En janvier 1937, l’Italie fasciste essayait de rattraper son retard technologique, notamment par rapport à son partenaire allemand alors en plein essor. Et l’aviation militaire ne fait pas exception à ce vaste chantier. C’est pourquoi l’état-major va commander au constructeur Fiat de concevoir un bimoteur de chasse lourde avec des capacités secondaires de bombardement et de reconnaissance.
L’avionneur turinois se tourna alors vers une orientation très traditionnelle, à savoir d’abord concevoir un bombardier léger et le modifier par la suite en chasseur. C’est l’ingénieur Celestino Rosatelli qui fut chargé du programme.
Celui-ci décida de dessiner un avion très classique pour son époque, et c’est ainsi qu’il présenta le prototype à peine cinq mois après la signature de l’accord entre Fiat et l’état fasciste. L’avion reçu la désignation de CR-25 (CR comme initiales de l’ingénieur), mais ne fut pas baptisé.
Il s’agissait alors d’un bimoteur à aile basse cantilever conçu pour deux membres d’équipage. Le pilote prenait place dans un vaste cockpit avant tandis que son mitrailleur disposait d’une tourelle vitrée à l’arrière sur le haut de l’avion. Le CR-25 était propulsé par deux Fiat A74-RC-38 d’une puissance de 840 chevaux entraînant une hélice tripale. Doté d’une structure en métal entoilé, il disposait d’un train d’atterrissage escamotable. La roulette de queue avait la particularité d’être carénée, à l’instar de celle du biplan de chasse CR-42. Deux prototypes furent assemblés sous les désignations de CR-25 et CR-25bis, dont les différences concernaient principalement l’armement et quelques menus équipements. Le premier prototype réalisa son vol inaugural le 22 juillet 1937.
Toutefois ce fut le CR-25bis qui fut commandé en série par la Régia Aeronautica, à hauteur de dix exemplaires de série, ainsi qu’un onzième désarmé destiné au transport du maréchal italien Italo Balbo, alors patron incontesté de l’aviation militaire italienne. Cependant Balbo ne semblait pas avoir tellement confiance en ce bimoteur, si bien qu’il fut finalement reversé à l’ambassade italienne à Berlin comme avion de servitude. Ce CR-25 de transport de personnalité reçu la désignation de CR-25D.
Rapidement la désaffection de Balbo pour cet avion ruina les espoirs de Fiat de placer durablement le CR-25 au sein des unités de chasse fascistes.
Au final, les 11 CR-25bis, le second prototype et les dix avions de série, furent livrés à la Régia Aeronautica qui les affecta au 173° Squadriglia, une unité de chasse et d’escorte spécialement montée pour eux. Un douzième avion vint les rejoindre, le premier prototype, a qui on confia alors des missions de reconnaissance de jour et d’entraînement avancé.
Les pilotes et équipages du 173° Squadriglia apprécièrent néanmoins leurs lourds chasseurs, qui malgré une certaine sous-motorisation, avaient la réputation de beaucoup pardonner les fautes de pilotage. Les CR-25 volaient principalement en escorte des flottes de bombardiers et d’avions de reconnaissance italiens.
Lorsqu’ils furent retirés du service en février 1943, à peine deux avions, dont le premier prototype, avaient été perdus en mission. Preuve que cet avion était loin d’être aussi mauvais que ce qu’en pensait Italo Balbo. Tant dans sa conception que dans sa mise en œuvre, le CR-25 se rapprochait grandement du Bristol Blenheim Mk-I(F) alors en service dans la RAF. A la différence de l’avion britannique, il ne fut jamais adapté pour le bombardement. Le CR-25 fut le dernier avion militaire conçu par Rosatelli pour les besoins de Fiat.
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