C’est un coup de tonnerre dans l’industrie aéronautique italienne. L’avionneur Piaggio a été racheté par le constructeur turc Baykar, jusque là spécialisé dans les drones militaires. Depuis plusieurs années cet ancien fleuron transalpin vivotait grâce notamment à son avion d’affaire à succès P.180 Avanti. Quid désormais de l’avenir du drone P.1HH Hammerhead développé conjointement avec le groupe Leonardo.
En fait les gouvernements italiens successifs avaient placé Piaggio sous perfusion depuis six ans. C’est en décembre 2018 que le commissaire extraordinaire Vincenzo Nicastro prend les commandes de Piaggio pour le compte de l’état. Il s’agit alors sauver le soldat Piaggio. Si ce n’est pas forcément vital pour l’économie du pays ça l’est pour le moral des Italiens. Piaggio est un monument historique qui produit des aéronefs depuis les années 1920. Son P.108 fut à un certain moment le plus gros avion militaire produit dans le pays et son P.180 Avanti se vend alors encore très bien. Rappelons que cet avion a même au début de son aventure tuer son seul et unique véritable concurrent : le Beechcraft Model 2000 Starship américain. Excusez du peu.
La crise pandémique mondiale du Covid-19 va même permettre à un moment donné à Piaggio de sauver les meubles. Ça ne durera qu’un temps. Il y a trois ans actionnaires et personnels appelaient littéralement au secours, il fallait racheter l’avionneur. D’autant qu’au travers de l’Avanti EVO son bimoteur d’affaire continue d’attirer les clients, en plus du programme de drone MALE P.1HH Hammerhead . Ce dernier est développé avec Selex ES, une des branches du géant Leonardo.
Il y a quelques semaines le gouvernement italien a fait savoir que trois propositions de rachats étaient sur la table et que toutes trois présentaient des gages en matière de stabilité économique et de maintien de l’emploi industriel dans la Botte. Et hier vendredi 27 décembre 2024 Rome a dévoilé le nom de l’entreprise sélectionnée : Baykar. Le géant turc des avions sans pilote va donc se renforcer en rachetant l’entreprise mais aussi la marque Piaggio.
Pour celles et ceux qui l’ignoreraient Baykar a développé et produit un des drones militaires les plus vendus dans le monde, le Bayraktar TB.2 qui permet notamment à l’Ukraine de résister contre l’envahisseur russe. À son catalogue elle compte aussi le très réussi Akinci qui se vend de mieux en mieux et le très ambitieux Kizilelma dont l’entrée en service opérationnel est attendu pour l’année prochaine.
Que ce soit du côté de Rome ou d’Ankara on se félicite sur cet accord industriel et économique. Pourtant ni les Italiens ni les Turcs ne sont prêts à parler gros sous. Le montant de la transaction n’est donc actuellement pas connu. Il faudra attendre que les commissaires européens s’y intéressent vraiment pour qu’on sache combien Baykar a été obligé de débourser pour s’offrir Piaggio.
Affaire à suivre.
Photos et illustration © Piaggio Aerospace
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9 Responses
L’Europe et l’Amérique du Nord n’ont plus le quasi monopole sur les marchés d’exportation d’aéronefs. Il y avait bien sûr l’ex-URSS qui exportait jadis vers ses vassaux, mais la Russie d’aujourd’hui n’est plus dans la course. C’est un nouveau monde qui se dessine sous nos yeux !
Espérons pour nos amis italiens qu’ils n’ont pas été payés en lire turque…
N’importe quoi !
Si vous êtes déçu en prenez vous aux responsables !
Bonjour Mikaschistera,
Blague perfide …. mais amusant …
en réalité Piaggio Aéronautique dans le second dopoguerra a survécu presque exclusivement pour des commandes publiques.
Le Piaggio P-148, un bon entraîneur, a été adopté seulement par l’armée de l’air italienne. Le Piaggio P-149 a été produit comme avion de tourisme haut de gamme. Bon avion mais commercialement il était un flop total et seulement sauvé par l’adoption de la Luftwaffe comme un entraîneur. Un fabricant italien ne pouvait pas rivaliser avec Beechcraft, Cessna ou Piper.
Le P-136, intéressant amphibie de tourisme, était un avion de niche, et le dérivé P-166 a été adopté pratiquement seulement par les Forces Armées et la Police Italienne ou peu plus. Même s’il faisait toujours du bon travail.
