Va t-on vers un bras de fer entre Dassault Aviation et le ministère des Armées autour du Rafale ?

C’est un peu la question qui fâche : Dassault Aviation doit t-il produire ses chasseurs avant tout pour la France ou pour les pays étrangers ? Et en filigrane c’est ce que le Chef d’État Major de l’Armée de l’Air et de l’Espace, le général Jérôme Bellanger, plaide en ce moment. Il désirerait que les Rafale F4 actuellement sur chaîne d’assemblage lui reviennent avant les clients exports. Un jeu d’équilibriste qui pourrait tendre les relations entre Balard et Saint-Cloud.

Le CEMAAE s’entretenait ce mercredi 20 novembre avec la presse spécialisée défense et l’un des sujets abordés a donc été la supposée prévalence de l’Armée de l’Air et de l’Espace (et même de la Marine Nationale) sur les clients étrangers du Dassault Aviation Rafale. Il faut dire que le général d’armée aérienne Bellanger doit s’assurer que le format de l’aviation de chasse ne soit que peu impacté par la cession d’un lot de Mirage 2000-5F à la Povitryani Syly Zbroynykh Syl Ukrayiny, l’aviation militaire ukrainienne. Ces monoréacteurs seront livrés dans quelques semaines.

Pour lui donc pas de doute, et sa démarche est parfaitement logique : il faut remplacer les dits Mirages 2000-5F par des Rafale F4. Sur le papier c’est d’une simplicité enfantine. Sur le papier seulement car l’avionneur doit jongler entre les avions en commandes par le ministère des Armées et ceux acquis par des clients étrangers comme les Émirats Arabes Unis ou bien l’Indonésie. En fait du côté de l’avionneur clodoaldien la donne est sensiblement différente. Certes l’Armée de l’Air et de l’Espace demeure sa principale et historique cliente sur le Rafale mais il ne doit pas négliger ses contrats à l’export. Il en va d’ailleurs de son image de marque. Dassault Aviation est mondialement connu pour la régularité de ses livraisons d’avions de chasse.

Or si demain le constructeur décide de répondre favorablement aux attentes du CEMAAE il risque fortement de dégrader cette image auprès de ses futurs clients. Car si le Rafale semble en mauvaise posture en Amérique du Sud ce n’est pas forcément le cas ailleurs dans le monde. En Inde une signature est attendue dans les prochaines semaines pour vingt-six Rafale M tandis que les Rafale B et C seraient en très bonne position actuellement auprès de l’Arabie Saoudite. Ce qui serait une grande première avec ce pays du Moyen-Orient ! L’Asie est donc toujours son marché porteur. Mais comment Indiens et Saoudiens pourraient réagir s’ils apprenaient que Dassault Aviation livre la France en lieu et place de ses Émiratis et des Indonésiens ? D’où le numéro d’équilibriste…

Si le général Bellanger venait à obtenir satisfaction auprès de Dassault Aviation il est évident que les Rafale F4 en question seraient livrés à la «toute nouvelle» 5e Escadre de Chasse. Dans ce genre de situation il n’y a pas de bonne ou de mauvaise solutions. Il faudra que les deux parties fassent preuves de pragmatisme et trouvent un terrain d’ententes.

Affaire à suivre.

Photo © Dassault Aviation.


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ARTICLE ÉDITÉ PAR
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Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

30 Responses

  1. Alors qu’une guerre fait rage à nos portes, nous en sommes à devoir décider entre l’équilibre de notre balance commerciale et nos capacités de défense alors même que ces dernières sont déjà à l’étiage. Au fou!!!
    3 Rafale produits chaque mois contre une douzaine de F35 de l’autre côté de l’Atlantique – ce qui n’est pas non plus une performance hors norme – ça me laisse dubitatif.
    Qui fait la politique de défense de la France? Bercy ou Balard? Le conseil d’administration de Dassault ou l’état major de l’AAE?
    Nous sommes devenus incapables de produire des avions, des chars, des obus, et même les munitions de petits calibres. Les drones en tous genre?… on ne sait pas ce que c’est. Notre marine?…coulée!
    Le problème: Nous avons des ingénieurs, des techniciens et des ouvriers de grande qualité, mais un personnel politique en dessous de tout, toutes tendances confondues.

    1. Simplement, qui voulait payer plus pour la défense avant qu’un type comme poutler ne menace tout l’occident depuis 3 ans? Pas grand monde… c’est aussi ça la démocratie.
      D’ailleurs, même en Russie poutiniene on est obligé d’aller se servir en armes chez les autres copains dictateurs tellement l’armée russe n’avait pas anticipé non plus un conflit à longue durée. Conflit qu’elle a pourtant elle même provoqué et déclenché !
      L’important dans tout cela, c’est que l’industrie aéronautique russe est en déliquescence et que cela profite à celle de la France notamment.

