En 1929, plusieurs rapports officieux arrivèrent à l’avionneur Avro concernant la volonté des généraux de la RAF de trouver dans les plus brefs délais un remplaçant à leur principal avion d’entrainement du moment : l’Avro 504. Cet avion conçu durant la Première Guerre mondiale était en voie d’obsolescence vis-à-vis des avions volant aux Etats-Unis, en France, et même en Italie. Ce qui n’était encore qu’une rumeur devint officiel en janvier 1930, quand l’Air Ministry émit sa Specification 3/30 concernant un appareil d’entrainement élémentaire d’un nouveau genre. Plusieurs constructeurs proposèrent des avants-projets : Bristol, Fairey, et Westland. Toutefois, ces trois là ne suspectaient pas que leur principal concurrent soit Avro. Ce dernier travaillait déjà sur un prototype désigné Model-621 et dont le premier exemplaire avait été livré en décembre 1929 par camion auprès de l’Aircraft & Armament Experimental Establishment (A&AEE) pour des tests de cellule et pour ses vols d’essais. Rapidement l’A&AEE rendit un rapport totalement en faveur du nouvel avion Avro. La RAF décida de sélectionner ce dernier, qui effectua son premier vol le 28 juin 1930.
Le Model-621 se présentait sous la forme d’un biplan biplace monomoteur. Il disposait d’un train d’atterrissage fixe à deux roues principales et d’une roulette de queue orientable placée sous un empennage classique arrondie. L’appareil faisait appel à une structure en tube d’acier recouvert de toile, technique novatrice qui était l’oeuvre d’un jeune ingénieur membre de l’équipe Avro : Barnes Wallis, celui-là même qui devait ultérieurement concevoir avec la même technique les bombardiers Vickers Wellesley et Wellington. Le Model-621 n’était pas armé. Son moteur, un Armstrong-Siddeley Lynx en étoile de 220 chevaux, était à l’époque un des plus gros gréé sur une machine d’entrainement. L’avion reçu la désignation de Tutor au sein de la Royal Air Force.
Lorsque l’avion entra en service en 1932, il avait été commandé par la RAF à 400 exemplaires, dont six avions de pré-série. Les élèves pilotes apprécièrent sa maniabilité mais les instructeurs habitués à voler sur l’Avro-504 lui reprochèrent une certaine lourdeur, dû à sa structure métallique. Les Avro Tutor Mk-I demeurèrent les principaux avions d’entrainement élémentaires de la RAF jusqu’en 1938 et la pleine dotation par l’aviation britannique en De Havilland Tiger Moth. A partir de cette date, le biplan d’Avro fut même considéré par certains instructeurs britannique comme le « poor training plane » (PTP, l’avion d’entrainement des pauvres) en référence à la fois au succès de l’avion auprès de petites forces aériennes, mais également par rapport à son infériorité technologique vis-à-vis de l’avion conçu par Geoffrey De Havilland. Le PTP (prononcez pitipi) puisque c’est ainsi qu’il fut surnommé vola tout de même dans la RAF jusqu’à son retrait définitif au profit du Miles Magister en 1943.
Pourtant l’avion ne servit pas, au Royaume Uni, au sein de la seule RAF, puisque une vingtaine d’exemplaires furent acquis par la Fleet Air Arm qui leur attribua la désignation de Sea Tutor Mk-I. Ils servaient à la formation des pilotes, mais également à l’entrainement des artilleurs de la Royal Navy. Afin de former les futurs pilotes d’hydravions à flotteurs, ceux là même qui devaient plus tard voler sur les versions navales du Swordfish et sur Seafox. Quatorze de ces appareils furent construits sous la désignation de Sea Tutor Mk-II. Ils demeurèrent en service jusqu’en 1938 en première ligne, puis furent relégués à des missions de tractage de cibles. Ils furent envoyés à la ferraille en 1941.
Si le Sea Tutor ne connu qu’une carrière britannique, il en est tout autrement de son homologue terrestre qui fut commandé en série (parfois de petites séries) par divers aviations militaires. Ainsi trois d’entre eux volèrent au Danemark, deux en Afrique du Sud, trois en Irlande, cinq dans la province indépendantiste chinoise du Kwangsi, et sept au Canada. Toutefois Avro connu deux commandes plus importantes portant sur 16 exemplaires pour la Finlande et 30 autres pour la Grèce. Quelques Tutor grecs étaient encore en service à la fin de la Seconde Guerre Mondiale en 1945. Par ailleurs plus de 250 exemplaires furent construit pour l’aviation civile britannique sous la désignation d’Avro 621. La plus part de ceux qui étaient encore en vol en 1939 furent réquisitionné par la RAF qui les versa à l’Auxialiary Air Force (AAF) sous la désignation de Tutor Mk-II.
En outre un lot de 57 Tutor furent construits sous licence en Afrique du Sud pour les besoins de la South African Air Force en 1940.
Le Sea Tutor ne fut pas la seule variante du Model-621 puisque l’avionneur décida, sur fonds propres, de concevoir en 1933 une variante d’entrainement triplace pour les observateurs. Désigné Model-626 l’avion se distinguait par son troisième habitacle situé en tandem derrière celui de l’instructeur. La cellule et la motorisation de l’avion ne furent pas modifiés outre mesure. Le Model-626 connu un certain succès à l’export. Tout comme le Tutor, il ne fut jamais prévu de l’armer.
Il fut commandé en premier lieu par l’Argentine qui acquis en 1934 un lot de 14 exemplaires. Suivirent la Belgique qui acheta 12 avions, ainsi que le Brésil avec 15, le Canada 12, la province du Kwangsi en commanda neuf, l’Irlande, la Lithuanie, et l’Estonie en achetèrent chacun quatre, et la Nouvelle Zélande en prit trois. Plusieurs commandes plus importantes vinrent du Chili qui passa commande pour 20 Model-626, de l’Egypte pour 27 avions et du Portugal pour 26. Ce dernier pays construisit sous licence quinze autre Model-626. Les biplans Avro portuguais demeurèrent en service jusqu’en 1949.
Le Model-626 fut également commandé par la Royal Air Force, plus pour des raisons politiques que tactiques, à sept exemplaires qui servirent au sein de l’Air Navigation School d’Andover. Ils furent baptisé Prefect au sein de la RAF et de la RNZAF. Trois d’entre eux volaient encore en Grande Bretagne en mai 1945 à la fin des hostilités en Europe. Si l’on compte les quelques Model-626 civils, eux aussi versés à l‘AAF en 1939, ce sont quelques 178 Prefect qui furent construits.
En tout et pour tout, ce sont plus de 900 biplans issus du Tutor qui furent construits, dont une petite partie volaient encore en 1945. Si ce biplan n’a jamais eu l’image de marque hors-pair du Tiger Moth il n’en demeure pas moins un très bonne machine d’entrainement, quoiqu’un peu trop lourde pour les instructeurs des années 30. Au moins un de ces avions, un Tutor d’origine, vole encore de nos jours au Royaume Uni.
En savoir plus sur avionslegendaires.net
Subscribe to get the latest posts sent to your email.