En 1955, les dirigeants soviétiques demandèrent à l’avionneur Antonov, spécialiste dans l’étude et la construction d’appareils de transport militaires, de développer une machine susceptible de remplacer les derniers Lisunov Li-2 (version russe du Douglas C-47, surnomé Dakota) et les bimoteurs Illyushin Il-14. En décembre 1957, la Voenno Transportnaya Aviatsiya (VTA, aviation de transport militaire soviétique) recommande que le nouvel avion puisse se poser et décoller sur des distances assez courtes. Les ingénieurs soviétiques travaillent alors sur une alliance entre une cellule proche du Fokker F-27 hollandais et le tout nouveau groupe propulseur Ivtchenko AI-24.
L’avion, désigné Antonov An-24, effectue son premier vol le 20 décembre 1959. Il s’agit d’un monoplan biturbopropulseur à aile haute. Afin d’alléger l’avion, le constructeur fait appel en plus de l’acier à la fibre de verre, un matériau qui n’est alors pas des plus utilisés dans l’aéronautique. Grâce à sa motorisation et à sa conception révolutionnaire l’An-24 peut décoller sur une piste en dur de 640 mètres seulement. Les qualités ADAC du nouvel avion sont indéniables.
La VTA commande en 1960 un premier lot de 200 Antonov An-24 qui prennent immédiatement la place des plus vieux Li-2. Cette année là, l’Aeroflot, compagnie nationale soviétique, commande quant à elle plus de 1000 exemplaires pour des liaisons court-courriers mais aussi pour des missions au profit des militaires. Les An-24 d’Aeroflot servent en effet, tout comme la plupart des appareils civils russes, à des missions de guerre sans changer de livrée. Cette technique devient alors le cauchemar des experts en renseignement occidentaux. Ceux-ci désigneront d’ailleurs l’An-24 sous le code OTAN de « Coke« .
Par la suite l’An-24 va devenir un des avions de transport contemporain parmi les plus vendus dans le monde. Outre les nations du Pacte de Varsovie, l’avion sera acquis par les pays appartenant à la sphère d’influence de Moscou. L’un des tous premiers pays à se doter de Coke fut la Yougoslavie qui remplaça ainsi ses derniers Dakota. Les An-24 yougoslaves servirent au transport à l’intérieur du pays mais également vers ses voisins directs. Entretenant d’excellentes relations diplomatiques avec les pays occidentaux, la Yougoslavie fit parfois se poser ses An-24 sur des bases de l’OTAN comme la base française de Solenzara qui reçu pour la première fois un de ces appareils en 1972.
En Pologne, les An-24 remplissaient des missions de transport vers l’URSS et les différents pays communistes. Les Coke servent dans les années 60, 70, et 80 dans plus de 50 pays dont le Mali qui en acheta deux en 1976 afin de remplacer ses Noratlas ou encore la Corée du Nord qui en transforma au moins trois en avions de guerre électronique.
En 1967, Antonov se lança dans la conception d’une version améliorée, désigné An-24RV, et doté d’un réacteur d’appoint. Cette modification devait permettre à l’avion de gagner en puissance et en distance franchissable, le seul point négatif de l’appareil.
En 1977, l’URSS envoya en Ethiopie plusieurs dizaines d’avions de transport, dont un nombre important d’An-24, afin de soutenir le tout nouveau gouvernement pro-marxiste dans sa guerre contre la Somalie et l’Érythrée. Lors de cette opération, les avions russes volèrent de concert avec leurs homologues cubains.
Par la suite, les An-24 furent engagés par l’URSS dans sa guerre en Afghanistan, au cours des années 80, pour des missions de transport, de parachutage et de ravitaillement des unités isolées. Lors de ce conflit, l’OTAN rapporta l’utilisation par les soviétiques de bombes dites « mélange air-carburant », des armes conventionnelles extrêmement destructrices capables de raser littéralement un secteur donné en quelques secondes. Ces armes, très volumineuses, ne peuvent toutefois être emportées que par des avions de transport. Le Coke présente toutes les qualités requises à ce type de bombardement.
Si l’An-24 commence à disparaître des stocks civils, remplacé par l’An-26 plus moderne, il n’en est pas de même sur les marchés militaires. L’URSS a construit plus de 1200 An-24, et une licence de fabrication a été accordé à l’avionneur chinois Xian qui construit toujours de nos jours l’appareil sous la désignation de Y-7. Au moins 500 de ces avions ont été construits. La Chine a développé une version de patrouille maritime sous le nom de Y-7K, mais cet avion ne fut pas construit en série.
De nos jours, une partie des An-24 russes ont été convertis en avions de transport de courrier et de transport de fuel. Aux Etats-Unis, l’Operational Test & Evaluation Command (OPTEC) une unité de l’US Army chargée d’évaluer les aéronefs soviétiques dispose toujours d’un An-24. Cet avion est basé à Biggs-AAF au Texas et ne porte, à l’instar des autres appareils de l’unité, aucun marquage militaire.
La carrière du Coke est loin d’être finie même si certains utilisateurs préfèrent mettre à la retraite le vénérable biturbopropulseur.
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