Alors que l’Argentine a décidé le retrait de sa flotte de Dassault Mirage III, il est peut-être temps de nous pencher un peu plus sur la carrière de cet avion mythique, souvent considéré comme le plus célèbre chasseur français. Le fameux monoréacteur à aile delta, premier de sa famille à être construit en série, a en effet eu droit à une des carrières les plus florissantes de l’histoire aéronautique des cinquante dernières années, participant à plusieurs conflits armés et marquant durablement les esprits tant parmi les pilotes qui l’eurent entre les mains que parmi ceux qui l’affrontèrent. Le Dassault Mirage III, un nom qui se suffit à lui-même.
Petit retour en arrière sur un des avions de combat les plus polyvalents des années 1960 et 1970, utilisé par onze forces aériennes très différentes les unes des autres. Un avion qui scella définitivement le sort et la réputation de l’avionneur clodoaldien.
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Afrique du sud
La South African Air Force utilisa six versions de cet avion :
- Le Mirage IIICZ, dont seize exemplaires furent commandés en 1963. Il s’agissait de chasseurs purs, destinés à des missions de défense aérienne. Puissance continentale dominante l’Afrique du sud n’avait alors pas grand-chose à craindre de ses voisins, d’où une utilisation assez légère de ces monoréacteurs.
- Le Mirage IIIEZ, dont dix-sept exemplaires furent commandés en 1961. Avions réellement polyvalents ils furent utilisés aussi bien pour la défense aérienne que l’attaque au sol.
Ils pouvaient en outre remplir des missions de reconnaissance grâce à une série de caméras emportées dans un pod de conception indigène. - Le Mirage IIIRZ, dont quatre exemplaires furent commandés en 1964. Destinés à des missions de reconnaissance diurne armée ces avions servaient en unité aux côtés des Mirage IIIEZ.
- Le Mirage IIIR2Z, dont quatre exemplaires furent commandés en 1971. Ils remplissaient des missions de reconnaissance armée tous temps.
- Le Mirage IIIDZ, dont trois exemplaires furent commandés en 1964 pour l’entraînement et la transformation opérationnelle des pilotes de Mirage IIICZ et IIIEZ. Ces avions ne pouvaient remplir aucune mission de guerre, leur armement ne servant qu’à l’entraînement au tir.
- Le Mirage IIID2Z, dont onze exemplaires furent commandés en 1971 afin de soutenir la flotte des Mirage IIIDZ. A la différence de ces derniers les Mirage IIID2Z étaient aptes aux missions de combat.
L’Afrique du sud utilisa ses Mirage IIICZ et EZ lors d’accrochages avec des jets de combat MiG-21 Fishbed portant les livrées angolaises mais pilotés par des aviateurs cubains. Les Mirage III sud-africains s’octroyèrent au moins cinq de ces avions entre 1977 et le milieu des années 1980.
L’Afrique du sud a retiré du service ses Mirage III en 1990.
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Argentine
La Fuerza Aérea Argentina utilisa quatre versions de cet avion :
- Le Mirage IIICJ, dont dix-neuf exemplaires furent achetés de seconde main auprès d’Israël en 1982. Ces avions étaient prévu pour remplir exclusivement des missions de combat air-air.
- Le Mirage IIIEA, dont dix-sept exemplaires furent commandés en 1970. Ils servirent d’avions de combat polyvalent, et notamment d’attaque au sol tous temps.
- Le Mirage IIIBJ, dont trois exemplaires furent achetés de seconde main auprès d’Israël en 1982. Ces avions ne remplissaient que des missions de transformation opérationnelle et d’entraînement avancé.
- Le Mirage IIIDA, dont cinq exemplaires furent commandé en 1972. Ils servirent aussi bien à la transformation opérationnelle qu’à des missions de défense aérienne légère.
L’Argentine n’utilisa que ponctuellement ses Mirage III durant la guerre des Malouines, malgré que ceux-ci étaient réputés supérieurs aux meilleurs avions britanniques du moment, y compris les Harrier.
L’Argentine a retiré du service actif ses Mirage III en 2015.
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Australie
La Royal Australian Air Force utilisa deux versions de cet avion :
- Le Mirage IIIO, dont cent exemplaires furent commandés en 1961. Ces avions remplissaient aussi bien des missions de chasse (Mirage IIIOF) que d’attaque au sol (Mirage IIIOA) tous-temps.
Ils furent les premiers chasseurs bisoniques utilisés dans ce pays. - Le Mirage IIID, dont dix exemplaires furent commandés en 1964 pour remplir des missions d’entraînement avancé et de transformation opérationnelle.
L’Australie n’a jamais engagé ses Mirage III dans le moindre conflit armé. Ils ont été retirés du service en 1988.
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Brésil
La Força Aérea Brasileira utilisa quatre versions de cet avion :
- Le Mirage IIIE, dont quatre exemplaires furent achetés de seconde main auprès de la France en 1988. Ils furent utilisés pour des missions de défense aérienne.
