L’Espagne veut (vraiment) en finir avec ses Agusta-Bell AB-212.

À croire que depuis quelques mois Madrid a déclaré la guerre à l’hélicoptère de transport d’assaut italo-américain. Après l’avoir retiré du service actif dans l’Armada Española l’été dernier voici que c’est au sein des FAMET que le ministère espagnol de la défense voudrait voir disparaître l’Agusta-Bell AB-212. Leur remplacement pose cependant actuellement pas mal de questions. C’est tout un pan de l’histoire contemporaine des forces espagnoles qui se tourne.

Au milieu des années 1980 l’Agusta-Bell AB-212 était l’hélicoptère de transport d’assaut en vogue en Espagne. Une trentaine opérait au sein des FAMET, les Fuerzas Aeromóviles del Ejército de Tierra. C’était un appareil sûr, puisque biturbine, et disposant d’une capacité d’accueil tout à fait respectable de l’ordre de douze fantassins équipés. Surtout il marquait la première grosse acquisition post dictature franquiste. Il avait donc une place à part dans le cœur des Espagnols. Sauf qu’avec l’arrivée des Aérospatiale AS.332B Super Puma puis des Eurocopter AS.532UL Cougar tous deux acquis grâce aux excellentes relations avec la France les AB-212 ont commencé à montrer leurs limites. Et ce fut notamment prégnant en matière d’emport et de rayon d’action. Petit à petit les hélicoptères italo-américains ont quitté la première ligne pour la seconde.

En ce début d’année 2025 les HU-18, la désignation locale des AB-212, ne sont plus que six à porter les couleurs des FAMET. Surtout ce sont les six ultimes hélicoptères de ce type à voler sous la cocarde orange et jaune. Les AB-212ASW de combat maritime de l’Armada Española les ont précédé dans la retraite en juillet 2024. Quand à la Guardia Civil elle a retiré du service ses deux seuls exemplaires en 2002. Six hélicoptères qu’il faut donc entretenir afin de les faire voler, six hélicoptères qui ne sont plus produits ni en Italie ni aux États-Unis. Donc six hélicoptères qui coûtent de plus en plus chers à l’usage.

Pour quelle efficacité ? Celle-ci n’a plus été démontré depuis plusieurs années. Il faut dire que les AB-212 ne remplissent plus aucune mission de transport d’assaut. Tout au plus assurent t-ils des vols de soutien logistique et de liaisons. Ce qui fait dire au ministère espagnol de la défense que leur remplacement par des appareils plus récents serait en tous points plus économique ! Un modèle d’hélicoptères revient de plus en plus comme potentiel successeur : l’Airbus Helicopters H145/H145M. Un tel appareil ancrerait clairement les équipages d’actuels AB-212 dans les missions logistiques avec une machine dernier cri largement éprouvée. Cependant comme souvent en Espagne ce n’est pas la volonté institutionnelle ou politique qui manque le plus, ce sont les euros. Faute de crédits suffisants il se peut aussi que les Agusta-Bell AB-212 soient bien retiré du service cette année sans pour autant être remplacés.

Affaire (donc) à suivre.

Photo © Michael Powney


En savoir plus sur avionslegendaires.net

Subscribe to get the latest posts sent to your email.

PARTAGER
ARTICLE ÉDITÉ PAR
Image de Arnaud
Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
articles sur les mêmes thématiques
Commentaires

Une réponse

  1. Quand j’avais 19 ans je suis allée avec une amie au Club Med d’Al Hoceima au Maroc et un jour j’ai vu passé ce que j’ai pris pour un UH-1N Twin Huey de l’armée espagnole. Grace à vous Arnaud je sais donc que c’était un AB-212. Il volait super bas et allait et revenait d’un espèce de « Fort Boyard » au large de la plage privée du club.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Sondage

25ème anniversaire, à quelle époque remonte votre première visite d'avionslegendaires ?

Voir les résultats

Chargement ... Chargement ...
Dernier appareil publié

Curtiss-Reid Rambler

Quittant son Angleterre natale en 1924, Wilfrid Thomas Reid est embauché comme ingénieur en chef par l’entreprise Canadian Vickers où il développa notamment l’hydravion Vedette.

Lire la suite...