Voilà ce qu’on pourrait considérer comme un cautère sur une jambe de bois. L’OTAN a décidé de faire moderniser le cockpit d’une majorité de ses AWACS mais sans toucher aux systèmes radars embarqués. C’est en effet le poste de pilotage analogique de l’avion qui va être transformé en profondeur pour le mettre au standards numériques actuels. Une procédure rendue nécessaire par le vieillissement constaté de celui-ci, notamment vis-à-vis des autres utilisateurs de l’avion.
Car si l’organisation atlantique dispose actuellement de dix-sept AWACS il faut remarquer que ceux ci sont au standard E-3A, c’est à dire nettement moins évolués que les E-3C de l’US Air Force et à fortiori que les E-3D britanniques et les E-3F français en cours de modernisation à mi-vie depuis quelques mois.
Si globalement l’avion tourne toujours autours du binôme AN/APY-1 et AN/APY2, il faut voir que les postes de travail, et donc l’ergonomie de la cabine de travail de l’avion est largement différente. Les AWACS de l’OTAN accusent grandement leur âge, et ce depuis plusieurs années. En outre à la différence des versions ultérieures, les E-3A sont incapables de traiter des cibles navales. Ce qui, disons-le clairement, dans les conflits larvés actuels, comme la récente annexion russe de la Crimée, laisse un arrière-goût de trop peu.
Et pourtant aucun de ces systèmes ne vont être rétrofités. Non c’est bel et bien uniquement au cockpit que les ingénieurs toucheront. Certes, ils vont permettre que désormais les Boeing E-3A soient pilotés par trois et non plus quatre membres d’équipage, mais on pourrait largement considérer que l’OTAN n’a pas été au bout de ce qu’elle aurait du faire en matière de modernisation. D’autant que toute la flotte n’est pas concernée. Treize avions seront mis en chantier, laissant aux quatre derniers un sort que l’on imagine funeste.
Ces « nouveaux » Boeing E-3A seront livrés à Geilenkirchen, la base allemande des AWACS de l’organisation, entre 2016 et 2018. Et ils devront y demeurer encore plus de trente ans. L’OTAN prévoit en effet de les conserver en service jusqu’en 2050 minimum.
Mais un détail a peut être échappé aux généraux et responsables politiques occidentaux : comment feront-ils à cette époque pour maintenir des avions aussi vieux, sachant que les stocks de pièces détachés issus du Boeing 707 seront pour la plupart des pièces de musée.
Alors il existe bien une alternative, et elle est prônée par certains des plus récents membres de l’organisation comme l’Estonie : acheter de nouveaux avions afin de remplacer les E-3A. Les Boeing 737 AEW&C et E-767 pourraient alors parfaitement faire l’affaire. D’autant qu’ils seraient nettement plus à même de rendre de fiers services aux alentours de 2030 ou 2040 que les quadriréacteurs qui accuseront alors à n’en pas douter leur âge. Et oui les cellules vieillissent. Alors comme le soulignait récemment un officiel civil espagnol, un nouveau contrat pourrait permettre à Airbus de se remettre dans la course aux avions de veille radar.
Quoi qu’il en soit on voit bien que l’OTAN demeure attachée à sa flotte d’avions radars mais qu’elle n’en a plus du tout les moyens. Ce chantier est évalué à un quart de milliard de dollars américains. Reste à savoir s’il va durablement impacter les ressources économiques de l’organisation.
Photo © Organisation du Traité de l’Atlantique Nord.
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