Du sud au nord, le Québec s’étend sur plus de 2 000 km, depuis la frontière avec les États-Unis jusqu’au cap Wolstenholme près du cercle arctique. À vol d’oiseau, plus de 1 000 km séparent la frontière avec l’Ontario, des Îles-de-la-Madeleine baignant dans le Golfe du Saint-Laurent. Quand on connaît l’immensité du territoire québécois, on ne s’étonne pas que le transport aérien y soit d’importance capitale pour nombre de communautés éloignées des grands centres urbains.
Cela présente un défi particulier pour le Gouvernement du Québec qui offre des services à l’ensemble de sa population comptant plus de 8 millions d’habitants, dont une partie est dispersée dans des communautés non directement reliées au réseau routier et où l’avion constitue parfois le seul mode de transport en hiver. Puisque seulement 9% des terres est de propriété privée, le gouvernement québécois est aussi responsable de la gestion de plus de 90% du territoire qui est du domaine de l’État, dont une bonne partie est couverte par la forêt boréale et la taïga où les feux sont fréquents durant la saison estivale.
Bien qu’il ait toujours fait appel à diverses entreprises aériennes privées, on ne s’étonne donc pas que le Gouvernement du Québec se soit également doté de ses propres aéronefs pour certaines missions particulières. Mis sur pied en 1960, le Service aérien du Gouvernement du Québec (SAGQ) constitue une étape importante dans l’organisation de ses moyens aériens qui relevaient auparavant de divers ministères.
À cette époque, le SAGQ regroupa la flotte des avions gouvernementaux qui comportait alors, deux DHC-2 Beaver, un bimoteur Beech 18, un hydravion Grumman G-73 Mallard ainsi qu’un Douglas DC-3, ce dernier étant notamment utilisé pour les déplacements du Premier ministre du Québec. Dès 1961, s’ajoutèrent un DHC-3 Otter, un hélicoptère Bell 47J Ranger et deux premiers avions citernes Canso (version canadienne du Catalina).
Peu à peu, le SAGQ va organiser ses opérations autour de quatre missions principales, soit: lutte aux feux de forêt, transport d’équipes gouvernementales, évacuations aéromédicales et soutien aux opérations de la Sûreté du Québec (la police nationale du Québec). Le SAGQ va également assurer l’entretien de sa flotte d’aéronefs.
Lutte aux feux de forêt
En termes de nombre d’avions, la lutte aux feux de forêt est la mission qui occupera rapidement la majeure partie du personnel du SAGQ. Aux deux avions citernes Canso acquis en 1961, cinq autres s’ajoutèrent en 1962. À la demande du SAGQ, l’entreprise Canadair développa également le premier véritable bombardier d’eau, le CL-215, dont les premiers exemplaires de la quinzaine commandée seront livrés à compter de 1968. Fort de l’expérience acquise avec ses Canso et ses Canadair CL-215, la réputation des équipages du SAGQ dépassa vite les frontières du Québec. Ainsi, dès 1968 deux appareils Canso du SAGQ firent un long voyage jusqu’au Chili pour combattre des feux de forêt. Suivront des missions en Argentine, au Mexique, en Turquie et dans divers États américains, dont l’Arkansas, la Caroline du Nord et surtout la Californie où depuis une quinzaine d’années des bombardiers d’eau du SAGQ retournent à chaque automne. Au Canada, une entente d’aide mutuelle lie également les gouvernements provinciaux, ce qui fait en sorte que les avions citernes du Québec ont combattu des feux jusqu’en Colombie-Britannique.
Aujourd’hui, la flotte de bombardiers d’eau du SAGQ compte quatorze appareils, soit huit Bombardier CL-415, deux Canadair CL-215 Turbo et quatre CL-215. Bien que les plus vieux des CL-215 comptent une quarantaine d’années de service, leur entretien méticuleux permet à ces vétérans de prêter main forte aux appareils plus modernes en cas de besoin.
