Le F-35 Lightning II se refait une santé avec l’Allemagne… et la Turquie !

Il n’aura pas fallu plus de deux semaines aux Allemands pour confirmer leur commande d’il y a trois ans. Alors que l’Europe se déchire sur un potentiel système dit Kill Switch, et que des sous-entendus de retour en arrière avaient eu lieu Berlin a rappelé son attachement au Lockheed-Martin F-35A Lightning II. Dans le même temps on a appris qu’Ankara avait relancé des négociations autour de ce chasseur, avec l’administration Trump qui l’en avait pourtant exclu il a presque 6 ans. Deux mauvaises nouvelles pour le consortium européen Eurofighter.

Deux semaines, c’est la période qu’il aura fallu au Bundeswehr pour comprendre qu’il achètera bien ses trente-cinq avions de combat de 5e génération auprès des États-Unis. Balayées les critiques allemandes suites aux mots outrageants que le Président des États-Unis a prononcé vis-à-vis des Européens. L’Allemagne est rentrée dans les rangs, comme la République Tchèque avant elle. La construction d’une Europe de défense semble plus être l’affaire des Britanniques et des Français que des Allemands, car avec le retour en grâce du F-35A Lightning II au sein de la Luftwaffe c’est bien le parapluie nucléaire américain et ses bombes B61 qui font leur grand come-back. L’Allemagne reste l’Allemagne, plus pragmatique qu’elle impossible !

C’est forcément un gros ouf de soulagement du côté de chez Lockheed-Martin. Il faut dire que la perte du Portugal et la possibilité que le Canada en fasse de même donnent sans doute déjà des sueurs froides aux ouvriers et techniciens de l’avionneur, et aussi aux actionnaires. Mais eux ce n’est pas bien grave, ce n’est pas leurs emplois qui sont en jeux. La Finlande de son côté envoie depuis quelques heures des signaux assez similaires à ceux de l’Allemagne. Les regards de l’industriel américains se tournent désormais dans deux directions : le bureau ovale et la Turquie. Cette dernière pourrait de nouveau avoir le droit d’acquérir l’avion furtif mais avec des règles dures.

D’abord pas question que l’avionneur Turkish Aerospace Industries ne réintègre le programme Joint Strike Fighter, son exclusion daté de l’été 2019 est à ce niveau totalement ferme. En fait Donald Trump offre un marché à Reccep Erdogan : démanteler ses batteries anti-aériennes S-400 de facture russe et en acheter de nouvelles auprès des États-Unis. Alors, et seulement alors, la Türk Hava Kuvvetleri pourra être autorisée à acheter le Lockheed-Martin F-35A Lightning II sans aucune forme de transfert de technologie. Le jeu en vaut-il la chandelle ?

Car depuis la confirmation de son exclusion par l’administration Biden, quelques semaines seulement après le retour des démocrates à la Maison-Blanche, Ankara a cherché des dérivatifs. Une vengeance sans doute aussi un peu. Et très vite cela a tourné à l’avantage du consortium Eurofighter. Les Turcs semblent apprécier ce pis-aller qu’est le Typhoon Tranche 4. Pour autant ils n’ont jamais cacher leur ambition de revenir vers le chasseur furtif américain. Et pour Lockheed-Martin le pays le plus oriental de l’OTAN serait un énorme jackpot. On parle de cinquante à soixante exemplaires. Sans compter qu’un contrat F-35A Lightning II ferait revenir le F-16V Viper dans les bonnes grâces de la Türk Hava Kuvvetleri.

Mais déjà un petit caillou apparait dans la chaussure de l’avionneur américain : la Polemikí Aeroporía. L’aviation grecque a en effet commandé vingt F-35A Lightning II autour desquels gravitent désormais la colère européenne. Ajouter à cela une potentielle future commande turque et cela pourrait coûter le contrat à Lockheed-Martin. Dans un tel cas le nom du bénéficiaire est connu de tous : Dassault Aviation et son Rafale F4.

