La particularité de l’hélicoptère biturbine européen c’est qu’il fait travailler ensemble Airbus Helicopters et AgustaWestland, deux constructeurs habituellement antagonistes. Chacun peut commercialiser et construire ses propres machines, mais jusque là le groupe Airbus systématiquement l’emportait sur Leonardo. L’emploi de l’imparfait est essentiel ici puisque la Royal Saudi Navy a choisi l’industriel italien au détriment de son concurrent européen afin de construire les NH-90 NFH qu’elle compte commander. Ceux ci remplaceront à l’horizon 2027 deux modèles construits jadis par Aérospatiale et Eurocopter.
Cela reste cependant une victoire pour l’industrie aéronautique européenne. Car le NHIndustries NH-90 NFH était en compétition avec le Sikorsky MH-60R Seahawk. Dix exemplaires de ce dernier sont d’ailleurs en service depuis 2017 dans ce pays du Golfe. Aussi l’hélicoptère américain était donné favori comme successeur unique des Aérospatiale AS.332 Super Puma et Eurocopter AS.565 Panther de la Royal Saudi Navy.
La victoire européenne fut pourtant le fruit d’un important lobbying italien… et français. Alors pourquoi AgustaWestland plutôt qu’Airbus Helicopters ? Non pas que la maison mère Leonardo soit plus fiable que sa concurrente et pourtant partenaire Airbus mais la décision de favoriser Rome par rapport à Berlin et Paris est plutôt à chercher sur les plans diplomatiques et institutionnels. Airbus Helicopters est avant tout franco-allemand et les Saoudiens ont sans doute encore en mémoire, et en travers de la gorge, les bisbilles avec l’Allemagne autour du programme d’acquisition de chasseurs EF-2000 Typhoon. Pour autant il reste la France et là c’est l’actuelle instabilité institutionnelle de notre pays qui semble lui jouer de mauvais tours sur la scène internationale. Ce qui objectivement parlant est totalement stupide. Même si la France a essuyé une motion de censure obligeant le premier ministre Michel Barnier à démissionner, remplacé hier par François Bayrou, elle n’en demeure pas moins un pays en parfait état de fonctionnement. Nos fonctionnaires y veillent.
Surtout diplomatiquement parlant l’Italie s’accommode très bien du régime saoudien. Si Ryad paye Rome peut très bien fermer les yeux sur les atteintes aux droits fondamentaux. En tous cas bien mieux que Berlin et Paris !
Donc plus qu’une question purement industrielle entre Airbus Helicopters et AgustaWestland il s’agit ici d’un pure histoire de diplomatie. Et dans les marchés d’armement celle-ci est souvent essentielle. L’Italie l’emporte donc sur ses partenaires allemands et français. Ne soyons pas trop ronchons c’est de bonne guerre entre amis…
Désormais la balle est dans le camp de la Royal Saudi Navy afin de commander les dits hélicoptères, dont le nombre n’a pas été clairement divulgué mais qui devrait tourner autour des 20 à 25 exemplaires.
Affaire à suivre
Photo © Marina Militare
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Une réponse
Vous allez encore faire pleurer Charlie si vous critiquez Airbus Helicopters. En tous cas cet article éclaire sur les réalités d’un contrat entre adversaires habituels. Ca doit être un casse tête de chaque instant.