Au Québec, la Société de protection des forêts contre le feu (SOPFEU) coordonne l’ensemble des moyens aériens et terrestres de prévention et de lutte aux feux de forêt. De son siège social à Québec, la SOPFEU déploie ses ressources, et les avions citernes du SAGQ, dans quatre bases principales situées à Baie-Comeau, Roberval, Maniwaki et Val-d’Or. L’automne venu, les bombardiers d’eau retournent à leur base d’attache, soit l’aéroport de Québec, où ils seront bichonnés, hiberneront ou seront déployés à l’étranger.
Transport
Dès 1962 le SAGQ mit en service son premier avion à réaction, soit un biréacteur Hawker Siddeley HS-125 pour les déplacements du Premier ministre du Québec. C’est toutefois avec l’arrivée de deux turbopropulseurs Fairchild F-27 (version américanisée du Fokker F27), au début des années 1970, que la mission de transport gouvernemental prendra davantage d’ampleur. Après une trentaine d’années de loyaux services, le HS-125 fera place au Bombardier Challenger en 1992 pour le transport des dignitaires. En 1999, les F-27 feront place à un turbopropulseur Bombardier Dash 8-200. Face au nombre croissant de transporteurs privés desservant les diverses régions éloignées, le SAGQ s’est pratiquement retiré du domaine du transport du personnel du Gouvernement du Québec depuis 1994, au profit du développement de services d’évacuation aéromédicale.
Évacuations aéromédicales
L’implication du SAGQ dans le domaine des évacuations sanitaires a commencée modestement en 1972 avec l’utilisation d’un Fairchild F-27. C’est toutefois avec l’aménagement en avion ambulance de son second Hawker Siddeley HS-125 en 1981 que cette mission spécialisée a véritablement pris son envol au SAGQ. Nommé Valentine-Lupien en l’honneur d’une infirmière ayant œuvrée dans les communautés isolées du nord québécois dans les années 1930, ce HS-125 sera en service jusqu’en 1988. Il fera place à un nouvel avion ambulance Bombardier Challenger qui sera rapidement surnommé l’Ange blanc par ceux à qui il porte secours. En juillet 2014, le SAGQ prenait livraison d’un nouveau avion ambulance Challenger.
Lorsque requis, l’appareil Challenger du Premier ministre, vient prêter main forte à l’Ange blanc. Quant au Dash 8, celui-ci est utilisé pour les évacuations moins urgentes, dans le cadre de vols sanitaires programmés.
Ainsi, le Programme national d’évacuations aéromédicales du Québec rend accessible à l’ensemble de la population des régions éloignées et isolées, des évacuations aéroportés vers les centres hospitaliers spécialisés et ultraspécialisés de la région de Québec et de Montréal. À chaque année, ce sont plus de 1 900 personnes qui bénéficient de ce service essentiel du SAGQ.
Sûreté du Québec
Depuis 1974, le SAGQ collabore avec la Sûreté du Québec (SQ) afin d’assurer la surveillance aérienne du territoire ainsi que mener des missions de recherche et sauvetage de personnes disparues. À cette époque, le SAGQ fit l’acquisition de son premier hélicoptère Bell 206LT.
Aujourd’hui, le SAGQ met trois hélicoptères à la disposition de la SQ soit un Bell 412EP ainsi que deux appareils de type Bell 206B et 206 LT. Ceux-ci sont principalement basés à l’aéroport de Québec et celui de Saint-Hubert au sud de Montréal.
Services d’entretien
En 1964, le SAGQ inaugurait ses installations d’entretien d’aéronefs situées à l’aéroport de Québec. Agrandis en 1980 et en 1985, les hangars sont complétés d’un terminal exécutif, du centre d’opérations ainsi que des bureaux administratifs du SAGQ. Ce complexe fut baptisé Roger-Demers en l’honneur du fondateur de l’Association des gens de l’air du Québec qui réclama, et obtint suite à une chaude lutte avec le gouvernement fédéral, que les pilotes et contrôleurs aériens puissent utiliser le français lors de leurs communications dans le ciel québécois.
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