La Russie a rendu service aux Alliés avec l’affaire de l’Atlantique 2.

C’est un petit peu l’illustration de l’arroseur arrosé si cher aux frères Lumière. Mercredi dernier un Dassault-Breguet ATL-2 Atlantique de patrouille maritime était accroché au radar par une batterie de DCA appartenant à la fédération de Russie. Contrairement aux apparences cette dernière n’est pas ressortie victorieuse de ce fait divers, dévoilant au passage des informations essentielles pour l’alliance Atlantique. Et au passage l’opération Baltic Sentry y a gagné en reconnaissance internationale.

L’avion de la Marine Nationale a bien évidemment rapidement repris le chemin du retour. L’illumination au radar par une batterie SA-21 Growler, aussi connue sous sa désignation russe de S-400, n’est pas un incident isolé à prendre à la légère. Ce type de missile sol-air peut parfaitement abattre un avion de la catégorie de l’ATL-2 Atlantique sans laisser la moindre chance de survie aux membres d’équipage. On pourrait alors croire que la Russie menait alors 1-0.

Sauf que l’intimidation des forces de Moscou contre l’avion français, qui rappelons le survolait l’espace maritime international et évoluait sous plan de vol et avec transpondeur allumé, s’est fait en deux temps. Dans le premier les Russes ont tenté de brouiller à la fois les communications et les données GPS de l’avion afin de l’isoler de l’OTAN. Faisant cela ils ont dévoilé la présence d’éléments de guerre électronique sis dans l’oblast enclavé de Kaliningrad. Selon toutes vraisemblances c’est l’action commune d’une batterie Borissoglebsk 2 contre les communications et d’une batterie Krasukha contre le positionnement de l’ATL-2 Atlantique qui a été engagée. Dans le second temps la Russie a donc choisi d’accrocher au radar l’avion français par une batterie SA-21 Growler. L’équipage de la Marine Nationale en a donc été immédiatement informé via le détecteur d’alerte radar du bord.

Alors pourquoi la Russie n’est-elle pas victorieuse dans l’affaire, et même mieux est-elle la grande perdante ? Parce que ce n’est pas à un vulgaire avion de transport militaire ou de surveillance côtière que ses batteries de DCA et de guerre électronique se sont attaquées. C’est à un Dassault-Breguet ATL-2 Atlantique. Malgré son âge désormais avancé et son futur remplacement par un Airbus Defence A321 MPA c’est un redoutable guerrier du ciel. Les données récoltées lors de l’accrochage franco-russe ont été analysées. Et ce qui en est ressorti c’est tout sauf du flan. Non seulement les Alliés ont la confirmation que Moscou entretient à Kaliningrad des batteries Borissoglebsk 2 et Krasukha ainsi que S-400 mais en outre leurs positions sont désormais connues ! Un partout ? Non 2-1 pour les Alliés. Alors bien sûr il s’agit là d’équipements mobiles et donc sans doute déjà déplacés pour autant c’est une petite victoire pour le renseignement aéroporté allié vis-à-vis de l’ennemi.

Car pour l’opération Baltic Sentry la Russie n’est pas un adversaire, c’est l’ennemi déclaré !

Photo © Marine Nationale


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Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

4 réponses

  1. Arnaud, très bien vu.
    Sans compter que l’ATL-2 a sûrement enregistré des informations électro-magnétiques sur le fonctionnement du S-400 et que ces informations vont permettre d’en savoir encore un peu plus sur ce système, et surtout de savoir comment le déjouer. Pour le coup, les opérateurs auraient mieux fait de s’abstenir…

    1. Hum…
      Pour mémoire, la Turquie, membre de l’OTAN, a acheté des S400 il y a quelques années. Du coup elle a été interdite d’achat de F35 et de F16V.
      Et, il y a peu, elle a été , à nouveau autorisée à acheter des F16V.
      A mon avis, ça n’a pas été gratuit, il se pourrait que les caractéristiques du S400 aient servi de monnaie d’échange pour revenir dans les grâces de l’administration US,

  2. C’est ce que certains ont dit ici dès le départ. En se dévoilant les russes ont donné une mine d’informations que l’atlantique 2 s’est empressé d’aspirer. Il est fait pour ça. Le matériel est mobile donc ce n’est pas le plus important, par contre les fréquences radars, les procédures, la chaîne de commandement, le ou les centres de commandement, vous ne pouvez pas les changer en un claquement de doigts. Parce que c’est pas l’opérateur de base sur la batterie qui a décidé de lui-même. Ces informations sont précieuses. J’imagine qu’à L’OTAN ils avaient déjà une idée assez précise des choses mais tous ces flux ont été collectés et analysés. Au final, c’était une pure opération médiatique qui n’est pas sans intérêt pour le narratif russe car certains vont nous faire croire qu’on est à deux doigts de la 3ème guerre mondiale ou que la France a été humiliée et autre baratin du même genre. J’attends aussi le complet sur le message politique envoyé par la Russie. S’ils avaient tiré, c’était un message politique mais ils ne l’ont pas fait. Ils ne sont pas idiots. Shooter un aéronef avec transponder allumé dans l’espace aérien international agissant dans le cadre d’une mission OTAN, c’était s’exposer à des représailles. Pas parce que L’OTAN est va-t-en guerre mais parce que les alliés n’auraient pas eu le choix.

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