Hunter-Killer« .
La production en série de l’Illyushin Il-38 démarre en 1969. L’OTAN qui a découvert réellement cet avion en 1964 lui attribue le nom de code de May.
Dès 1970 des Il-38 May sont repérés par les forces navales européennes et américaines un peu partout en Atlantique, dans le Pacifique mais surtout en Méditerranée. En 1972, quatre Vought F-8 Crusader de l’US Navy interceptent l’un d’entre-eux, mais volant sous la livrée de l’aviation égyptienne au-dessus des eaux internationales. Les Américains remarquent à l’accent de l’équipage que celui-ci est néanmoins intégralement constitué de russophones. La menace des May se confirme pour l’OTAN.
En ce début de vingt-et-unième l’aéronavale russe disposerait encore d’une cinquantaine de ces appareils, principalement affectés aux bases de la Mer Noire et dans la péninsule de Mourmansk. Leur mission principale serait la protection de la flotte des sous-marins nucléaires russes. Quelques-uns ont aussi été aperçus au-dessus de la Crimée lors des différentes phases de la crise internationale suite à l’annexion de ce territoire ukrainien par la fédération de Russie.
L’aviation ukrainienne justement disposait encore au début des années 2010 d’une quinzaine d’Il-38 May du modèle le plus évolué May-B reconnaissables à son second radôme de soute. La majorité de ces avions est actuellement clouée au sol faute de pièces de rechange, et ce malgré les modifications locales apportées par l’avionneur Antonov. La puissante Indian Navy de son côté dispose quant à elle de douze Il-38 May-A et de sept May-B. Enfin la Syrie possèderait deux ll-38 livrés dans le courant des années 1980 dont on ne connaît nullement l’état ou la mission.
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