Georges GUYNEMER

Faire face

Georges Guynemer est né la veille de Noël 1894 dans une riche famille parisienne aux origines aristocratiques. Malgré une santé vacillante l’enfant montre très vite les signes d’une remarquable intelligence. Il grandit en Normandie, dans le château familial sur la commune du Thuit. Il est très entouré de sa mère et de ses deux sœurs ainées et suit les cours d’un précepteur. Adolescent il rentre à Paris pour intégrer le prestigieux collège Stanislas. Il y obtiendra son baccalauréat à l’âge de 17 ans. En dépit de ses très bons résultats sa forme physique très dégradée lui ferme les portes de Polytéchnique. Il reprend alors les cours d’un précepteur.

Quand la Première Guerre mondiale éclate le jeune George a encore 19 ans. Toujours en raison de sa mauvaise santé il n’est pas mobilisable. Pourtant il veux combattre. Son père et son parrain, le premier ex élève de Saint-Cyr et le second ancien diplomate, font jouer leurs relations afin qu’il puisse rejoindre un régiment. Ce sera finalement l’école d’aviation de Pau, une des très rares formant en cette fin d’année 1914 au pilotage des premiers aéroplanes militaires. Réticent dans un premier temps son directeur, le pionnier de l’aviation Alphonse Bernard-Thierry, accepte de le recruter et de le former. George Guynemer n’a pas que des appuis dans les hautes sphères il est aussi et surtout très déterminé. Et cela plait au capitaine Bernard-Thierry ! C’est le tonitruant Paul Tarascon qui devient son instructeur en janvier 1915. Georges a alors à peine 20 ans.

Le 1er février suivant il débute ses entraînements au roulage sur un Blériot XI… sans ailes. Sa formation se poursuit sur le terrain d’aviation d’Avord où il débute ses premiers vols. Finalement Georges Guynemer sera breveté pilote dès le 26 avril 1915. Un mois et demi plus tard il est affecté à Vauciennes en Picardie où est stationnée l’escadrille MS.3 du capitaine Antonin Brocard. La légende est en marche. Il vole alors sur Morane-Saulnier Type L, le fameux Parasol ! La MS.3 n’est alors pas à proprement parler une unité de chasse, ses équipages mènent plutôt des missions d’observations, de réglages d’artillerie, de reconnaissance diurne, et occasionnellement de bombardement léger. Piqué au vif par le fait que son officier, le capitaine Brocard, ait abattu un Albatros C.II allemand le 3 juillet 1915 le jeune sergent Guynemer renouvelle l’exploit seize jours plus tard. Il a descendu son premier avion ennemi, un Aviatik C.I de reconnaissance. Le 5 décembre 1915 l’escadrille MS.3 devient N.3 en troquant ses Type L pour des monoplaces Nieuport X.

George Guynemer démontre qu’il est très à l’aise sur ce modèle de chasseur dès le 8 décembre en descendant un LVG C.II de reconnaissance. Le 24 décembre 1915 le jeune pilote souffle ses 21 bougies, synonymes à cette époque là de la majorité. C’est le jour choisi par Raymond Poincaré, alors Président de la République, pour lui remettre les insignes de chevalier de la Légion d’Honneur. Il enchaîne les victoires jusqu’au 3 février 1916 date à laquelle la destruction en vol d’un autre Aviatik C.I le fait entrer dans la caste des as. C’est son cinquième avion ennemi abattu. Guynemer est nommé sous-lieutenant. Le 12 mars l’escadrille N.3 quitte Vauciennes pour rejoindre le champ de bataille de Verdun.

