Généralement quand on pense aéronautique polaire on imagine les Lockheed LC-130H Skibird de l’US Air Force. Pourtant la Fuerza Aérea de Chile a aussi cette spécialité, en Antarctique. Dans le cadre de son opération Estrella Polar III ce sont des hélicoptères Sikorsky MH-60M Blackhawk et des avions De Havilland Canada DHC-6 Twin Otter et Gulfstream G.IV qui ont transporté au pôle sud une délégation institutionnelle et scientifique. Quelques «VIP» faisaient partie du voyage.
Première grosse opération militaire chilienne en 2025 Estrella Polar III devait permettre au président chilien, monsieur Gabriel Boric, de rejoindre la base scientifique américaine Amundsen-Scott. Le chef d’état était accompagné d’une partie de son gouvernement dont madame Maya Fernández, actuelle ministre de la défense. C’est la petite fille de l’homme d’état Salvador Allende lâchement assassiné le 11 septembre 1973 par la dictature fasciste de Pinochet. Mesdames Antonia Urrejola et Maisa Rojas, respectivement ministres des affaires étrangères et de l’environnement, les accompagnaient. Les chefs d’état-major des trois composantes militaires chiliennes étaient également du voyage. Et celui-ci ne fut pas de tout repos. Il dura 30 heures. Ou comment bien commencé l’année nouvelle.
En premier lieu toute la délégation a embarqué à bord de l’unique Boeing 767-300ER de transport de la Fuerza Aérea de Chile. Il les a transporté de Santiago du Chili jusqu’en Terre de Feu, à la pointe méridionale de l’Amérique du Sud. Ensuite ils ont embarqué à bord de deux jets militaires Gulfstream G.IV en direction d’une drop zone aménagée en Antarctique. Ces avions conçus pour les vols d’affaire n’ont eu aucun souci pour s’y poser et en redécoller. C’est à partir de là que pour la délégation officielle les choses sérieuses commençaient. Fini le confort feutré du G.IV et bienvenu dans l’aviation militaire au travers de ce qu’elle à de plus rock & roll : le Twin Otter et l’hélicoptère de transport d’assaut. Ce sont les deux avions de brousse de conception canadienne et les deux hélicoptères d’origine américaine qui ont permis à tout ce petit monde d’atteindre Amundsen-Scott et le pôle sud.
Le but de Gabriel Boric était double. D’abord démontrer que son pays domine toujours l’élite mondiale dans le cadre des vols en zones polaires et ensuite montrer la fragilité de l’Antarctique lourdement touchée par le réchauffement climatique. Paradoxalement il lui a fallu s’y rendre avec le moyen le moins écoresponsable possible : le transport aérien. Sauf que pour aller aussi loin au sud il n’y a rien d’autre que l’avion et l’hélicoptère. Et encore pas tous…
Il faut d’ailleurs signaler que deux avions de transport tactique Lockheed C-130H Hercules étaient en réserve en Terre de Feu en cas de pépin. Ils n’ont fort heureusement pas eu à intervenir. Au travers d’Estrella Polar III c’est aussi la première fois qu’un président chilien se rendait au pôle sud. Ce genre d’expédition permet aussi de voir jusqu’où l’aviation peut aller pour aider à la compréhension de notre planète.
Photos et illustration © Fuerza Aérea de Chile
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8 réponses
Il est vrai qu’actuellement au pôle sud, c’est l’été et que les températures sont nettement plus agréables (de -20 à -35 quand même…). Les aéronefs doivent avoir de sacrés systèmes de dégivrage ! Je serais curieux de savoir quels hélicoptères les Français et les Italiens utilisent sur leurs bases en Antarctique. Comment aussi ne pas être émerveillé par les capacités des Twin Otter : ils savent tout faire.
Merci pour ce bel article. Une nuance: je n’ai aucune sympathie pour À Pinochet, pour autant S Allende s’est suicidé. Parler d’assassinat risque d’être sur-interprété par celles et ceux qui ont oublié cette époque terrible.
Il a été suicidé par la dictature Pinochet. Les fascistes l’ont donc assassiné. C’est dans la majorité des manuels d’histoire.
Peut être que je dois faire parti de l exception mais j ai pas besoin d aller dans l espace pour savoir que la terre est ronde, d aller au Brésil pour savoir que l’ Amazonie est deforestée a une vitesse folle ou que la fonte des glaces s accélère, même en Antarctique….
Ridicule ce déplacement
Bonjour Youpe, Arnaud, se déplacement n’est pas ridicule, ca permet juste de remettre une pièce dans la machine médiatique pour remettre en lumière le réchauffement climatique. La preuve en est que Arnaud, de l’autre coté de l’hémisphère, a fait un article sur ce déplacement. Donc pour moi, chaque fois que l’on peut remettre en évidence des dégâts écologiques dû à l’activité humaine, cela permet de garder à l’esprit que l’on doit protéger notre belle planète.
Bonjour Arnaud, la photo du MH60M est impressionnante. Je ne pensait pas que cet appareil pouvait emmener autant de réservoir externe. As t’on idée de la distance franchissable de l’appareil avec tous les réservoirs pleins ?
Bonjour Cris-Tof. Lors de la présentation de l’ESSS, Sikorsky annonçait une autonomie de 1.200 Milles Nautiques (2.222,4 kms) avec 2 réservoirs de 230 gallons et 2 de 450 gallons. Ici, le Blackhawk semble être équipé de 4 réservoirs de 230 gallons. L’autonomie est donc moindre, vraisemblablement de l’ordre de 1.000 MN. Il faut noter que l’utilisation de 4 réservoirs a été abandonnée, au combat, dans la mesure où cela limitait l’utilisation des mitrailleuses latérales.
Moi aussi, j’ai trouvé les réservoirs externes impressionnants. Par simple plaisir, j’ai fait un petit calcul et le résultat est assez édifiant. Si, comme je le pense, ce sont 4 réservoirs de 230 gallons soit un total de 960 gallons ou 3.480 litres cela représente une masse de 3.480 litres X 0,75 (poids relatif du carburant) soit 2.610 kgs (ce qui n’est pas extraordinaire). MAIS cela lui laisse une marge de chargement interne de l’ordre de … 1.700 kgs ! J’imagine qu’il y avait une bonne partie dans son réservoir interne …