Peu de constructeurs dans l’histoire aéronautique ne sont aussi étroitement liés à l’aéronavale que Grumman et Vought. Les réalisations de ces deux constructeurs ont en effet fait les beaux jours de l’US Navy mais aussi de quelques-unes des principales marines dans le monde, et notamment celle de la France. Pour Vought tout commença avec les premiers essais d’appontage et l’aventure des hydravions embarqués. Le premier de ceux ci fut d’ailleurs un appareil au destin assez surprenant : le Vought UO.
C’est en 1921 que l’état-major de la marine américaine fit savoir qu’elle recherchait un avion de chasse biplace destiné à servir à bord des deux nouveaux porte-avions qu’elle venait de mettre en chantier, l’USS Lexington (CV2) et son sister-ship l’USS Saratoga (CV3), deux anciens croiseurs modifiés. Malgré l’importance du programme seul la société Vought y répondit et son avion fut logiquement commandé. Un prototype fut assemblé sous la désignation de XUF-1.
Pour des raisons économiques l’avionneur s’inspira de son biplan polyvalent VE-7 datant de 1918, tout en modifiant structurellement le fuselage et la motorisation. Le XUF-1 disposait d’un moteur en ligne Aeromarine U d’une puissance de 270 chevaux. Il s’agissait alors d’un des moteurs d’avion les plus puissants disponibles aux États-Unis.
Cependant les premiers essais en vol, au cours de la fin de cette même année 1921 démontrèrent les faiblesses de ce propulseur. Il fut alors décidé de le remplacer par un Lawrence J-1, un moteur en étoile d’une puissance de 200 chevaux déjà utilisé dans l’US Navy sur le chasseur monoplace embarqué Naval Aircraft Factory TS-1. Après cette campagne d’essais une commande ferme fut passée pour 140 exemplaires connus alors sous la désignation de Vought UF-1.
Cependant alors que les premiers exemplaires de série se préparaient à sortir des ateliers au cours de l’automne 1942 le programme de chasseur biplace fut abandonné. Conscient des dépenses engagées par l’avionneur l’aéronavale américaine révisa son cahier des charges. Le Vought UF-1 devait devenir un avion d’observation embarqué ayant la capacité d’être transformé en hydravion à flotteurs. Les premiers exemplaires furent livrés en unité à la toute fin de l’année 1922.
Ils devinrent alors des Vought UO-1.
En fait sur les 140 exemplaires commandés, plus de 80% des machines construites étaient des hydravions à flotteurs. Ils furent utilisés aussi bien à partir des croiseurs de l’US Navy que sur les trois porte-avions qu’elle possédait.
Les Vought UO-1 servaient aussi bien à l’observation qu’à la reconnaissance maritime ou aux liaisons. Dans ce dernier cas l’observateur laissait la place à un passager.
Extérieurement le Vought UO-1 se présentait sous la forme d’un hydravion biplace monomoteur biplan. Il faisait appel à une construction en bois entoilé et contreplaqué. Sa propulsion était assurée par un moteur étoile Lawrence J-1 d’une puissance de 200 chevaux entraînant une hélice bipale en bois et métal. Il était armé d’une mitrailleuse mobile de calibre 7.62mm tirant en position arrière depuis un affût annulaire. En outre quatre petites bombes de 10 kilogrammes pouvaient être emportées sous voilure. Outre son flotteur principal sous fuselage l’UO-1 disposait de deux flotteurs additionnels sous le plan inférieur de voilure.
En 1924 Vought développa l’UO-2, une version non pas destinée à la marine américaine mais à son homologue péruvienne qui recherchait un avion non embarqué de reconnaissance côtière. Deux exemplaires furent commandés et utilisés de 1925 à 1940.
Douze autres exemplaires de l’UO-2 furent vendus à la force aérienne cubaine pour des missions de reconnaissance et d’observation. Ils y demeurèrent jusqu’en 1944, laissant la place finalement à des Aeronca L-3 et des Piper L-4 cédés au titre du prêt-bail.
En 1925 l’US Navy livra un Vought UO-1 terrestre à l’US Coast Guard pour divers essais. Il s’agissait pour les Coasties de défricher le domaine de vol des avions d’observations. Cet appareil ne demeura en service que quelques mois puis fut rétrocédé à la marine américaine. Toutefois l’aventure des gardes côtes américains avec le biplan Vought ne s’arrêta pas là.
Deux hydravions désarmés, mais dotés de puissants phares de recherche furent commandés en tant que Vought UO-4. Ils furent affectés sur les Grands Lacs dans le cadre des missions liées à la Prohibition afin de pourchasser les contrebandiers d’alcools. Les Vought UO-4 furent les premiers aéronefs spécialement conçus pour l’US Coast Guard. Jusque là cette arme se contentait d’utiliser des aéronefs lambdas.
L’USCG conserva ses UO-4 jusqu’en 1934, les remplaçant par des Grumman JF-2 Duck et des Vought O2U-2 Corsair.
En 1926 l’état-major revint à la charge concernant une version de chasse du Vought UO. Il passa commande pour une version monoplace dérivée de ce biplan de bonne facture. Désigné Vought UO-3, il devint rapidement FU-1. Celui ci présentait la particularité d’être remotorisé avec un Wright J-5 en étoile d’une puissance de 220 chevaux. Deux mitrailleuses de calibre 7.62 mm tirant vers l’avant composaient son armement. Vingt exemplaires furent commandés, douze en configuration d’hydravion et huit comme avions embarqués. Ces derniers servirent principalement entre 1927 et 1929 au sein du Squadron VF-2B et déployés dans le Pacifique.
Devant les résultats plus que mitigés de ces chasseurs les FU-1 furent tous transformés en FU-2 en 1929 et utilisés comme chasseurs et hydravions d’entraînement. Les FU-2 avaient la particularité d’être redevenus des biplaces.
Les hydravions FU-2 disposaient notamment d’une capote refermable permettant l’entraînement au vol sans visibilité. Ils furent finalement retirés du service en 1933 au profit de Consolidated NY-3 Huskie plus adaptés.
Fin 1929 quatre Vought UO-1 terrestres furent prélevés des unités d’active pour être renvoyés chez le constructeur afin de recevoir un trapèze d’accrochage spécial. En effet ils furent affecté durant quelques mois à bord du dirigeable USS Los-Angeles (ZR-3) en attente de la livraison programmée des chasseurs Curtiss F9C. Dans ce rôle les biplans Vought déçurent les militaires américains.
Finalement les derniers Vought UO-1 quittèrent le service actif en 1935, laissant peu à peu la place aux Vought O2U-1 Corsair. La majorité des machines fut envoyé à la ferraille.
Cependant un exemplaire fut conservé, et est actuellement préservé par l’US Naval Aviation Museum de Pensacola en Floride.
Généralement considéré comme le premier véritable appareil marin de Vought l’UO avait la réputation d’être une machine stable, même en configuration d’hydravion à flotteurs. Il est étonnant qu’un aussi bon appareil de reconnaissance et d’observation ai donné naissance à un si pitoyable chasseur. Comme quoi on ne développe jamais un aéronef au hasard…
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