Cinq formations militaires disposant de moyens aériens, voilà ce dont disposent les États-Unis pour se défendre et projeter leurs forces à l’étranger. C’est sans aucune commune mesure dans le monde, même les Russes ou les Chinois n’ont pas de moyens équivalents. Et pourtant l’Amérique possède un échelon de défense supplémentaire, disposant de ses propres moyens aériens : la Civil Air Patrol.
Née très peu de temps avant l’entrée des États-Unis dans la Seconde Guerre mondiale, le 1er décembre 1941, celle-ci avait initialement pour vocation les missions de recherche et de sauvetage à proximité immédiate des côtes mais aussi au-dessus des zones désertiques et montagneuses. Il lui était aussi chargé de :
- l’entraînement et maintien en condition des pilotes réservistes,
- la surveillance des eaux territoriales et des zones de pèche,
- la surveillance des frontières terrestres,
- l’appui aux services de polices locaux et fédéraux,
- dans le cadre de la guerre, le convoyage d’une partie des aéronefs construits sur le territoire américain
- ainsi que le remorquage des cibles volantes.
Entre 1941 et 1945, les aviateurs de la Civil Air Patrol, aussi appelée la CAP, réalisèrent 86 685 missions, représentant au total un peu plus de 244 600 heures de vol. Parmi celles-ci 30 000 concernaient la surveillance de la frontière américano-mexicaine, alors considérée comme poreuse, et donc prioritaire à surveiller. L’Amérique vivait alors dans la hantise des espions nazis. Plus surprenant encore les pilotes de la CAP se sont adjugés le repérage de 173 sous-marins ennemis, majoritairement des U-Boots allemands dans le Golfe du Mexique et le long des côtes de Nouvelle-Angleterre. Durant le conflit 90 avions appartenant aux Civil Air Patrols furent perdus en missions, représentant les décès de 64 personnels, pilotes et observateurs confondus. Tous furent considérés comme des morts au combat même s’ils ne quittèrent jamais le territoire métropolitain américain.
Durant la guerre, les CAP utilisèrent une flotte variée d’avions plus ou moins légers, allant du léger mais indestructible Piper Cub à l’élégant biplan Beechcraft Staggerwing. Des biplans Stinson et Waco, mais aussi certains des premiers Cessna, ou encore quelques bimoteurs Lockheed Electra faisaient aussi partis de leur « arsenal ». Aucun avion d’arme ne vola cependant sous la cocarde de la Civil Air Patrol. Il n’en fallut pas plus pour qu’en juillet 1946, la Civil Air Patrol soit reconnue par le Congrès américain comme une association bénévole à but non lucratif reconnue d’utilité publique. Deux ans plus tard, le même Congrès lui reconnut le statut d’auxiliaire civil de l’US Air Force en temps de paix, en temps de guerre de l’ensemble des forces armées américaines.
Au cours de la guerre froide, les pilotes de la Civil Air Patrol virent leurs missions évoluer, mais tout en conservant leur « cœur de métier », la surveillance des frontières et des zones de pèche et le sauvetage en zone terrestre. Les missions maritimes furent peu à peu reprises par l’US Coast Guard. Désormais ils devaient aussi réaliser des vols sanitaires à travers les USA, et notamment au-dessus des gigantesques forêts d’Alaska. Bien entendu les hélicoptères firent leur apparition dans la flotte des Civil Air Patrol. Cependant ils y restèrent peu. En effet, la complexité de pilotage de ces machines fit que les aviateurs de la CAP leur préférèrent rapidement leurs avions monomoteurs. A cette époque, le planeur fit son apparition dans les rangs de la CAP. il devint rapidement l’outil de découverte de l’aviation et d’instruction pour les cadets dont beaucoup deviendront ensuite pilotes d’aéronefs dans l’US Air Force, l’US Navy, ou toute autre composante militaire américaine.
Aujourd’hui la Civil Air Patrol c’est environ 550 avions et planeurs lui appartenant en propres, un peu plus de 60 000 membres, dont 25 000 cadets en formations, et plus de 12 000 stations relais radio. Sans compter également les avions privés, appartenant à des membres de la CAP et mis gracieusement à disposition par leurs propriétaire. Début 2013, on estimait ces avions autours de 4200 machines.
Le gros des avions volants sous les couleurs de la Civil Air Patrol est composé de monomoteurs Cessna 172, 182, et 206. Par ailleurs quelques avions de brousse canadiens Beaver sont également employés, ainsi que des Maule MT-7. Il faut aussi souligner l’existence d’un avion qui s’il ne fut pas conçu pour la CAP a parfaitement su s’y rendre indispensable, l’avion de brousse australien Gippsland GA8. Dix-huit machines de ce type volent pour des missions de surveillance, de recherche et de sauvetage. Seize d’entre eux sont dotés du système de repérage Archer.
Plus de soixante-dix ans après sa création la Civil Air Patrol est plus que jamais nécessaire aux Américains. Avec le temps de nouvelles missions se sont ouvertes à elle :
- la participation à la guerre contre les narcotrafiquants,
- la surveillance des aéroports internationaux et des ports de commerce,
- la participation à la lutte antiterroriste,
- ou encore l’appui lors de catastrophes naturelles touchant le territoire américain.
Le but de ce focus était de vous faire découvrir cette force si particulière, à mi-chemin entre l’aviation civile et l’aéronautique militaire. une institution bien américaine, bien ancrée aussi désormais dans les habitudes aéronautiques de ce pays.
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