Le Piaggio-Douglas PD-808 fut une catastrophe industrielle. Équipé de deux turboréacteurs Rolls-Royce Viper Mk.526 après le retrait du géant McDonnell Douglas, il fut rejeté par le marché des jets d’affaires et produit en 20 exemplaires, ainsi que deux prototypes, pour l’Aeronautica Militare Italiana.
Il faut dire que la version PD-808GE de guerre électronique a été très appréciée. Dans le N.A.T.O. il était considéré pour son équipement électronique seulement après le General Dynamics EF-111A Raven.
Le Piaggio P180 Avanti était un projet commercialement non viable. On croyait pouvoir concourir sur le marché des luxueux ( et lucratifs ) Business jet avec un turbopropulseur. Tentative ratée alors que le segment inférieur du marché est fermement occupé par des avions plus polyvalents et moins chers comme les Beechcraft Super King Air.
Même dans le secteur des moteurs, Piaggio a produit uniquement sous licence. Le secteur survit principalement parce qu’il assure l’assistance aux Rolls-Royce Viper produits sous licence pour l’Aermacchi MB-326 et pour l’Aermacchi MB-339.
En bref, une histoire de projets velléitaires et avec peu d’avenir.
Maintenant, espérons que ce ne sont pas les travaux de Piaggio et être payé en lires turques.
Traduit par google.
Vous remarquerez d’ailleurs Vittorio que huit avions Piaggio sont référencés dans la partie encyclopédique de notre site, vous les retrouvez ici : https://www.avionslegendaires.net/encyclopedie/constructeur/piaggio/.
Piaggio ne faisaient plus que 3 ou 4 avions par an… ce n’était qu’une question de temps
Beau coup de la part d’un industriel en plein boom. Mon avis perso pour les raisons: les moteurs fabriqués par l’industriel Italien.
Baykar se fournissant jusqu’à présent chez un fabriquant Ukrainien, intègre de cette façon cette composante primordiale.
À suivre.
Salut Arnaud et les Passionnés,
Je mets les pieds dans le plat tout de suite, mais cette nouvelle ne m’enchante pas vraiment. Cependant, comme les parties ont trouvé un accord, c’est qu’ils ont pesé le pour et le contre, et que les avantages sont supérieurs aux inconvénients et risques…donc…
Pourquoi cela ne m’enchante pas ? c’est très simple; tant que ce pays sera sous l’emprise de son autocrate, que dis-je dictateur, le mal nommé Erdogan, et de son entourage familial ou proche, qu’il a installé aux commandes politiques, économiques et financiers du pays, je ne ferai pas confiance à ce genre de rachat. Pourquoi donc….? puisque c’est une reprise d’entreprise européenne par une société non européenne comme il en existe des dizaines, voir centaines par an….? Justement car cette société aéronautique turque « Baykar », n’est pas comme les autres, elle est dirigée par Selçuk Bayraktar, gendre du président turc et est leader mondial sur le marché des drones militaires. A ce titre, elle entre dans la stratégie au minimum régionale, tant militaire qu’économique, et donc politique du dictateur, qui consiste à s’insérer insidieusement ou avec la force dans les rouages des systèmes de décision internationaux, afin de se rendre indispensable ou tout du moins peser sur des décisions qui pourraient nuire à ses ambitions nationalistes….
Erdogan, c’est un petit Poutine asiatique en puissance, qui a commencé à installer sa toile, et ne s’en cache plus….Comme Poutine, il teste la résistance des européens et des USA, ses soi-disant « Alliés » dans l’Otan….et dès qu’une opportunité s’offre à lui, il y met un coin pour forcer la porte…
Ce genre de rachat est un nouveau coin, parmi d’autres, même si les italiens y trouvent un intérêt économique et industriel immédiat. On pourrait aussi se dire que c’est une vision à long terme des italiens et européens, lorsque Erdogan ne sera plus aux commandes de ce grand pays. Mais pour l’instant, celui qui compare publiquement la démocratie à un tramway dont il faut savoir descendre une fois arrivé à destination, est toujours au pouvoir et compte bien y rester, par tous les moyens. Et tout ce qui peut sembler favorable à la Turquie comme cette acquisition aéronautique, tant sur le plan économique, militaire, et politique…, renforce évidemment l’image de son nouveau Sultan et l’éloigne de sa déchéance….
Aéronautiquement,
Cela a du sens pour terminer le développement du drone MALE P.1HH Hammerhead coté italien et élargir coté turque l’offre de drones qui ont du succès à l’exportation . La persévérance des administrateurs italien va peut être s’avérer un win-win . Indépendamment de nos fréquentes différences de point de vues sur les programmes franco allemands , belle année aéronautique 2025