Constructeur mineur dans l’histoire aéronautique et militaire l’industriel italien, Breda ne produisit que quelques machines réellement réussies, pour une majorité de ratages assez complets. Ce qui est d’ailleurs assez cocasse c’est qu’on le connait plus pour ces derniers. Parmi ceux-ci figure un projet de bombardier en piqué destiné à la Regia Aeronautica, et qui est à l’origine d’une des plus belles méprises des services de renseignement militaires alliés : le Breda Ba.201
Début 1939, l’état major italien fit savoir qu’il recherchait un nouveau bombardier en piqué afin de remplacer les modèles qu’elle utilisait, péniblement, depuis quelques années. L’Italie fasciste avait pris un retard certain dans le domaine, notamment vis à vis de son allié allemand. La Regia Aeronautica chargea alors deux constructeurs, Breda et Piaggio de concevoir un tel avion. L’urgence était là, les Italiens s’en étaient bien rendus compte en Espagne.
Les deux avionneurs travaillèrent sur deux avant-projets radicalement différents l’un de l’autre. Breda proposait son Ba.201 monomoteur tandis que Piaggio avançait son P.122 bimoteur. Malgré l’intérêt que le pouvoir politique avait pour les avions du type de ce dernier c’est celui de Breda qui eut les honneurs d’une commande de prototype. Il ne restait plus à l’avionneur qu’à trouver un moteur adéquat. Après avoir envisagé un Hispano-Suiza 12Y similaire à celui équipant le chasseur français Morane-Saulnier MS 406, il se ravisa et se tourna vers le Daimler-Benz DB-601, le fameux propulseur du chasseur allemand Messerschmitt Bf 109. Toutes ces tergiversations en disaient long sur l’état réel des motoristes italiens à cette époque. Mais surtout ça ne manqua pas d’attirer l’attention des services de renseignement britanniques et français.
Cependant le développement long de cet avion fit qu’entre temps la Seconde Guerre mondiale avait été déclenchée. Toutefois la relative neutralité affichée par l’Italie dans les premiers mois de la guerre mettait ses industriels à l’abri des espions alliés. Ils avaient d’autres chats à fouetter. Pourtant le Breda Ba.201 n’était pas sous-estimé à Londres et à Paris. Finalement le premier prototype fut assemblé au début de l’année 1941. A cette époque la France était tombée, et l’Italie fasciste se battait principalement dans les Balkans et en Afrique du nord avec son allié nazi.
Extérieurement le Breda Ba.201 se présentait sous la forme d’un monomoteur monoplan à aile basse. Celle ci avait l’architecture classique des bombardiers en piqué de l’époque avec son profil dit en « aile de mouette inversé ». Il possédait un train d’atterrissage classique rétractable. Sa propulsion était assurée par un moteur à douze cylindres en V Daimler-Benz DB-601A d’une puissance de 1 175 chevaux entraînant une hélice tripale en métal. Ce qui surprenait le plus sur cet avion provenait de son cockpit monoplace blindé. L’armement de l’avion consistait en deux mitrailleuses Breda-SAFAT d’un calibre de 12.7mm tirant vers l’avant et en une bombe de 500 kg fixée sous le fuselage.
C’est dans cette configuration que le Breda Ba.201 réalisa son premier vol le 3 juillet 1941. Dès le départ les résultats des essais se révélèrent décevants. Malgré cela un second prototype fut commandé. La Regia Aeronautica avait un besoin urgent en bombardiers en piqué. Sur ce second prototype on envisagea un cockpit biplace avec un observateur-bombardier en place arrière, pouvant servir une mitrailleuse mobile tirant vers l’arrière. Néanmoins celui ci n’eut jamais le temps de voir le jour complètement, les ateliers de Breda à Naples furent soufflés en septembre 1941 par un raid de bombardiers britanniques.
Hormis le premier prototype tout fut détruit, y compris les plans de l’avion. Breda perdit lourd dans ce bombardement. La Regia Aeronautica n’eut pas d’autres choix que d’abandonner le programme et se tourna vers Junkers et son Ju-87D qu’elle commanda en grande série. De là vint la méprise.
Les Alliés qui croyaient durs comme fer que le Ba.201 était en production eurent la surprise de voir deux escadrilles entières de ces avions lors d’une mission d’espionnage. Malgré la réticensse de certains ils estimèrent que cet avion était bien le bombardier en piqué de Breda. Il s’agissait en fait de Stuka aux couleurs italiennes. Les nombreuses ressemblances entre les deux avions, en commençant par la forme de l’aile et le moteur, firent longtemps croire aux Américains et aux Britanniques que le Ba.201 était un Ju-87 fortement modifié, et construit sous licence italienne par Breda.
Ce qui est plus surprenant c’est que longtemps après que la supercherie soit découverte le mythe du Breda Ba.201 subsista. Dans les années 1970, plusieurs constructeurs de maquettes confondaient encore les deux avions. Une chose est sûre de nos jours, si le Breda Ba.201 fut bien un avion original, avec de gros défauts, notamment en matière de plafond pratique, de vitesse de croisière, de champ de vision du pilote, ou encore d’armement, son prototype a totalement disparu. Il semblerait qu’il ai été envoyé à la ferraille juste après la guerre.
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