Lorsqu’au début des années 1990 le groupe Eurocopter fit son apparition sur le marché des voilures tournantes il n’apportait aucune machine nouvelle, uniquement des appareils déjà en développement chez ses deux ascendants qu’étaient l’Allemand MBB et le Français Aérospatiale. Il fallut attendre quelques années pour voir apparaitre une nouvelle famille d’hélicoptère clairement estampillée « Eurocopter ». Il s’agissait généralement de biturbines, toutefois un appareil se singularisa rapidement, le petit monoturbine EC-120 Colibri.
En 1989, Aérospatiale se lança dans l’étude d’un hélicoptère léger de nouvelle génération susceptible de remplir aussi bien des missions à caractères civiles, paramilitaires, ou même militaires. Le vœu de l’hélicoptériste était de fournir son appareil à ses clients habituels, et notamment en remplacement des Alouette II, des appareils vieillissants. Toutefois les profondes mutations qui suivirent l’effondrement du bloc communiste au tout début des années 90 ralentirent considérablement ce projet.
Celui-ci fut repris par Eurocopter en 1992 sous la désignation de P120. L’appareil avait alors énormément changé dans sa définition. Il ne s’agissait plus simplement d’un appareil commercial avec une capacité secondaire pour les missions de défense et de service publique mais bel et bien d’un appareil définit dès le début pour ces trois missions générales. Cette philosophie de construction allait devenir la marque de fabrique d’Eurocopter.
Le P120 se présentait sous la forme d’un hélicoptère monoturbine quadriplace disposant d’un train d’atterrissage à patins. Faisant appel à une construction mixte en métal et matériaux composite, cette machine était alors très moderne. Ses patins d’atterrissages étaient alors en grande partie usinés en téflon, kevlar, et acier. Le rotor principal tripale a lui été construit en matériaux composites et acier. Son rotor de queue était du type Fenestron, à l’instar d’autres appareils d’Aérospatiale comme le SA-342 Gazelle. Mais surtout le fuselage de l’appareil faisait appel à un métal peu utilisé à cette époque en aéronautique : l’aluminium et le tungstène. Le nez de l’hélicoptère, largement vitré, donne un large champ de vision au pilote et à son équipage. Le P120 fut le premier hélicoptère conçu dès le départ pour emporter un GPS et un cockpit numérique, tant en version civile que militaire. Il a effectué son premier vol le 9 juin 1995.
Quelques jours plus tard l’appareil fut présenté au publique sous la désignation d’EC-120 Colibri lors du traditionnel Salon Aéronautique du Bourget. A cette occasion Eurocopter et l’avionneur chinois Harbin révèlent qu’un programme de construction sous licence et de commercialisation a été signé. Désigné HC-120 l’appareil chinois est exactement identique à ceux assemblés alors à Toulouse. Mais surtout l’intérêt de cet accord résidait dans le transfert de technologie entre la Chine d’un côté et l’Allemagne et la France de l’autre. Le HC-120 est donc souvent considéré comme le premier véritable hélicoptère moderne construit en Chine Populaire.
Si le Colibri ne suscita pas immédiatement l’intérêt de la part des militaires, il en est tout autrement des services de police du monde entier, et notamment de ceux aux États-Unis. L’une des premières commande vint de la Bundespolizei, la police fédérale allemande, qui acheta en février 1999 six exemplaires sous la désignation d’EC-120B. Ces appareils sont entrés en service six mois plus tard en remplacement des … Alouette II, l’hélicoptère qu’il devait justement remplacer dans l’esprit des ingénieurs d’Eurocopter. Parmi les autres pays ayant acquis des EC-120 pour leurs services de police, figurent le Canada (notamment le service de l’air de la gendarmerie canadienne), l’Espagne, l’Inde, l’Indonésie, la Lituanie, le Mexique, la Slovénie, et la Turquie.
Mais le pays qui utilise le plus grand nombre de Colibri pour des missions de police demeure les États-Unis. Outre la quinzaine d’appareils de ce type volant au sein des « Police Department » et des bureaux de shérif de villes aussi différentes qu’Albuquerque au Nouveau Mexique, Austin au Texas, Newport Beach en Californie, ou encore Miami en Floride.
Pourtant ces services ne demeurent que des petits clients, par rapport au gouvernement américain. Celui-ci est en effet le plus gros client de l’EC-120 avec 60 appareils acquis en deux commandes (une première de 55 exemplaires puis une seconde de cinq) pour les besoins des douanes américaines, l’US Customs & Border Protection. L’USCBP utilise ses monoturbines Eurocopter pour des missions de surveillance diurne et nocturne, de liaison, mais aussi de contrôle et de lutte antidrogue et antiterroriste aux côtés des appareils de la police et de l’US Coast Guard.
A partir de 2002, les premières commandes militaires arrivèrent au siège d’Eurocopter. Le premier client fut l’Indonésie qui acheta une vingtaine d’hélicoptères de ce type pour le compte de sa force aérienne et de son aéronavale, principalement pour des missions d’entrainement et de liaisons. Par la suite l’Ejercito del Aires, l’aviation militaire espagnole, acheta quinze exemplaires de l’EC-120 pour des missions là aussi d’entrainement en remplacement des vieux Hughes TH-55 acquis dans les années 60 aux USA. Parmi les utilisateurs militaires figurent aussi la Republic of Singapore Air Force qui dispose de quatre Colibri au sein de son Squadron 124, là encore pour des missions d’entrainement et de formation initiale.
En janvier 2008 les responsables de l’Aviation Légère de l’Armée de Terre ont annoncé avoir acquis 36 Colibri NHE (NHE pour Nouvel Hélicoptère d’Entraînement) en remplacement des SA-341 Gazelle pour des missions d’entrainement. Toutefois ces appareils n’appartiendront pas réellement à l’ALAT, ils seront exploités par une société privée. C’est ce qu’on appelle une délégation de service. Les EC-120 français ont été acquis pour former aussi bien les futurs pilotes de l’ALAT, que ceux de l’Armée de l’Air, de l’Aéronautique Navale, ou de la Gendarmerie Nationale. Les EC-120 Colibri NHE sont baptisé Calliope par les militaires français.
Quelques mois plus tard, en juin, c’est l’aviation maltaise qui a, à son tour, commandé trois EC-120 en remplacement de ses vieux Bell 47 pour des missions d’entrainement et de patrouille de surveillance.
En 2014, le plus petit utilisateur était le Gabon avec seulement un exemplaire du Colibri. Celui ci, revêtu d’une livrée camouflée, est utilisé aussi bien pour des missions de reconnaissance et d’observation, que pour la liaison ou le transport de personnalité.
Quant à elle l’aviation militaire chinoise a commandé 156 exemplaires du HC-120 pour des missions d’entraînement et de liaisons rapides. Ces hélicoptères disposent d’une avionique identique aux hélicoptères produits en Europe. Il faut signaler que de son côté la police de Pékin a acquis quatre EC-120 directement auprès d’Eurocopter.
L’Eurocopter EC-120 Colibri est actuellement non seulement un franc succès sur le marché civil, mais également de plus en plus au sein des forces armées. Il apparaît de plus en plus comme une machine d’entrainement et de formation idéale pour les militaires, notamment en raison de sa fiabilité, de son faible coût d’emploi, et de sa solidité. Actuellement l’EC-120 est le plus petit hélicoptère en production au sein d’Airbus Helicopter, la nouvelle raison sociale d’Eurocopter depuis le 1er janvier 2014.
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