- Le Mirage IIIEBR, dont seize exemplaires furent commandés en 1970. Ils furent utilisés comme chasseurs polyvalents et avions de reconnaissance diurne au moyen d’un pod acquis en Israël.
- Le Mirage IIIBE, dont deux exemplaires furent achetés de seconde main auprès de la France en 1983. Ils furent utilisés exclusivement pour des missions de transformation opérationnelle et d’entraînement avancé.
- Le Mirage IIIDBR, dont quatre exemplaires furent commandés en 1970. Ils servirent à la transformation opérationnelle des futurs pilotes mais également pour des missions de défense aérienne.
Le Brésil n’engagea jamais ses Mirage III au combat. Ils furent retirés du service actif en 2005.
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Espagne
L’Ejercito del Aires utilisa deux versions de cet avion :
- Le Mirage IIIEE, dont vingt-quatre exemplaires furent commandés en 1970. Ils furent utilisés aussi bien pour la défense aérienne que pour les missions d’attaque au sol et d’appui aérien rapproché.
- Le Mirage IIIDE, dont sept exemplaires furent commandés en 1970 pour des missions de transformation opérationnelle et d’entraînement avancé.
L’Espagne n’engagea jamais ses Mirage III au combat. Ils furent retirés du service en 1992.
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France
L’Armée de l’Air utilisa sept versions principales de cet avion :
- Le Mirage IIIC, dont quatre-vingt-quinze exemplaires furent commandés en 1958, et qui devint rapidement le principal intercepteur et chasseur de supériorité aérienne de l’Armée de l’Air. Cet avion avait alors pour rôle de garantir la souveraineté de l’espace aérien français, notamment face au risque soviétique.
- Le Mirage IIIE, dont cent-quatre-trois exemplaires furent commandés en 1961. Plus évolué et mieux doté en terme de radar cette version remplit aussi bien des missions de chasse traditionnelle, que d’attaque au sol, de lutte contre les radars ennemis (à l’aide du missile Matra AS.37 Martel) et même de frappe nucléaire tactique grâce à la bombe AN-52.
- Le Mirage IIIR, dont cinquante exemplaires furent commandés en 1963. Ils remplissaient exclusivement des missions de reconnaissance tactique tous-temps.
Majoritairement désarmés ces avions évoluaient parfois sous la protection de versions de combat. - Le Mirage IIIRD, dont vingt exemplaires furent commandés. Ils remplissaient des missions de reconnaissance tous-temps, y compris en environnement de contremesures électroniques. Ils furent les premiers avions de combat français dotés d’un radar type doppler.
- Le Mirage IIIB, dont vingt-sept exemplaires furent commandés en 1960. Il s’agit là de la version d’entraînement avancé et de transformation opérationnelle de cet avion. Avec son armement allégé par rapport au Mirage IIIC il demeurait apte aux mêmes missions, notamment de défense aérienne.
Il est à noter que cinq avions furent par la suite transformés en Mirage IIIB1 destinés à la formation à l’entraînement des pilotes du Centre d’Essais en Vol et de l’EPNER. - Le Mirage IIIBE, dont dix-sept exemplaires furent commandés en 1965, afin de former et d’entraîner les pilotes de Mirage IIIE. Bien que doté d’un armement allégé, ces avions pouvaient remplir des missions de défense aérienne et d’attaque au sol. Ils n’étaient cependant pas aptes à l’emport de l’arme nucléaire.
- Le Mirage IIIBR, dont dix exemplaires furent commandés en 1966 pour l’entraînement des pilotes et navigateurs aux procédures de ravitaillement en vol de bombardier stratégique Dassault Mirage IVA. Ces avions étaient donc modifiés pour venir s’enquiller sur les Boeing C-135F acquis auprès des États-Unis.
Bien évidemment l’Armée de l’Air fut le principal utilisateur de cet avion. Ses derniers exemplaires quittèrent le service actif en 1994, tandis que le CEV conserva ses Mirage IIIB1 jusqu’en 2005.
De nombreux Mirage III frappés de la cocarde tricolore font désormais le bonheur de musées aéronautiques dans le monde entier.
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Israël
Heyl Ha’Avir utilisa deux versions de cet avion :
- Le Mirage IIICJ, dont soixante-douze exemplaires furent commandés en 1959. Principal avion de combat israélien durant quinze ans cet avion avait la particularité de remplir le même type de missions que les Mirage IIIC de l’Armée de l’Air. Ils furent en outre les premiers avions de combat bisoniques à porter la cocarde frappée de l’étoile de David.
- Le Mirage IIIBJ, dont quatre exemplaires furent commandés en 1960. Tout comme les Mirage IIIB français ils étaient aptes aux missions de défense aérienne.
