En 1938, la marine américaine était consciente de son déficit en chasseurs embarqués modernes. Mis à part le Grumman F4F Wildcat alors en développement elle ne pouvait se reposer que sur des Brewster F2A Buffalo aux qualités largement discutables, et sur des biplans plus ou moins obsolètes. En effet l’aéronavale semblait bien être le parent pauvre de la chasse américaine. Afin de rattraper son retard qualitatif sur l’US Army Air Corps la marine décida de commander des versions « navalisées », c’est à dire rendues aptes aux opérations à la mer, d’avions de combat terrestre. Trois constructeurs répondirent à l’appel : Bell, Lockheed, et Seversky.
Le premier proposait son XFL, une version largement modifiée de son P-39 Airacobra, le deuxième amenait son XFO, un P-38 Lightning disposant d’ailes repliables, tandis que le troisième proposait un P-35 grossièrement transformé comme XFN. Seul le projet de Bell semblait remporter les suffrages des amiraux américains. Toutefois l’US Navy passa commande pour un prototype du XFL et du XFN.
Le Bell XFL se présentait comme un monoplace monoplan à aile basse cantilever disposant d’un train d’atterrissage tricycle classique, dont les roues avant s’escamotait totalement et la roulette arrière seulement en partie. Le train disposait également d’un crochet d’appontage placé devant la dite roulette. Sur ce point le XFL se démarquait déjà de l’Airacobra. L’empennage lui aussi fut modifié, et affiné. Le cockpit lui par contre était assez similaire avec l’avion terrestre. L’armement aussi subit une cure de transformation, le canon nasal de 37mm laissant la place à une mitrailleuse de 12.7mm tandis que deux armes similaires d’un calibre de 7.62mm étaient installées dans le fuselage. Le XFL n’emportait pas de bombe. Le prototype de ce chasseur réalisa son premier vol le 13 mai 1940.
A cette époque le Bell XFL, entre temps baptisé Airabonita, présentait de bonnes qualités de vol, était agréable à piloter, et son armement semblait plaire aux marins. Toutefois ceux ci déchantèrent rapidement. En effet début 1941 l’US Navy commença les premiers tests d’appontage à partir du porte-avions USS Ranger au large de la baie de Chesapeak, non loin de Washington-DC. Là ce fut tout autre chose. En effet le chasseur embarqué de Bell s’avéra incapable de se poser correctement, et même par temps clair. Pourtant les opérations de décollage du pont d’envol s’avérèrent plus réussies. Mais ces avions semblaient condamner à ne jamais pouvoir rentrer sur leurs navires. De ce fait l’US Navy décida début 1942, alors qu’elle avait un besoin grandissant en chasseurs, de stopper le développement du XFL. Le prototype fut renvoyé à Patuxtent River, où il servit encore deux ans comme chasseur terrestre pour la défense de ce centre d’essais contre d’éventuels incursions d’une Luftwaffe distante de 5000 bons kilomètres.
Finalement le Bell XFL Airabonita fut ferraillé en 1944 et remplacé par des F2L, des P-39Q terrestres transférés à l’US Navy. Quelques uns de ces derniers étant même transformés en 1946 en cibles volantes F2L-1K. Le XFL fut la seule tentative de Bell de concevoir un chasseur embarqué. Pour la petite histoire l’échec de l’avionneur américain ne semble pas avoir tant marqué les esprits puisqu’une trentaine d’années plus tard le consortium franco-britannique SEPECAT retenta de navaliser son chasseur terrestre Jaguar A afin de le rendre apte à servir sur le Clemenceau et le Foch. Mais là encore ce fut un ratage complet.
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