Hawker Hoopoe

L’histoire de l’aviation est jalonné d’avionneur ayant marqué leur époque et/ou leur pays. Au Royaume-Uni ils sont nombreux, d’Avro à Supermarine en passant par Bristol ou encore Hawker. Ce dernier se spécialisa bien vite dans le développement de chasseurs qui firent les belles heures de la Royal Air Force mais aussi de la Fleet Air Arm des années d’entre-deux-guerres à celles de la guerre froide. Pourtant l’aventure aéronavale de ce constructeur ne débuta pas de la meilleure des manières puisque son premier appareil ne dépassa pas le stade expérimental. Il s’agissait du Hoopoe.

À l’automne 1926 l’Air Ministry émit la Specification 21/26 destinée à fournir à la Fleet Air Arm un chasseur monoplace embarqué. La plus part des constructeurs existant alors en Grande Bretagne proposèrent au moins un avion : Armstrong Whitworth, Blackburn, Fairey, Gloster, Hawker, Pipit, et Vickers. Certains constructeurs allèrent jusqu’à deux voire trois propositions différentes.

Pour Hawker il s’agissait du Hoopoe, la huppe en français. Sans être révolutionnaire cet avion était totalement dans l’air du temps avec sa construction métallique, son train d’atterrissage classique fixe renforcé, ses ailes décalées d’envergures inégales, et son moteur à neuf cylindres en étoile Bristol Mercury Mk-II. L’armement annoncé était alors, à l’instar de tous ses concurrents, de deux mitrailleuses Vickers de calibre 7.7 millimètres. C’est sous le serial temporaire N237, propre à la Royal Navy, que ce prototype vola en octobre 1928.

Les premiers essais étaient corrects sans cependant être particulièrement exceptionnel. Le Hawker Hoopoe ne se démarquait pas de ses concurrents. Début 1929 il fut convoyé par la route jusqu’à l’Aeroplane & Armament Experimental Establishment de Martlesham Heath dans le sud-est anglais. Là il débuta ses essais en configuration d’hydravion à flotteurs et rien ne se passa comme prévu. Très rapidement les pilotes de la Fleet Air Arm se rendirent compte que le Hoopoe est trop faiblement motorisé. Les équipes de Hawker qui avaient anticipé cela proposèrent dans l’instant de remplacer le Mercury Mk-II par un Mercury Mk-VI porté à 520 chevaux. Mais rien ne fit et la Royal Navy choisit de ne pas sélectionner l’avion comme chasseur ayant une capacité secondaire en tant qu’hydravion. Pour autant le Hoopoe demeurait en compétition pour le strict volet des opérations sur porte-avions.

La Royal Navy demanda cependant à Hawker de revoir sa copie. Le prototype du Hoopoe reprit le chemin de l’usine. Là le moteur Mercury Mk-VI fut à son tour déposé au profit d’un Armstrng-Siddeley Jaguar Mk-V de quatorze cylindres en étoile développant 400 chevaux. Moins puissant celui-ci était réputé plus fiable que son prédécesseur. Les designers et ingénieurs des bureaux d’études de Felixstowe repensèrent l’avion en y intégrant désormais des carénages de moteur et une casserole d’hélice. Dans cette configuration le Hoopoe vola en juillet 1930. Mais cette fois ce sont les membres de Hawker qui n’étaient pas satisfaits. Avant de renvoyer leur prototype à l’Aeroplane & Armament Experimental Establishment ils lui changèrent encore son moteur. Conservant un Armstrong-Siddeley à quatorze cylindres ils échangèrent le Jaguar Mk-V avec un Panther Mk-III développant cette fois 560 chevaux.

Les résultats étaient à la hauteur de leurs attentes. Et même si les pilotes d’essais de la Fleet Air Arm furent séduits par le Hawker Hoopoe à moteur Panther cela ne changea rien : la Specification 21/26 avait été annulée quelques semaines plus tôt. La compétition était donc morte née. En fait Hawker ne fut pas réellement perdant dans cette affaire. Car si son Hoopoe ne fut jamais construit en série l’abandon de la Specification résultait du fait que la Royal Navy avait jeté son dévolu sur un tout autre chasseur, bien plus évolué : le Hawker Nimrod, dérivé du splendide Fury de la Royal Air Force.

L’Aeroplane & Armament Experimental Establishment conserva le Hawker Hoopoe jusqu’à la fin de l’année 1931, l’utilisant en soutien à divers essais en vol. Puis il fut rendu à l’avionneur qui l’envoya à la ferraille. Ainsi se terminait l’aventure du premier chasseur embarqué Hawker.