Israël utilisa ses Mirage IIICJ au cours de deux conflits majeurs de son histoire : la guerre des Six-Jours en juin 1967 puis la guerre du Kippour en octobre 1973. Lors de ces deux conflits armés les Mirage IIICJ s’octroyèrent respectivement quarante-huit et cent-six avions ennemis, majoritairement égyptiens et syriens. Les forces arabes réussirent à détruire un total de dix-huit Mirage III (dont un BJ au sol) entre ces deux guerres.
Ces conflits finirent de construire la légende du Mirage III. Ces avions ont quitté le service actif en 1980.
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Liban
L’Al Quwwat al-Jawwiya al-Lubnaniyya utilisa deux versions de cet avion :
- Le Mirage IIIEL, dont dix exemplaires furent commandés en 1965. Ils remplissaient des missions d’interception et d’attaque au sol tous-temps.
- Le Mirage IIIBL, dont deux exemplaires furent commandés en 1965. Ils remplissaient des missions de transformation opérationnelle, d’entraînement avancé, et de défense aérienne.
Ces avions furent utilisés lors d’accrochages avec la chasse israélienne au cours des années 1970 et 1980. L’un des Mirage IIIEL fut même mitraillé en 1982 par un avion de l’état hébreu sans pour autant être descendu.
Le Liban a retiré du service actif ses Mirage III en 2000.
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Pakistan
La Pakistan Air Force utilisa six versions de cet avion :
- Le Mirage IIIEP, dont dix-huit exemplaires furent commandés en 1966 pour des missions d’attaque au sol et de défense aérienne.
- Le Mirage IIIO, dont quarante-trois exemplaires furent achetés de seconde main auprès de l’Australie en 1988 et utilisés pour des missions de défense aérienne et d’attaque au sol.
- Le Mirage IIIRP, dont trois exemplaires furent commandés en 1966 pour des missions de reconnaissance armée diurne.
- Le Mirage IIIRP2, dont dix exemplaires furent commandés en 1975 pour des missions de reconnaissance armée tous-temps.
- Le Mirage IIID, dont sept exemplaires furent acheté de seconde main auprès de l’Australie en 1988. Ils furent utilisés pour l’entraînement avancé et la transformation opérationnelle des jeunes pilotes.
- Le Mirage IIIDP, dont cinq exemplaires furent commandés en 1966 pour des missions de transformation opérationnelle.
Les Mirage III pakistanais furent engagés au combat en 1971 lors du conflit frontalier face aux Indiens. A cette occasion les chasseurs delta pakistanais s’octroyèrent au moins cinq avions indiens dont deux HAL Gnat d’attaque au sol. Le retrait de ces vénérables avions n’est pas prévu avant au plus tôt 2025.
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Suisse
La Troupe d’Aviation Suisse utilisa cinq versions de cet avion :
- Le Mirage IIICS, dont un exemplaire fut commandé en 1961 pour des missions d’essais d’armement et d’avionique.
- Le Mirage IIIS, dont trente-six exemplaires furent commandés en 1961 pour des missions de défense aérienne et d’attaque au sol.
- Le Mirage IIIRS, dont dix-huit exemplaires furent commandés en 1961 pour des missions de reconnaissance tous-temps.
- Le Mirage IIIBS, dont trois exemplaires furent commandés en 1963 pour des missions d’entraînement avancé et de transformation opérationnelle des futurs pilotes.
- Le Mirage IIIDS, dont deux exemplaires furent commandés en 1975 pour des missions d’entraînement avancé et de transformation opérationnelle des futurs pilotes.
État neutre la Suisse n’engagea de ce fait jamais ses Mirage III dans de conflits. Ils ont été retirés du service actif en 2003. Il est à noter que le Mirage IIIS est considéré comme un très proche parent du célèbre Dassault Milan demeuré expérimental. Plusieurs Mirage III suisses sont désormais exposés dans des musées dans le monde entier, notamment aux États-Unis.
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Venezuela
La Fuerza Aérea Venezolana utilisa deux versions de cet avion :
- Le Mirage IIIEV, dont sept exemplaires furent commandés en 1971 pour des missions de défense aérienne et d’attaque au sol.
- Le Mirage IIIDV, dont trois exemplaires furent commandés en 1971 pour des missions de transformation opérationnelle des jeunes pilotes et d’entraînement avancé.
Le Venezuela n’engagea jamais ses Mirage III au combat. Ils furent retirés du service actif en 2009.
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Désormais vous y voyez un peu plus clair sur cet avion légendaire à plus d’un titre. On remarquera qu’en 2025 lorsque le Pakistan retirera du service ses ultimes Mirage III ces avions auront largement mérité leur retraite, soixante-neuf ans après le premier vol du Mirage III-001.
Un œil avisé aura remarqué que le Mirage 5, pourtant considéré par certains comme une version améliorée du Mirage III n’est pas traité. C’est en effet à mon sens un avion à part entière.
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