A la fin des années 70, plusieurs avionneurs dans le monde commencèrent à travailler, chacun de leurs cotés, sur les avions de transport léger à atterrissages et décollages courts (ADAC) afin de remplacer les avions de brousse conçus à la fin de la Seconde Guerre mondiale, comme le Broussard français, le Beaver canadien, ou l’An-2 soviétique. Ces avions tout-terrains étaient en effet à bout de souffle, à force de servir partout dans le monde, souvent dans les conditions d’emploi les plus rudes.
La Chine ne demeura pas en reste, puisqu’elle aussi utilisait un nombre important d’avions de brousse, connus chez elle sous le nom de Yunshuji-5 (Y-5) une copie quasi-conforme du gros biplan d’Antonov. Pékin chargea alors l’avionneur HAMC (Harbin Aircraft Manufacturing Company, aussi connu sous le nom de Harbin) de concevoir un tel appareil.
Les ingénieurs et designers du HAMC travaillèrent en étroite collaboration avec les services de renseignement chinois. Mais à cette époque la compagnie aérienne chinoise d’état CAAC (Chinese Aviation Administration & Company) disposait dans sa flotte d’appareils occidentaux. Parmi ceux-ci, elle possédait une petite vingtaine d’ADAC d’origine canadien Twin-Otter, un appareil extrêmement répandu aussi bien dans l’aviation civile que sous les cocardes de nombreuses forces aériennes dont l’US Air Force ou l’Armée de l’Air. Harbin récupéra discrètement un de ces Twin-Otter et l’étudia en profondeur. Ses équipes ne mirent pas longtemps à proposer un appareil qui ressemblait comme deux gouttes d’eaux au Twin-Otter : le Y-11. Si celui-ci s’avéra rapidement être une machine particulièrement adapté à l’aviation civile chinoise, il en fut tout autrement concernant les attentes des militaires. Quelques Y-11 entrèrent pourtant en service au sein de l’aviation militaire chinoise.
Pour les besoins des militaires chinois Harbin développa une version approfondie, que certains caractérisèrent même d’occidentalisée, du Y-11, le Y-12 à turbopropulseurs en lieu et place des moteurs à pistons. Le train d’atterrissage fixe fut lui aussi modifié afin de s’escamoter totalement et un nouveau hauban renforcé fut installé. L’Y-12 effectua son premier vol le 14 juillet 1982.
Il se présentait sous la forme d’un monoplan à ailes hautes haubané, mû par deux turbopropulseurs Pratt & Whitney of Canada et disposant d’un empennage cruciforme classique. Appareil à vocation avant tout militaire l’Y-12 fut doté d’une porte de chargement de fret adapté au largage de parachutistes. Désireux de vendre ses avions sur des marchés jusque ici réservés aux Européens et aux Américains, la Chine mit l’accent sur l’avionique de l’avion, si bien que le Y-12 fut le premier avion de transport militaire conçu localement à être équipé d’un système de pilotage automatique. Il reçu en outre un identificateur IFF, un système d’aide au pilotage et à l’atterrissage type IFR, et une chaine de communication UHF/VHF. Des Y-12 furent rapidement commandés par l’aviation militaire chinoise, mais également par le Bangladesh et le Pakistan, deux clients habituels de Pékin en matière d’armement.
En 1985 Harbin développa une version améliorée, sous la désignation d’Y-12-II avec de nouveaux turbopropulseurs plus puissants et un cockpit plus ergonomique. Harbin reçu le concours de l’équipementier américain Texas Instrument et de l’avionneur Northrop afin de moderniser le Y-12. Cette coopération prit fin en 1989 suite aux évènements de la place Tien-Anh-Menh et l’embargo américain qui en résulta. Toutefois les ingénieurs chinois avaient acquis une certaine expérience.
De nos jours plus de 500 Y-12 sont en service au sein des forces aériennes et aéronavales chinoises, et l’avion a été massivement exporté, principalement en Afrique, au Moyen-Orient, et Amérique du Sud. Parmi les principaux utilisateurs de l’Y-12 il est à signaler l’Iran qui possèderait une cinquantaine de biturbopropulseurs chinois, mais également le Pérou, la Mauritanie, la Namibie, et le Yémen. En 2007 le Venezuela, sous embargo américain, a passé commande pour une vingtaine d’Y-12. En Europe, seule l’Albanie dispose encore de trois Y-12-II pour des missions logistiques.
L’Y-12 est toujours en production actuellement, et près d’un millier d’exemplaires sont déjà sortis des chaines d’assemblage chinoises. Une version de sauvetage en mer, et une de guerre électronique semblent avoir été mise au point pour le compte des militaires chinois.
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