Au début de l’année 1923, le STAé (Service Technique de l’Aéronautique) dépendant du Ministère de l’Air fit savoir qu’il recherchait un chasseur biplace type C2b destiné à servir d’appareil de chasse et d’escorte à partir du porte-avion Béarn. La Marine avait un besoin grandissant en appareils pour son nouveau navire de guerre et semblait entre autre se tourner vers des appareils assez complexe. Outre ses chasseurs classiques, elle avait annoncé désirer acquérir des appareils capables d’accompagner ses bombardiers torpilleurs lors de leurs attaques. Et tout naturellement le STAé se tourna vers l’ingénieur qui était alors réputé pour être le spécialiste des avions de torpillage : Pierre Levasseur.
Toutefois ce dernier leur déclara rapidement qu’entre ses avions habituels et les chasseurs il y avait un fossé énorme. La Marine n’entendit pas ses objections et Levasseur dut s’incliner. Il entreprit donc de concevoir ce nouveau chasseur biplace.
Le C2b prit la désignation de PL.5 dans la nomenclature constructeur. Et ce nouveau chasseur biplan fut une mine d’innovations en matière de sécurité à bord. En effet outre un fuselage en bois et métal entoilé assez novateur mais tout de même assez répandu, l’appareil était étanche. Outre les rivets habituels Levasseur avait assemblé le fuselage avec des colles ultra fortes et des revêtement à base de goudron comme sur les hydravions et les torpilleurs. Il fallait que son PL.5 ne se transforme pas en cercueil pour son équipage en cas d’amerrissage forcé. Plus encore la partie avant du train d’atterrissage tricycle, c’est à dire les roues, était largable. L’avion se retrouvait ainsi sur son seul intrados de fuselage, lequel avait été doté d’un redan unique comme sur les coques de navires et de deux petits flotteurs sous le plan inférieur d’aile. Le PL.5 devenait ainsi un hydravion en cas de besoin. De ce fait les radiateurs, équipements particulièrement fragiles aux embruns, furent montés en hauteur, devant le poste de pilotage avant.
Niveau armement, le PL.5 disposait de deux mitrailleuses synchronisées Vickers de 7.7mm servies par le pilote et de deux Lewis jumelées mobiles d’un calibre identique et servie par l’observateur. Lors des essais Pierre Levasseur testa trois motorisations différentes : un Lorraine et un Hispano-Suiza de 450 chevaux chacun, et un Renault de 480 chevaux, avant finalement de se rabattre à la surprise générale sur le premier d’entre eux.
Ainsi gréé, le Levasseur PL.5 réalisa son premier vol au début de l’année 1925. La Marine fit l’acquisition de vingt exemplaires de l’avion qui entrèrent en service au sein de l’escadrille 7C2 affectée exclusivement au porte-avion Béarn à partir de juillet 1926. A cette époque, le Levasseur PL.5 était un des chasseurs les plus moderne au monde. Mais plus encore c’était un des très rares avions à privilégier la sécurité de son équipage, y compris en cas d’amerrissage. De ce fait, il était particulièrement apprécié des pilotes et observateurs.
A partir de 1930, ils furent affectés aux seuls missions d’escortes et de reconnaissance diurne, la défense aérienne du porte-avions revenant aux tous nouveaux Wibault Wib-74. Dans cette seconde mission, les biplaces excellèrent, notamment du fait qu’ils pouvaient se défendre efficacement contre d’éventuels chasseurs lancés à leurs trousses. Durant leur service opérationnel, les chasseurs C2b de Levasseur ne connurent aucun conflit majeur, et furent surtout utilisés pour des missions ayant traits aux intérêts économiques français, notamment dans les colonies d’Afrique subsaharienne. Le Béarn mouillait fréquemment dans cette région du monde.
Lorsque le Béarn n’était pas en mer, les PL.5 étaient basés à Saint-Raphaël dans le Var, avec les autres chasseurs de la Marine. Finalement, ces appareils furent retirés du service en 1932 sans qu’aucun avion ne les remplace. En effet, le programme C2 lancé à cet effet en 1928 fut annulé, malgré l’engagement d’avionneurs aussi talentueux qu’ANF-Les Mureaux, Blériot SPAD, Levasseur, ou encore Wibault. Pour la petite histoire, il fallut attendre le Dassault Rafale M pour que la France dispose de nouveau d’un chasseur d’escorte de construction nationale à bord d’un de ses porte-avions, en l’occurrence l’actuel Charles de Gaulle. Le PL.5 fut le premier et le dernier chasseur biplace conçu par Pierre Levasseur. Au total le PL.5 a été assemblé à 24 exemplaires, prototypes compris.
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