    2. Il ne faut pas exagérer ni déformer la réalité. Vous en voyez beaucoup des sous marins nucléaires d’attaque ou lanceurs d’engins autour de vous en europe? Vous pensez que le porte avion russe est sans doute plus a
      à la pointe que le groupe aéronaval français? Allons allons, nous faisons ce que nous pouvons avec un budget limité. C’est argent du citoyen, il ne faudrait pas l’oublier. Et en france comme en europe , on sort de plusieurs dizaines d’années de paix ou on a aménagé le territoire crée des hopitaux , des facultés , des centres de recherche , de la securité civile etc etc . Donc personne n’a a critiquer un état qui a juste dépensé de l’argent la ou il était important de dépenser. Seuls les dictateurs balancent le pognon dans l’armement. Mais la russie est en train de se ruiner,en fin d’année prochaine, elle n’aura plus de liquidité et son industrie ne suffit pas à combler les manques non plus. Sa situation deviendra alors extrêmement grave.Les USA aussi malgré le budget colossal ont de sérieux problèmes avec leurs sous marins concernant la maintenance . Le niveau de prélèvements d’impôts en france est très élevé et personne ne voit l’État passer a 4% du pib le budget de la défense même si actuellement il serait urgent de le faire . Tout coûte cher, en russie ils ont une grande armée et des des pauvres par millions, ici le choix est fait . Si prochainement on rentre en guerre , ce qui sera fort probable avant 2030, alors nous rentrerons en economie de guerre comme ceux en face, adviendra ce qui adviendra…

      1. Oui, ce que vous décrivez là, politiques et journalistes appellent ça les dividendes de la paix… Genre paix froide puisque faisant suite à une guerre dite froide.
        Mais que je sache, pendant cette guerre froide, nous avons aussi aménagé le territoire, construits des facultés et des hôpitaux, etc…. C’était sans doute les dividendes de la guerre froide!
        Ah oui, juste un petit détail, à cette époque nous avions un tissus industriel très fort et des leaders politiques qui avaient des visions d’avenir. Depuis trop longtemps maintenant, nous sommes devenus une économie du tertiaire. Ben oui, hein, il fallait éradiquer la classe ouvrière,…tous ces rouges avec le couteau entre les dents!
        Et nos leaders politiques sont des gestionnaires qui n’ont de visions que celles de leurs tableurs excel alimentés par nos brillants inspecteurs des finances qui sévissent à Bercy.
        Alors excusez moi, mais je regrette un peu le temps d’avant. Surtout avec une guerre bien chaude à nos portes…
        Quoique, je suis sûr qu’il y a moyen d’en tirer des dividendes… c’est d’ailleurs à ça que ça sert les guerres, non?

      2. Pas certain que discuter économie de guerre fasse progresser le debat: si l’UE rentre en guerre contre Poutine, du fait du rapport de forces à son désavantage, il y a de grandes chances que des armes non conventionnelles soient utilisées ! Et là, la question de l’économie passé loin derrière celle de la simple survie…

  2. Les 2 parties vont trouver comme toujours un terrain d’entente, la préférence nationale doit primer bien sûr
    C’est un pb de riches :), sous entend que le carnet de commande est bien rempli

  3. Il est certain que les sessions de 12 Rafale AESA pour la Grèce suivies de 12 Rafale PESA pour la Croatie, l’attrition des deux derniers Rafale et les livraisons des Mirage 2000-5F, mettent à mal le potentiel de l’AAEF. Les derniers contrats EXPORT mettent également sous pression la production avec un doublement des chaines d’assemblage qui reste encore insuffisant. Cependant, la demande de l’AAEF est légitime en regard des différents efforts qu’elle a consenti vis à vis du SOUTEX assuré. Juste retour des choses en regard de la tension internationale actuelle.
    En complément, Dassault Aviation ne doit pas sous estimer ses partenaires et ses différents sous traitants afin d’assurer l’approvisionnement des chaines d’assemblages et pourvoir également au travers de son MCO verticalisé RAVEL, à l’approvisionnement des pièces de rechanges neuves. Pour le maître d’oeuvre Dassault Aviation, un équilibre fragile nécessaire à la satisfaction de tous les besoins, qu’il se doit d’assurer.