Vous l’aurez compris l’avionneur américain Lockheed-Martin peut entrevoir le bout du tunnel dans la crise initiée par Donald Trump, mais pas forcément la fin des galères à l’export pour son F-35A Lightning II.

Affaire (donc) à suivre.

Photo © Lockheed-Martin


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Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

23 réponses

  1. Mais enfin ? Là, c’est à n’y rien comprendre. Ce n’est pas du pragmatisme, c’est de l’aveuglement. Et puis, ce n’est pas comme si l’ Allemagne produisait l’Eurofighter, n’est-ce pas ? Comment imaginer la protection nucléaire des États-Unis en l’état actuel ? Donc la question de l’emport de la bombe américaine par les avions européens ne se pose plus. Et quand on voit comment les Ukrainiens se sont débrouillés pour connecter du matériel OTAN sur des avions ex soviétiques, la question se pose encore moins.
    Ce serait désolant que l’Europe ne profite pas de la fantastique gifle mise par Trump à nos certitudes.

    1. Effectivement vous ne comprenez rien car vous n’y connaissez rien. Chaque armée de l’air a des besoins spécifiques et achète ses avions pour y répondre. La Luftwaffe a déjà des chasseurs, ce dont elle a besoin c’esr remplacer ses Tornados qui sont obsolètes. Ils peuvent transporter la bombe nucléaire américaine B61. Ils ne peuvent être remplacés par un autre appareil, et surtout pas le Rafale qui ne le peut pas. Inutile de débiter des conneries sur le F35, les pilotes savent parfaitement ce qu’il vaut ayant pu le juger lors des exercices communs de l’OTAN. Et encore moins après l’éclatante démonstration de son efficacité en Iran aux mains des israéliens qui viennent d’en commander 25 supplémentaires. Le Rafale est un petit avion ce qui le limite forcément, qui n’est pas furtif et ne possède pas de soute armement, avec un rayon d’action limité par sa taille. Obligé de transporter les pods et l’armement sous les ailes cela limite encore davantage toutes ses performances à cause de la traînée que cela cause et éxacerbe sa signature radar. Le F35 a des caractéristiques uniques dont les autres appareils ne disposent pas. Il sert également de mini AWACS grâce à ses capteurs uniques et sa connection électronique avec tout ce qui est connecté permettant l’échange des informations en temps réel.

      1. Par contre essayez les uns les autres de ne pas vous invectiver. Les phrases du genre « vous ne comprenez rien » ou bien « vous n’y connaissez rien » perso ça me file de l’urticaire.

    1. On va tout de suite calmer le jeu : les délires anti SCAF sont ici hors-sujet et mèneront donc directement à la modération. Le sujet ici c’est l’article et rien d’autre.

    2. En effet, Dassault a beaucoup à perdre dans projet de SCAF en temps et en coût très élevé, loin de pouvoir concurrencer les americains.. Principalement La France seule ne peut supporter le financement de ce programme pour épauler Dassault.

  2. C’était juste une mesure de rétorsion et un signe d’exaspération. Exaspéré, c’est possible de l’être.
    Reste à voir comment cela fonctionne vraiment au niveau du ministère de la Défense et de l’armée de l’air allemande en cette période de transition. Par ailleurs, le titre : «l’Allemagne sera fait une santé avec le F35. », ce serait plutôt : «  l’Allemagne, se saborde une nouvelle fois avec le F35 ». Et cela pose vraiment la question du positionnement de l’Allemagne dans l’Europe. Voir au niveau des autres propres programmes de coopérations les démêlés loufoques concernant le char d’assaut. Le problème vient de ce que ces coopérations ne peuvent pas être organisées seulement entre les entreprises, mais doivent être dirigées par une vision et une autorité politique communes. Et manifestement, c’est là où ça coince. Et c’est d’autant plus curieux que la position américaine a désormais le mérite d’être claire:
    dém… vous !

