Véritable institution en France depuis sa création en 1944, dans l’immédiat lendemain de la Libération, le CEV (abréviation de Centre d’Essais en Vol) a fait les belles heures de l’industrie aéronautique française des trente glorieuses à aujourd’hui. Ainsi, la quasi totalité des programmes aériens, des plus importants comme le Dassault Mirage IV-A aux plus méconnus comme celui du bimoteur SOCATA TB-360 Tangara sont un jour passés par les différents sites du CEV. A l’époque son centre névralgique se trouvait à Brétigny-sur-Orge en proche banlieue parisienne.
La légende des pilotes d’essais français était née. Des appareils fantastiques allaient passer entre les mains ce ces hommes d’exception et écrire les plus belles pages de l’histoire aéronautique française des soixante dernières années. Les prototypes Triton, Espadon, Grognard, Trident, Gerfaut, Griffon, pour ne citer qu’eux, mais aussi le démonstrateur technologique Rafale A allaient faire du CEV l’une des références absolues pour les essais en vol, et de ses pilotes un magnifique viviers pour les rêves de trois générations de gamins. Mais toute belle aventure a forcément une fin.
Celle-ci intervint au cours de l’année 2009, puisque le CEV quitta définitivement le giron de l’Armée de l’Air pour rejoindre totalement celui de la Délégation Générale de l’Armement (DGA), sa désignation devenant ainsi DGA Essais en Vol. Mais la transformation n’était pas terminée. L’année suivante fut marquée par la fermeture des sites de Brétigny-sur-Orge et de Toulouse-Francazal afin de recentrer l’action autours des Bases Aériennes 120 et 125, respectivement sises à Cazaux à côté de Biscarosse et à Istres-le-Tubé dans la banlieue au nord-ouest de Marseille. Si leur raison sociale avait changé le profond engagement et la passion des pilotes et ingénieurs d’essais était demeurés intacts.
Mais le rôle de la DGA Essais en Vol n’est pas uniquement de tester ou de développer de nouveaux aéronefs, il s’agit aussi de modifier et d’améliorer ceux existant déjà, tant dans le domaine militaire que civil. C’est ainsi que par exemple le système Morphée (modules de réanimation pour patient à haute élongation d’évacuation) qui permet de transformer en un temps assez bref un ravitailleur en vol Boeing C-135FR en véritable super ambulance volante a été développé par une équipe conjointe de la DGA Essais en Vol et du Service de Santé des Armées. Autre chantier initié par la DGA Essais en Vol, celui du système de reconnaissance de nouvelle génération, destiné à être intégré au Rafale M et C standard F3, et qui permettra ainsi le retrait du service de machines d’anciennes générations comme les derniers Mirage F1-CR encore en unité. Ce système est développé conjointement avec une branche de l’équipementier et armurier Thalès. La DGA Essais en Vol a aussi étroitement collaborer avec Eurocopter sur la définition du HUS (hélicoptère pour unités spéciales) une version spécifiquement destiné à l’Armée de l’Air de l’EC-725 Caracal. Ces hélicoptères servent actuellement au profit du COS, le Commandement des Opérations Spéciales, notamment en Afghanistan.
Pour ses opérations la DGA Essais en Vol compte sur sa propre flotte d’aéronefs, dont actuellement plusieurs Dassault Mirage 2000 qui remplissent bien des rôles. Elle peut également faire appel aux avions et hélicoptères volants pour le compte de l’EPNER dont elle est organiquement responsable. Historiquement, le CEV déjà disposait de nombreuses machines prélevés sur les stocks de l’Armée de l’Air comme des Broussard, des Noratlas, ou encore des Vautour. Certaines d’entre elles sont aujourd’hui préservés. Dans certains cas la DGA Essais en Vol fait également appel à des moyens provenant d’autres direction de la délégation, voire même à des navires de la Marine Nationale, le plus fameux d’entre eux étant le bâtiment d’essais et de mesures Monge (A601) dont les puissants systèmes de suivis et de surveillance peuvent être mis à disposition.
Si le CEV n’existe plus, la DGA Essais en Vol a su conserver les traditions tout en réformant en profondeur cet établissement aussi primordial pour l’avenir industriel et militaire de la France. Gageons que le sérieux et la passion qui animent ses membres sauront lui garantir encore bien des années d’existence, si jamais les politiques publiques peuvent suivre.
Photos (c) Arnaud Lambert.
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