Et si la Patrouille de France en venait à adopter un avion britannique ?

L’avenir de la Patrouille de France est forcément lié au remplacement de ses vénérables Dassault-Breguet / Dornier Alpha Jet E. Alors que certaines pistes semblent s’orienter vers la possibilité d’un avion turbopropulsé, donc à priori du Pilatus PC-21 suisse, une nouvelle option a fait son apparition : l’Advanced Jet Trainer. Né de la volonté de la start-up britannique Aeralis de proposer un successeur au BAe Hawk T.2 de la Royal Air Force celui-ci pourrait s’élargir aux Alpha Jet E de l’Armée de l’Air et de l’Espace. Afin d’amadouer les Français, mondialement connus pour un certain chauvinisme, l’entreprise a même ouvert des locaux en région parisienne.

Si pour l’instant Aeralis France se contente de bureaux dans la zone d’affaires du Val de Seine à Issy-les-Moulineaux, à deux pas des studios de France 24, la branche hexagonale de l’avionneur britannique a des ambitions bien plus importantes. Elle compte vendre l’Advanced Jet Trainer, aussi connu comme Dart, à l’Armée de l’Air et de l’Espace. Pour cela l’avion deviendrait un véritable partenariat industriel entre Britanniques et Français comme l’Alpha Jet le fut en son temps entre Allemands et Français. L’idée est que cet avion devienne la monture au-delà de 2030 de la Patrouille de France, permettant à celle-ci de demeurer sur jet. Anecdote intéressante le Dart devrait également selon la logique de son concepteur et (possible) fabricant équiper les Red Arrows. Les deux meilleurs formations de présentation au monde évoluerait alors sur le même type d’avion.

S’il faut d’abord s’assurer que l’Advanced Jet Trainer arrive jusqu’à la phase de commande en série par l’Armée de l’Air et de l’Espace et par la Royal Air Force il faudra aussi vaincre l’opinion publique. Ou plus exactement Aeralis devra faire en sorte de se la mettre dans la poche. Et en France ce n’est pas gagné ! Il suffit de voir le sentiment très fort de rejet dès lors qu’on parle de programmes européens comme le SCAF ou plus récemment l’A321 MPA. Beaucoup de Français pensent encore que la France peut tout faire toute seule dans son coin sans jamais avoir à rien partager avec les petits copains d’à côté. Pourtant des partenariats industriels franco-britanniques ont accouché de jolies réalisations aéronautiques comme le SEPECAT Jaguar et bien sûr dans le domaine civil le Concorde. Et n’oublions pas le motoriste Rolls-Royce Turbomeca Ltd et l’Anglo-French Helicopter Agreeement entre Aérospatiale et Westland.

Une option comme l’Aeralis Dart aurait cela d’intéressant, à la différence de l’Alenia-Aermacchi M-346 Master 100% italien, de permettre de faire travailler des ingénieurs français depuis la région parisienne. Même si la production a lieu de l’autre côté de la Manche il y aura un peu de «french touch» dans ce jet. Avec lui l’Armée de l’Air et de l’Espace pourrait également maintenir la capacité d’Aggressors de l’Escadron d’Entraînement 3/8 Côte d’Or actuellement également sur Alpha Jet E.

Affaire (donc) à suivre.