Le 16 mars 1916 l’escadrille est engagé contre des avions allemands. Georges Guynemer est blessé au-dessus de Douaumont par les tirs d’un Fokker E.III allemand. Deux balles de mitrailleuse transpercent son bras gauche tandis que des éclats atteignent son visage. Il est obligé de se dégager. La victoire de leur duel sera alors alloué à Oswald Boelcke, un des meilleurs pilotes allemands de Verdun. Guynemer est opéré et envoyé loin du front. Il rejoint sa famille en Picardie pour quelques jours. Cependant le jeune officier est un pilote de chasse dans l’âme, la quiétude le pèse. Il fait tout pour se remettre et le 26 avril 1916il revient comme si de rien n’était en escadrille. Il y subit la ire d’Antonin Brocard qui aurait préféré le voir se reposer un peu. Pour le «punir» il ne l’envoie que très peu combattre jusqu’en juin 1916, époque à laquelle les pilotes de l’unité quittent Verdun pour la Somme.

En décembre de la même année l’escadrille s’appelle toujours N.3 bien qu’ayant commencé à troquer ses Nieuport X pour des SPAD S.VII nettement plus manœuvrables. Le 8 février 1917 l’as Georges Guynemer est le premier pilote allié à descendre à lui tout seul un bombardier lourd allemand Gotha G.III. En parallèle de ses victoires grandissantes le pilote se mue en ingénieur. Il développe son «SPAD-Canon». Le résultat sera le S.XII, un nouveau chasseur doté d’un canon de calibre 37 millimètres tirant au travers du moyeu de l’hélice. C’est d’ailleurs sur un avion de ce type que le pilote atteint le score de cinquante avions allemands abattus. Au fur et à mesure des semaines qui passe le capitaine Guynemer devient même conseiller technique pour l’avionneur. Louis Béchereau, l’ingénieur en chef de SPAD, le consultera à plusieurs reprises pour la conception du célèbre S.XIII.

Le 9 septembre 1917 le moteur de son SPAD S.XII connait des ratés, obligeant l’as français à se poser sur le terrai d’aviation des Moëres près de Dunkerque. Il y retrouve son ami, l’as belge Willy Coppens. Les pilotes belges peuvent alors voir de près ce chasseur conçu par l’un d’entre eux. Deux jours plus tard, au matin, Georges Guynemer décolle depuis un terrain voisin à bord d’un SPAD S.XIII. Son ailier est le lieutenant Jean Bozon-Verduraz. Les deux aviateurs patrouillent le ciel de Belgique quand ils repèrent un avion de reconnaissance ennemi, un Rumpler C.IV. Ils fondent sur lui. Malheureusement celui-ci était un leurre destiné à appâter la chasse française. Un groupe de chasseurs Fokker D.V apparait et s’en prend aux deux biplans de l’Aéronautique Militaire. Bozon-Verduraz perd Guynemer des yeux. Le dogfight se déroule au-dessus du village belge de Poelkapelle. L’ailier réussit à rentrer à sa base, pas Guynemer.

L’annonce le 11 septembre 1917 de la mort de George Guynemer est un choc partout en France. Ni sa dépouille ni son avion ne seront retrouvés. Poelkapelle ce jour là était détrempée par des semaines de pluies. Pas de corps pas de tombe ! Pourtant une plaque commémorative en son nom se trouve à Paris au Panthéon. L’as aux 53 victoires homologuées voisine donc avec Victor Hugo, Jean Jaurès, ou encore Pierre et Marie Curie.
Sa devise personnelle : «Faire face» est devenue celle de l’Armée de l’Air puis aujourd’hui de l’Armée de l’Air et de l’Espace. Son nom a été porté par deux bases aériennes françaises, la BA 102 de Dijon Longvic et la BA 117 de Paris. Son ancien SPAD S.VII, le «Vieux Charles» est préservé au Musée de l’Air et de l’Espace du Bourget en proche banlieue parisienne. En 1997 la monnaie de Paris frappa un pièce commémorative de 2 francs pour les 80 ans de sa mort. Une cinquantaine de villes françaises ont nommé une rue, une place, ou encore un boulevard à son nom. Georges Guynemer vit toujours dans la mémoire collective, plus d’un siècle après sa mort à même pas 23 ans.


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Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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