À désormais moins de 24 heures de l’ouverture des bureaux de vote la plus grande démocratie du monde refuse de revivre le cauchemar de l’assaut du Capitole, le 6 janvier 2021. Alors Washington DC se claquemure dans les trois dimensions et petit à petit se met à ressembler à un camp fortifié. Face au péril que représentent les plus jusqu’au-boutistes des militants trumpistes l’US National Guard et l’US Air National Guard, relevant respectivement de l’US Army et de l’US Air Force, sont sur le pied de guerre avec leurs aéronefs. Discrètement des hélicoptères en provenance des états alentours ont pris position autour de la ville.
Contrairement à ce que Hollywood présente souvent depuis une vingtaine d’années l’espace aérien de Washington DC n’est nullement protégé par des chasseurs de supériorité aérienne Lockheed-Martin F-22A Raptor. En fait la capitale fédérale des États-Unis est la chasse gardée d’une des plus petites unités de défense aérienne de ce pays : le 121st Fighter Squadron et ses General Dynamics F-16C/D Fighting Falcon. Relevant du 113th Wing cette unité de l’Air National Guard du district de Columbia n’aligne même pas les plus récents des chasseurs de ce type. Les siens sont au standard Block 30/32, le plus vieux actuellement en dotation dans l’US Air Force. Pourtant leurs pilotes connaissent leur job : protéger leur micro état de 177 kilomètres carrés. Imaginez qu’il est tellement petit qu’il ne peut pas accueillir le dit 113th Wing, stationné en fait dans le Maryland à Andrews AFB. Et demain donc, mardi 5 novembre 2024, leurs F-16C/D seront sur le pied de guerre afin d’interdire l’espace aérien de Washington DC à n’importe quel aéronef non autorisé.
Ça c’est en fait pour la partie haute du spectre des menaces que l’US Department of Homeland Security et l’US Department of Defense craignent. Car pour le spectre médian c’est le rôle des hélicoptères de l’US National Guard, donc de l’US Army. Rassurez vous aucun McDonnell-Douglas AH-64D Apache n’a été annoncé présent dans la zone. Après il se peut qu’il y en ait mais les autorités et médias américains sont alors restés très silencieux dessus. Et on les comprendrait le cas échéant. Les éléments héliportés de l’US National Guard du district de Columbia se résument en fait à deux unités : la compagnie G du 3e bataillon du 126th Aviation Regiment et la compagnie D du 1er bataillon du 224th Aviation Regiment. La première unité vole sur Sikorsky UH-60L Blackhawk et la seconde sur Eurocopter UH-72A Lakota. Leurs équipages connaissent parfaitement le minuscule espace aérien de la ville pour s’y entraîner régulièrement. Ses habitants ne sont donc pas surpris de les voir évoluer au-dessus de leurs têtes. Par contre on sait que des renforts de Boeing Vertol CH-47F Chinook et de Sikorsky UH-60L Blackhawk sont arrivés d’états voisins et se sont prépositionnés à quelques minutes de vol seulement du cœur de la démocratie américaine.
Ils pourraient en cas de besoin déposer troupes et matériels au plus près des zones à risque.
Et puis il a le spectre bas, à la charge en priorité des équipes de télépilotes du MPDC. Il s’agit du Metropolitan Police Department of the District of Columbia. Bien entendu ses policiers sur un évènement comme l’élection présidentielle seront renforcés par à peu près toutes les agences fédérales connues sous diverses sigles : ATF, DEA, FBI, et consort… Eux aussi ont des spécialistes capables de mettre en œuvre des drones de surveillance.
Croire que seuls le Capitole et la Maison-Blanche seront protégés c’est mal connaître le système américain. Le moindre bâtiment ou espace vert relevant de l’autorité fédérale fera l’objet d’une surveillance accrue que ce soit sur le plancher des vaches autant que sur les eaux de la rivière Anacostia et du fleuve Potomac. Et bien sûr dans le ciel. Plusieurs médias américains de premier plan indiquent d’ailleurs depuis plus d’une semaine des drones identifiés comme étant des AeroVironment RQ-20A Puma ont été aperçus. Ces engins lancés par la main de l’homme peuvent permettre une observation très correcte d’une zone à forte densité de population. L’autre gros avantage de Washington DC c’est la quasi absence, à la différence de Chicago ou bien sûr de New York, des fameux gratte-ciels. Quasiment aucun immeuble dans la capitale fédérale américaine ne dépasse les dix étages. Même Paris en a plus qu’elle !
Peut-être que les forces américaines de sécurités prennent trop de précautions et sont légèrement paranos sur ce coup là mais comme dit l’adage : «mieux vaut tenir que courir». Et quelque soit le résultat final demain soir, ou plus vraisemblablement mercredi matin, entre Donald Trump et Kamala Harris il faut espérer que la paix civile demeure. Les 13000 à 15000 militaires déployés aux abords de Washington DC l’auront donc été pour pas grand-chose. Leurs membres auront au moins pu faire de beaux selfies, c’est déjà ça.
Affaire à suivre.
Photo © US Department of Defense.
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5 Responses
Merci Arnaud pour ces infos assez incroyables. Washington sur le pied de guerre (ou presque) pour un ennemi intérieur. !!!
Je parlais hier avec de la famille installée à Phoenix et il règne en effet un stress chez les américains qui craignent des troubles, quel que soit le vainqueur.
Les USA sont tellement divisés et chaque camp est tellement polarisé que parler politique est devenu un sujet tabou entre collègues ou même en famille.
Et comme me disait cette personne de Phoenix beaucoup d’américains modérés estimeraient que les 2 candidats sont mauvais, quelque soit le vainqueur ce sera 4 années pénibles. L’un est incontrôlable et dangereux, l’autre est une roue de secours pas très bien vue, on ne votera pas democrate pour Harris mais contre Trump, nuance.
Triste d’en arriver là.
Bravo pour cet article! Mieux vaut prévenir que guérir ! Les autorités américaines ont bien raison d’agir en conséquences. Plusieurs événements malheureux pourraient survenir entre le scutin du 5 octobre et l’assermentation du nouveau président ou de la nouvelle présidente prévue le 20 janvier 2025. Des incidents isolés pourraient cependant se produire. Les médias canadiens suivent ce scutin avec beaucoup d’attention. Les relations entre le Canada et les États-Unis constituent probablement un des rapports les plus intimes et les plus approfondis qu’entretiennent deux pays dans le monde.
Donald Trump sait-il au moins où se situe le Canada ?
Je crois que oui, malheureusement pour les canadiens.
C’est lui qui a arbitrairement surtaxé l’importation du CSerie de Bombardier, tuant le projet déjà financièrement plombé. Heureusement Airbus à sauvé ce projet mais en frustrant les Canafiens, évidemment.
Je pense qu’il y a plus de risque de chaos lorsque Trump perd
C’est le Far West à l’échelle du pays, drôle de démocratie tout de même