Le développement du moteur à réaction sur les avions de chasse après la seconde guerre mondiale leur permettait d’aller plus vite mais diminuait dans le même temps l’efficacité des mitrailleuses et des canons. Rapidement apparut alors une nouvelle menace, les missiles à guidage infrarouge ou thermique, qui sont nommés FOX-2 dans la dénomination OTAN.
Le principe de fonctionnement de ces missiles est des plus simple. L’avion et son missile sont dirigés vers le réacteur de la cible, on appuie sur un bouton, et l’ennemi est effacé du ciel.
Les FOX-2 furent principalement conçus en remplacement des canons pour le combat aérien rapproché, parfois appelé « dogfight », en français on parle plutôt de « combat tournoyant ». Si ce n’était l’augmentation de la vitesse, ces duels se disputent de la même manière que durant la seconde guerre mondiale. Le but du « jeu » est de se placer dans les 6 heures de l’ennemi, c’est-à-dire derrière lui, et de pointer le nez de l’avion vers lui. Là où se fait vraiment la différence avec les combats du deuxième conflit mondial est que, au lieu de tirer avec vos mitrailleuses, ce qui nécessitait de se rapprocher beaucoup plus, il faut simplement attendre que l’un des missiles FOX-2 identifie le jet de flamme ou d’air chaud qui sort du réacteur de la cible. Lorsqu’il l’a « accroché », il le fait savoir en envoyant une alerte sonore dans le casque du pilote. Une fois que le missile est tiré, il ne reste qu’à admirer le spectacle, ou à s’occuper des amis du futur ex-vivant, car il se dirige de façon autonome. On parle dans ce cas d’un missile « fire and forget »: tire et oublie. Il est généralement équipé de fusées de proximité qui permettent de le faire exploser s’il frôle la cible. Malgré tout, la plupart des chasseurs modernes sont équipés de canons en cas d’engagement rapproché alors que tous les missiles ont été utilisés.
Avec le perfectionnement de cette technologie, il ne fut bientôt plus nécessaire d’être derrière la cible. La différence de température entre l’avion et le ciel suffit à accrocher le missile et à le tirer de face. De plus, aujourd’hui, ils sont de plus en plus utilisés en complément d’un viseur de casque, grâce auquel il suffit de regarder la cible, même si elle n’est pas devant mais sur le côté. Le missile cherchera alors une cible dans cette zone du ciel et le tir se fait ensuite normalement. Si la cible est trop éloignée pour que l’autodirecteur le détecte avant le tir, les coordonnées de la cible peuvent être entrées dans le missile qui peut ensuite être tiré. Il se dirigera vers elle jusqu’à l’accrocher avec son propre système de guidage. Cette procédure peut aussi être utilisée pour détruire un ennemi situé derrière, si toutefois le missile concerné est assez agile pour faire demi-tour en une centaine de mètre. Un MICA réalisa cette première mondiale le 11 juin 2007 en étant tiré sur un agresseur placé derrière le Rafale tireur, la cible était désignée par un second avion.
Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, la marine américaine, l’US Navy, a toujours été plus soucieuse des combats rapprochés que l’US Air Force, l’armée de l’air des Etats-Unis, qui se concentrait surtout sur la menace des bombardiers soviétiques. Elle s’intéressa donc peu au programme AIM-4, dont la version FOX-2 ne fut pas un succès, mais préféra se focaliser sur un missile taillé pour le dogfight: l’AIM-9 Sidewinder, qu’on pourrait traduire par Crotale, construit par Raytheon et qui entra en service en 1956. Il ne fallu pas longtemps pour que l’USAF se rende compte des qualités de ce missile et en demande une version modifiée. Il fallu attendre des années pour que l’USAF et l’US Navy acceptent finalement d’utiliser exactement les mêmes missiles.
C’est un AIM-9 tiré par un F-68 Sabre qui fut crédité du premier avion détruit par un missile au combat le 25 septembre 1958 près de Taiwan, en l’occurrence un MIG-15 chinois. Selon de nombreuses sources, le jour précédent, un autre AIM-9 se planta sans exploser dans la queue d’un MIG-17 qui réussit à revenir à la base. Ce missile fut envoyé en URSS et permit de développer le premier missile FOX-2 soviétique, le Vympel K-13 (AA-2 Atoll). Après plusieurs essais, fut créé le Vympel R-73 (AA-11 Archer) qui surpassait l’AIM-9 dans de nombreux domaines. De plus, il en existe une version montée « à l’envers », l’autodirecteur dirigé vers l’arrière, et équipé d’un moteur fusée supplémentaire permettant de compenser la vitesse du chasseur, pour détruire un avion poursuivant.
De nombreux missiles plus ou moins inspirés du Sidewinder furent développés, comme les Magic I et II français de Matra, la lignée des Pythons du fabricant israélien Rafael, le A-Darter sud-africain et brésilien, le Sky Sword I taïwanais ou le Mitsubishi Type 90 japonais. Les Chinois développèrent surtout des copies comme le PL-7 inspiré du Magic et le PL-8 inspiré du Python 3. Plusieurs versions du PL-5 furent inspirées par différentes variantes de l’AIM-9. Ils poussèrent même le vice jusqu’à créer une copie du K-13, qui fut lui-même une copie de l’AIM-9, nommé PL-2. Finalement ils mélangèrent plusieurs modèles pour créer le PL-9.
Dans les années 80, un protocole d’accord de l’OTAN prévoyait que les USA développeraient un missile pour remplacer l’AIM-7. Ce fut le cas en 1991 avec l’arrivée de l’AIM-120. De leur côté, le Royaume-Uni et l’Allemagne de l’ouest devaient développer un missile pour remplacer l’AIM-9. Le résultat britannique fut l’AIM-132 ASRAAM, produit par le consortium européen MBDA, et qui entra en service en 1998. Les Allemands, quant à eux, bénéficièrent d’un coup de pouce inattendu du destin lors de la chute du mur de Berlin: les ingénieurs de Diehl en profitèrent pour étudier les R-73 récupérés en Allemagne de l’Est pour créer l’Iris-T. ASRAAM et Iris-T partagent en outre les systèmes de centrage et de connexion à l’avion de l’AIM-9 afin de pouvoir plus facilement les remplacer. Malgré ce protocole, le Sidewinder ne céda pas sa place et continua d’évoluer. La dernière version, l’AIM-9X, n’a rien a envier à ses jeunes concurrents.
Il faut aussi parler des missiles FOX-1 équipés d’autodirecteur à infrarouge permettant au pilote de tirer ses FOX-2 rapidement, puis de se concentrer sur les cibles plus importantes avec ses FOX-1 dont le guidage demande plus de temps. Dans ce cas, on peut évoquer le R-27 (AA-10 alamo) monté sur les chasseurs « classiques » et le R-40 (AA-6 Acrid) monté sur les intercepteurs trisoniques MIG-25.
Il convient aussi de siter du MICA-IR, la version FOX-2 de MBDA, qui est une des nombreuses itérations de la polyvalence absolue entourant l’arrivée du Rafale. Car contrairement aux AIM-9, Iris-T et autre R-73 qui se contentent d’être de bons missiles de dogfight et laissent les tirs à moyenne portée aux FOX-1 et FOX-3, le MICA peut intercepter une cible à 60 km. Ce n’est plus le pilote qui choisit ses missiles en fonction de la distance de la cible, c’est le missile qui s’adapte.
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