  4. Il est certain que les sessions de 12 Rafale AESA à la Grèce, des 12 Rafale PESA à la Croatie, l’attrition des deux derniers Rafale et les prochaines livraisons de Mirage 2000-5F à l’Ukraine mettent sous pression l’AAEF. Les compensations en matériels neufs ne suivent pas alors que l’AAEF a toujours été le moteur essentiel en matière de SOUTEX.
    Malgré l’augmentation des chaines de production, Dassault Aviation ne sait pas honorer ses engagements et les partenaires du programme et les sous-traitants sont également à la peine.
    Juste retour des choses de la part de l’AAEF dans une période de tension internationale et des commandes export qu’il aurait fallu anticiper avec toutes les difficultés inhérentes aux délais de mise en place d’un outil industriel adapté.
    Autre conséquence induite, la fourniture de pièces de rechange neuve est également impactée alors que Dassault Aviation doit assurer le MCO verticalisé RAVEL. A ne pas négliger vis à vis de la disponibilité de la flotte RAFALE France.
    De bonnes et longues négociations en perspectives !

  5. La solution me semble simple SI Dassault a l’aval du client et que la France paye les éventuelles pénalités.

    Dans le cas contraire..aïe ! Il me semble d’ailleurs que les prélèvements d’avions dans l’AAEF ont reçu l’aval du gouvernement de la France.

    Je suis donc assez étonné de cette déclaration a posteriori du chef d’état major !

    1. « Il me semble d’ailleurs que les prélèvements d’avions dans l’AAEF ont reçu l’aval du gouvernement de la France. »
      C’est évident puisque ces avions appartiennent à la France et donc gérés par le gouvernement

  6. Dassault, n’est pas une société d’état, si elle ne comptait que sur les commande de l’AAE, cela ferait longtemps qu’elle aurait mis la clé sous la porte. Ca aurait dû être aux politiques et militaires de se poser la question ! Si Dassault fais attendre des clients étranger pour cause de préférence nationale, je ne suis pas sur que les clients vont se bousculer aux portillon par la suite. Et si il n’y a plus de client étranger, vu le rythme de commande de l’AAE, je ne suis pas sur de la viabilité de la ligne d’assemblage.

    1. Euh… ça marche aussi dans l’autre sens.
      Si Dassault fait attendre son client français pour cause de préférence de son chiffre d’affaire à l’export, je ne suis pas sûr que son client français n’ait pas intérêt à aller voir ailleurs…
      Après tout, l’AAE a une guerre à préparer. Chacun voit son intérêt à sa porte.

    2. Ce n’est pas aussi évidente car la pérennité d’un programme avion militaire est assurée par les commandes du pays de l’avionneur donc les clients export le savent bien.

    3. Si le RAFALE rencontre de nombreux succès à l’export, c’est aussi en grande partie grâce aux SOUTEX de l’AAEF et aux retours d’expériences de l’AAEF et de l’ANF qui ont essuyé les plâtres lors des mises en services des premiers standards.
      Si celui-ci est également déclaré « Combat Proven », il le doit surtout à ses premiers utilisateurs et Dassault Aviation ne doit pas l’oublier.
      Un juste retour sur investissement qui se doit de satisfaire les efforts consentis par la participation nationale à la réussite du programme, et ce pari n’était pas gagné d’avance !

  7. Il y a belle lurette que Dassault aurait dû augmenter significativement ses cadences de Rafales. Certes un nouveau hangar d’assemblage est en cours de finition à Mérignac (mais pour assembler quoi ? Des Falcons10 ? Des Rafales ? Les deux ?). Le pb vient, à mon sens, des sous-traitants, qui peinent à suivre… en termes de personnels, investissements de machines sans aides relais..
    Après choisir entre l’AEE et les clients étrangers, je choisirai l’export avec une dose homéopathique de Rafales nationaux. Car vu que nos OPEX se sont réduits comme peau de chagrin…. cela enlève un nombre d’heures de vols non négligeable. Bon c’est vrai , il reste « Chamal »..
    Après « déshabiller Saint-Pierre pour habiller Saint-Paul » c’est presque un sport national pour une certaine gouvernance!