    1. Le titre de l’article n’est pas «l’Allemagne sera fait une santé avec le F35. » mais « Le F-35 Lightning II se refait une santé avec l’Allemagne… et la Turquie ! ». Problème de dyslexie ou mauvaise foi?…

    2. Je suppose que dans leurs idées est qu’en cas de conflit, ils feraient accompagner les EA-18G Growler et les Eurofighter par le F-35 dans une supposée bulle d’invisibilité.
      Combien l’Etat allemand a-t-il déjà versé à Lockheed pour la commande…?

      Le Portugal a bien plus facile de se retirer n’ayant rien commandé à ce jour au fabricant du F-35.

  3. Il était totalement prévisible que Berlin ne revienne pas sur l’achat des F-35, en raison de sa vassalisation historique à Washington, ayant pour corollaire la (loufoque) capacité nucléaire tactique sous commandement américain. Là où je suis plus intéressé c’est sur la position Turque vis à vis du F-35 : sachant qu’ils développent actuellement (et très difficilement) le Kaan (avion auquel je ne crois pas, mais c’est un avis personnel) le F-35 sera t-il un moyen pour le maître d’Istanbul de se sortir de ce programme coûteux, à l’avenir et aux capacités incertaines ? Wait and see.

  4. 35 F 35 pour l’Allemagne, c’est rien. En revanche, une annulation aurait été une déclaration de guerre économique pour Donald. Les Allemands le savaient et n’en voulaient pas… La suite des commandes sera dans les années futures plus intéressante…

  5. Tif 974 , il n’y aurait pas de guerre économique avec les États-Unis ? C’est précisément bien parti, et à l’initiative des États-Unis. La position de l’Allemagne sur la question du F. 35 fait penser à celle du commerçant racketté qui accepte de verser la contribution à son « protecteur ». Et en plus, sans aucune garantie…

  6. Avion porteur de la bombe nucléaire B61 et donc permet de bénéficier du parapluie nucléaire américain : c’est une arme sans propulsion. Un tel système d’armement est encore viable dans les conflits actuels ?

  7. C’était tellement prévisible.
    Mais en même temps l’Allemagne aurait pu en commander genre 5 au lieu de 35.
    Tant qu’ils font ce qu’ils ont à faire au niveau du SCAF et du MGCS.
    Il faut se limiter à ce qu’ont peut faire dans l’immédiat.
    Même nous français n’avons pas les compétences pour la catapulte magnétique du PANG que nous devons commandé aux américains.
    L’autonomie ça se paie, et malheureusement tous nos dirigeants après De Gaulle se sont évertués à tué notre indépendance militaro-industriel.
    Heureusement la casse a été limité.

  8. Je pense que les allemands on eu raison de rester avec le F35 nous les belges ont a fait pareille et ont est très content. Le Typhoon et le Rafale sont des avions ratés personne nan veut vraiment hormis des pays faibles comme la Croatie et la Graisse.

      1. Les seuls acheteurs de Rafales sont les clients traditionnels de Dassault, et ceux qui ne veulent pas acheter américain par anti-américanisme primaire!

  9. Je pose humblement une question , dans un futur proche qu’est ce qui aura le plus de chances de taper au but :
    Un F35 qui sera oblige d’aller à la verticale de sa cible avec la bombe à gravitation US ou un rafale équipé du futur missile nucléaire hypersonique qui pourra donc le tirer de bcp plus loin ? Sans compter que pour arriver à la verticale d’une cible russe le F35 aura besoin de soutien de ravitailleurs qui eux ne sont pas furtifs.
    Un simple lecteur.

      1. Pas besoin d’être à la verticale mais nécessaire d’être à quelques dizaines de kilomètres au minimum donc pénétration en profondeur du territoire et des défenses ennemies , un F35 est très loin d’avoir l’autonomie suffisante sans tanker qui lui je le répète n’est pas furtif , si un expert passe par là et peux donner son avis …

  10. Les Allemands vont acheter les avions Américain, mais les Américains ne vont pas acheter les voitures Allemandes. C’est ça le pragmatisme Allemand !!?

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