Les avions de chasse de la Régia Aeronautica étaient fréquemment considérés comme largement inférieurs à ceux utilisés par la Luftwaffe. La multiplication de modèles ne permis que rarement de fournir des avions de qualité. L’un des exemples fut un petit chasseur construit en série très limitée et à la gestation particulièrement longue et difficile : le Caproni F.5.
C’est en 1937 que l’Italie fasciste commença à s’intéresser au concept de chasseur léger rapide. Pour cela l’état-major de la Régia Aeronautica fit appel au bureau d’étude Vizzola, filiale de la société Caproni installée dans la banlieue de Varèse (NDLR : c’est pour cette raison que l’appellation de l’avion est souvent Caproni-Vissola F.5). L’idée de l’avionneur était de réaliser deux appareils en même temps, le F.4 et le F.5. Le second étant réalisé à partir du premier mais avec une aile nouvelle et un moteur changé. En outre le F.5 était directement prévu pour servir de chasseur tandis que le F4 n’était un prototype. D’ailleurs, il fut rapidement abandonné au profit du F.5. Le seul et unique prototype du F4 servit jusqu’en 1942 au 303°Squadriglia pour la défense même de l’usine du constructeur.
A la différence du F.4 disposant d’un moteur en ligne, le F.5 était mû par un Fiat A74R en étoile d’une puissance de 870 chevaux. Il disposait d’un fuselage mixte en bois entoilé et métal. Disposant d’un train d’atterrissage classique, l’avion possédait en outre un empennage arrondi. Le cockpit disposait d’un champ visuel très limité vers l’arrière mais assez interressant sur l’avant. Le chasseur monoplan italien embarquait deux mitrailleuses SAFAT de 12.7mm dans le nez. Le prototype effectua son premier vol le 19 février 1939.
Les essais menés par le Ministero dell’Aeronautica démontrèrent les qualités de l’appareil vis à vis des autres appareils de ce type en service ailleurs en Europe. L’appareil fut en outre présenté à quatre pays qui souhaitaient l’acquérir : la Chine, la Hongrie, le Paraguay, et la Suède. Toutefois aucun contrat ne fut signé en partie en raison d’une trop forte concurrence, notamment en provenance des États-Unis. Les pilotes d’essais italiens signalèrent que le F.5 était sous-armé mais assez agréable à piloter. De ce fait Rome passa commande pour un premier lot de seulement douze avions de série.
Ils furent versés au 302°Squadriglia, une unité chargée de la défense aérienne de l’Italie dans la région du Golfe d’Otrante. Ces chasseurs n’eurent en réalité que peu d’occasion de se frotter aux appareils alliés, mis à part les appareils de patrouille maritime britanniques œuvrant à partir de Malte. En janvier 1942, la Régia Aeronautica décida de remplacer ces appareils par des Reggiane Re-2001 et affecta ses F.5 à des missions de chasse de nuit, toujours dans le sud de la botte italienne. Les Caproni F.5 étaient des chasseurs de nuit sans radar ni phare, leur pilotage devait être loin de la pure partie de plaisir. Les F.5 restèrent en service jusque fin 1942.
Nonobstant la carrière du petit chasseur italien ne s’arrêta pas là. En effet, Caproni décida d’en développer deux sous-versions profondément modifiées. La première était le F.6M (pour Metallico) un appareil entièrement construit en métal et mû par un Daimler Benz DB-605A identique à celui du Messerschmitt Bf-109G. Malgré des qualités intéressantes, l’avion ne fut pas produit en série, notamment parce que l’Allemagne refusait de fournir ce moteur en grande série, préférant privilégier sa propre industrie. La seconde sous-version était nommée F.6Z et disposait d’un Isotta-Fraschini RC25/50 de 24 cylindres. Cette fois-ci c’est l’Armistice italien qui mit fin aux espoirs de l’avionneur.
Finalement, ce chasseur assez moyen ne fut fabriqué qu’à douze exemplaires de série ainsi que trois prototypes. Les F.5 n’ont suscité d’engouement ni auprès de leurs pilotes ni auprès des équipes techniques qui reprochaient aux avions un entoilage trop fragile. Pourtant, il emportait le même moteur qu’un des chasseurs italiens les plus réussis de cette époque, le Fiat G50. La preuve qu’un bon moteur ne fait pas tout.
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