  8. Curieux ce bras de fer aujourd’hui. Toutes les LPM entre 1995 et 2020 ont revu à la baisse le nombre cible de Rafale pour l’AAE et un non-renouvellement pour l’aéronavale.. et je n’ai pas entendu beaucoup de français s’en plaindre. Les politiques nous ont donné ce que nous voulions : du social, du social, du social…. Donc inutile de tirer sur nos élus, ils vous donnent ce que la « masse » veut…
    Quant à Dassault, je comprends qu’ils ne se soient pas précipité pour créer une seconde ligne de montage, quand ils ont vu les prévisions de l’armée française se réduire au fil des ans (environ 1/3 depuis 1990). Et en même temps, « on » leur demandait de rentabiliser le développement avec les ventes export… Ils le font… et avec talent : pour 530 appareils produits ou à produire, ils sont à 50 milliards le programme… à comparer à l’EF2000 …

    1. Opposer la défense au social, ou encore la défense à l’éducation ou à la culture vous nous aviez habitué à mieux fab le vrai. C’est un peu suranné comme vision des choses, c’est très années 1980-1990. Tout comme votre vision de la réduction des forces françaises depuis la chute de l’URSS. Mais bon soit, passons. Et franchement le jour où vous verrez des Français en masse se plaindre des lois de programmation militaire n’hésitez pas à venir me le dire. Les Français n’en ont strictement rien à cirer des LPM, ça les dépasse largement et ils ne peuvent pas faire grand-chose sur le sujet. Faites un sondage dans les rues et vous verrez les Français vous regarder avec des yeux ronds si vous leur parlez LPM. Aujourd’hui leurs inquiétudes premières sont autour du pouvoir d’achat, de l’éducation, et de l’impact du réchauffement climatique sur leurs vies de tous les jours. Navré fab le vrai mais les Français se moquent des lois de programmation militaire comme de leurs premières chemises.

      1. La loi de programmation militaire…
        La dernière en date, qui est aussi l’actuelle, possède une particularité intéressante: bâtie par une association transpartisane, elle s’est vu attribuer de nouvelles directions comme les drones, le cyber, et deux ou trois lignes d’achats presque extravagants.
        Presque: on est en 2024 et un voisin en est à son millième jour de conflit, marqué par un tir de missile balistique intercontinental par la Russie.
        C’est clairement une nouvelle escalade dans la forme, mais peu efficace sur le fond.
        .
        Mais revenons à nos rafales: il pose plusieurs problèmes de fond.
        Le premier, c’est que le temps militaire et industriel n’est pas le temps médiatique, qui lui est infiniment plus rapide : un reportage fait trois minutes, une interview dix, un débat guère plus…
        Monter une usine, c’est des mois, viabiliser une prototype ou changer de version, c’est des années.
        Pendant ce temps, on à le temps de changer de gouvernement et c’est bien ce qui a perdu la première armée du monde de la fin du premier conflit mondial.
        On revit juste cette période étrange où la France se ruinait à faire la ligne Maginot, et investissait massivement dans d’énormes navires cuirassés qui ont eu … Des problèmes à Mers El Kebir.
        Là, c’est plutôt un ensemble de facteurs qui crée un goulot d’étranglement avec des contrats de vente qui dépouillent nos forces tout en ralentissant la fabrication d’appareils qui -heureusement- sont des bijoux technologiques.

  9. En échange des rafales que Dassault veux vendre au saoudien,on récupère les Mirages 2000-9 qu on injecte à l armé de l air pour replacer les 2000-5.

    1. Les Mirage 2000-9 ? Quel rapport avec l’Arabie Saoudite vu qu’ils appartiennent aux EAU. La France ne peux pas les « récupérer » vu qu’ils ne lui appartiennent pas. Il faut arrêter avec ce genre de délire !!!

  10. Votre article transpire l’amateurisme le plus dégoulinant et le plus puant. Dassault n’a pas à se soucié de ce petit général aux ordres de Macron car c’est la plus grande multinational aéronautique d’Europe. Si l’armée de l’Air n’est pas contente c’est le même prix, elle n’a qu’a aller voir avec Boeing ou Lockheed si elle sera mieux lottie ou non.
    Ras le bol de ces macronistes qui croivent qu’on peut tout avoir en claquant des doigts. La France ce n’est pas la macronie. Allez apprendre votre métier et arrétez de nous faire ***** avec vos articles de propagande antifrancaise.

    1. Votre commentaire pue la *****, Dassault arrive a vendre à l’étranger grâce au Gouvernement, à la France et à l’AAE! Visiblement vous ne suivez rien et vos propos sont *********** à tout point de vue.

  11. Il faut trouver l’équilibre entre le marché à l’export et la fourniture à l’armée de l’air et de l’espace. Pas de choix. La survie de l’industrie française d’armement en dépend. Pour maintenir la recherche et développement il faut de l’argent provenant des exportations.

  12. Pour avoir lu sur un autre site militaire « OPEX360 » pour ne pas le citer, M. Trappier annonce que l’usine de Mérignac peut monter à 4 Rafales par mois alors que actuellement l’usine tourne à 2 par mois.

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