L’ingénieur Charles Kaman s’intéressa très fortement à la technologie des rotors engrenés mis au point par l’allemand Flettner durant la Seconde Guerre mondiale. Les travaux de Kaman le conduisirent peu à peu à devenir le spécialiste américain de ce type d’appareils. Et c’est ainsi que fut mis au point l’un des rares appareils utilisant ce principe de manière opérationnelle : le HH-43 Huskie.
En 1951, le Pentagone émis une demande pour disposer d’un hélicoptère de liaison, de transport, et de sauvetage en mer. Le nouvel appareil devait être à même d’opérer à la fois depuis un tarmac mais également depuis la plate-forme d’un navire. Quatre hélicoptéristes se mirent sur les rangs pour ce marché : Bell, Kaman, Sikorsky, et Vertol. Rapidement ce fut le deuxième qui fut chargé de produire un prototype. En effet, les responsables du DoD (Department of Defence, ministère américain de la défense) estimèrent que les rotors engrenés pouvaient représenter une technologie d’avenir, notamment pour des raisons de sécurité des vols.
Le 26 mars 1954, Kaman procéda au premier vol d’un appareil d’observation quadriplace pour l’US Navy baptisé HOK-1 Huskie. L’appareil disposait d’un système de rotors engrenés. L’appareil se caractérisait par un moteur à pistons alors que la plus part des hélicoptères de l’époque étaient déjà passés à la turbine. Les HOK-1 furent affectés à des missions d’observation depuis les bases navales de la côte Est des Etats-Unis mais aussi à partir de certains navires de l’US Navy.
Selon la redésignation de 1962, les HOK-1 furent renommés OH-43C. En juillet 1955, l’US Air Force passa une commande pour une version de sauvetage et de lutte anti-incendie du HOK-1. Désignés HH-43A ces appareils n’entrèrent jamais en service sous cette spécificité. En effet en février 1956 Kaman proposa une version « boostée » du HH-43A dont le moteur à piston avait cédé la place à une turbine Lycoming. L’appareil reçu la nouvelle désignation de HH-43B et fut versé au TAC (Tactical Air Command) pour un total de 193 hélicoptères.
Le Kaman HH-43B se présentait comme un hélicoptère monoturbine biplace de sauvetage. L’appareil avait une configuration générale très particulière : train d’atterrissage fixe à quatre roues indépendantes, rotors engrenés, ainsi qu’une longue tuyère d’échappement. Les deux autres particularités résidaient dans la queue bipoutre, à l’instar du chasseur britannique De Havilland Vampire, et dans les quatre dérives de profondeur de grandes dimensions. L’avant de l’appareil, largement vitré, renfermait le poste de pilotage et la cabine de sauvetage. Une large verrière se trouvait également à l’arrière. Les HH-43B disposaient d’un réservoir de produits retardant d’une contenance de 309 litres.
Le TAC affecta ses Huskie à l’Air Rescue Service. Ils furent basés principalement aux États-Unis, en Europe et en Afrique du Nord. Trois HH-43B furent notamment sis à Whellus-AFB, la base de l’US Air Force en Libye. D’autres furent toutefois détachés pour des missions au côté d’appareils civils sur des aéroports américains. Une dizaine de HH-43B furent modifiés afin de recevoir des skis amovibles et de pouvoir ainsi opérer depuis des bases en Alaska.
En juillet 1962, un lot de 16 HH-43B fut transformé en machines de liaison et de transport de troupe non-armée. Désignés UH-43D, ces appareils avaient été allégés. Le treuil, le réservoir anti-incendie, mais aussi certains équipement de secours avaient été déposés. Les UH-43D furent affectés à divers installations secondaires, mais ne semblèrent pas donné une entière satisfaction, d’autant que l’US Air Force recevaient alors ses premiers Bell UH-1B. Une version UH-43E fut envisagé, mais jamais construite.
Tirant les enseignements de la Guerre de Corée, l’US Air Force commanda en septembre 1962 une version plus puissante et disposant de moteurs et équipements à même d’opérer en environnement tropical. Désignés HH-43F, un total de 40 appareils furent commandés. Il s’agissait en fait d’une version hybride du HH-43B et du UH-43D doté de cette nouvelle version de la turbine T53. Les ingénieurs avaient retiré tout le matériel de lutte contre l’incendie, ainsi que la verrière arrière, remplacée par une trappe amovible et un filet de toile. Ces machines servirent durant les opérations au Vietnam.
Lors de ce conflit, les Huskie réalisèrent des missions de sauvetage, mais aussi de transport sanitaire, et de liaison. Disposant d’une livrée camouflée typique, les hélicoptères opéraient principalement au-dessus des zones marécageuses et en lisière du fleuve Mékong. La plupart des HH-43F servirent en Asie du Sud-Est jusqu’en 1972 avant d’être remplacés par des Chinook et Huey. Une demi-douzaine au moins de HH-43F fut perdue lors de ses opérations de guerre.
En dehors de l’US Navy et de l’US Air Force, le Huskie a connu une carrière singulièrement calme à l’exportation. Si on excepte les 40 exemplaires acquis par l’Iran du temps du Shah, moins d’une trentaine d’autres furent vendus à un total de six pays. L’Iran a remplacés ses Huskie par des Alouette III juste avant la chute du régime impérial. De nos jours plus aucun Huskie n’est utilisé de manière opérationnelle, les derniers ayant été retirés du service en 2008 au Myanmar.
Si les qualités de la machine restent limitées pour les missions de liaison et de transport, elles sont incontestables pour le sauvetage, où la stabilité apportée par les rotors engrenés faisait merveille. Plus d’un demi-siècle après son premier vol, le Huskie demeure le seul hélicoptère occidental disposant de ce type de rotors à avoir connu le feu.
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