Dès la Première Guerre mondiale la France s’est intéressée à l’hydraviation. Ce concept, né des travaux de l’ingénieur Henri Fabre, fut rapidement adapté pour des missions militaires aussi différentes que l’observation, le torpillage, la recherche et le sauvetage en mer, et bien entendu la surveillance des espaces océaniques, autrement dit la patrouille maritime. La France a su construire, au fil des ans, une vaste flotte d’hydravions militaires aussi bien d’origine nationale, que provenant des États-Unis et du Royaume Uni. Toutefois la modernisation des avions terrestres eut pour effet la disparition progressive des hydravions. Et la dernière de ces machines conçues en France fut un bimoteur de grande taille construit à une petite vingtaine d’exemplaires pour le compte de la Marine Nationale : le Nord N.1400 Noroit.
En 1946, le Ministère de l’Air fit savoir qu’il recherchait un nouvel hydravion à coque bimoteur susceptible de remplacer au plus vite les vieux Dornier Do-18, mais également les Grumman Goose, alors utilisés pour des missions de patrouille côtière, de reconnaissance anti-mines, et de sauvetage en mer. Ces deux types d’hydravions étaient issus de la Seconde Guerre mondiale et avaient pour la plus part un nombre important d’heures de vols. Ce qui expliquait l’urgence dans la conception de cette nouvelle machine.
Paris pris alors la décision de charger directement un constructeur nationalisé : la SNCAN, autrement dit la Société Nationale de Construction Aéronautique du Nord. Plus connu sous le nom de Nord.
Nord décida de motoriser son avion avec deux Gnome & Rhône 14R en étoile d’une puissance unitaire de 1 600 chevaux. En outre l’avionneur utilisa des canons de 20mm de calibre pour servir sur les tourelles de défense. Ces armes provenaient en fait d’un ancien stock de la Wermacht et furent récupérées par la SNCAN. Les ingénieurs de la SNCAN recrutèrent d’anciens personnels de l’avionneur Loire, spécialiste des hydravions à coque d’avant-guerre. L’appareil reçu la désignation de N.1400.
Il se présentait sous la forme d’un hydravion à coque bimoteur à aile haute cantilever disposant de deux flotteurs annexes de voilure. L’appareil possédait en outre un triple empennage de grande taille. Son armement défensif se composait de six canons de 20mm installés deux par deux en position avant, dorsale, et arrière. En outre le N.1400 fut étudié de manière à emporter une charge de bombes de 1 000kg. Il disposait d’un équipage de sept personnes. Le premier vol du prototype eut lieu en mars 1949.
Les essais en vol de l’hydravion montrèrent quelques défauts en matière de motorisation, mais aussi de champs de vision de l’équipage. On remédia donc au problème en changeant les moteurs en étoile Gnome & Rhône par des moteurs en V inversé Junkers Jumo 213 construits sous licence par la SNECMA. Nord installa également de nouvelles vitres et des hublots supplémentaires. La nouvelle version fut désignée N.1401. L’appareil reçu le nom de baptême de Noroît. Il fut commandé à 21 exemplaires de série qui entrèrent en service en 1952 au sein de la Flottille 5F de l’Aéronautique Navale.
Les premiers Noroît furent tout d’abord employés pour des missions de reconnaissance maritime le long des côtes métropolitaines françaises, et la recherche des mines sur le littorale. En effet à cette époque les plages et eaux territoriales françaises étaient infestées de mines antinavire et anti-sous-marines d’origine allemandes ou alliées. Ils repéraient à basse altitude ces armes et les cartographiaient pour le compte des unités d’artificiers de la Marine Nationale. Parfois les équipages des Noroît détruisaient les mines à l’aide de leurs puissants canons de 20mm, mais cette technique ne fut pas probante.
A partir de 1957, les Noroît commencèrent à patrouiller en Méditerranée dans le cadre de la Guerre d’Algérie. Ils recherchaient des navires susceptibles d’armer la résistance du FLN contre les armées françaises.
Les Nord N.1401 demeurèrent en service jusqu’en 1966 et furent remplacés par des Lockheed P2V Neptune, des appareils terrestres. Ces hydravions furent les derniers appareils de ce type construits en France, et seule l’Aéronautique Navale utilisa ce type de machines. Si on compte les prototypes, le Noroît fut assemblé à hauteur de 25 exemplaires.
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