Soucieux de trouver un remplaçant à son biplan de transport léger An-2, la force aérienne soviétique demanda en 1956 à Antonov de développer un avion de transport léger et de liaison de nouvelle génération. Le cahier des charges prévoyait que l’avion soit un ADAC (Avion à Décollage et Atterrissage Court) bimoteur disposant d’un rayon d’action au moins équivalent à celui de son prédécesseur. Les ingénieurs d’Antonov travaillèrent alors sur une technologie encore peu étudiée en Union Soviétique, mais en plein boom en France : les ailes hautes à fort allongement. Ce principe développé en France par la société Hurel-Dubois, sur son HD.32 notamment, fut reprit par Antonov et se caractérisait par une envergure accrue et une aile particulièrement fine. Les avions dotés de ce type de voilure pouvait voler à des vitesses très basses, permettant des atterrissages assez courts.
Antonov se lança dans l’étude de cet avion en 1957, mais rencontra rapidement des problèmes structurels sur son appareil et notamment sur les jointures des ailes. Après avoir espéré construire son nouvel avion entièrement en métal, le constructeur soviétique dût se résoudre au même sacrifice que les ingénieurs français : une aile en bois renforcée. Malgré ces difficultés, Antonov réussit à faire voler son premier prototype le 15 mars 1958. Mais les obstacles ne s’évanouirent pas pour autant.
Le nouvel avion, désigné An-14, avait un nez trop fragile, un train d’atterrissage fixe créant des perturbations lors des phases de vols à faible vitesse, mais surtout les volets d’ailes n’étaient pas dotés d’hypersustentateurs. En outre, la queue de l’avion était jugée trop fine par les pilotes d’essais pour pouvoir soutenir le double empennage, notamment lors de certaines manoeuvres.
Les concepteurs apportèrent les modifications nécessaires, si bien que le programme prit un retard assez conséquent. Finalement, le premier An-14 de série n’entra en service qu’en 1965 au sein des forces soviétiques. Les pilotes affectés sur An-14 trouvaient généralement l’avion assez agréable à piloter, et notamment lors des phases d’atterrissage court.
De son côté l’OTAN observait d’un oeil amusé cet avion qui avait toutes les caractéristiques des avions Hurel-Dubois mais également du biturbopropulseur britannique Short Skyvan, sans toutefois sembler être aussi abouti. Les Occidentaux décidèrent d’attribuer à l’An-14 le code OTAN de « Clod ». Antonov par contre l’avait baptisé depuis longtemps Pchelka, ce qui en russe signifie « petite abeille« , et ce nom de baptême était devenu le terme officieux donné par l’aviation soviétique à l’appareil.
Outre l’aviation militaire soviétique, quelques exemplaires furent livrés à l’Allemagne de l’Est, à la Bulgarie, mais aussi à la Guinée-Bissao. En RDA, les Clod remplacèrent dès 1968 les derniers Lisounov Li-2, la version soviétique du Dakota, encore utilisés pour des missions de transport de troupes, et l’un d’eux fut même affecté à Berlin-est pour des missions de surveillance urbaine. Les Clod est-allemands étaient à l’inverse de leurs homologues soviétiques tous camouflés et ils recevaient un code tactique noir au niveau du nez.
La compagnie nationale Aéroflot reçu également une cinquantaine de Pchelka qu’elle affecta à des lignes régionales.
En 1985, l’Afghanistan reçut de la part de Moscou cinq An-14 de seconde main ayant auparavant appartenu à divers unités soviétiques. Ces avions furent engagés dans la guerre contre les Moudjahidins, notamment lors de missions de surveillance et lors d’évacuations sanitaires. Un de ces avions au moins aurait été abattu par un missile sol-air Stinger d’origine américaine.
La production de l’An-14 n’a pas excédé 300 unités et très peu sont encore en service actuellement, mis à part en Russie. La Bulgarie a pour sa part remplacer ses Pchelka en 2006 par des Raytheon King Air 200 beaucoup plus modernes, mais ne disposant pas des mêmes qualités ADAC. S’il n’a pas réellement marqué l’histoire aéronautique, le Pchelka aura au moins permit aux Soviétiques de défricher le domaine de vol des ailes hautes à forte allongement.
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