La République de Chine cherche à acheter le Lockheed-Martin F-35A Lightning II.

C’est un énorme revirement, tant technologique que diplomatique. La Republic Of China Air Force a annoncé que l’avionneur AIDC ne développera finalement pas le NGMCA, un avion de combat de 5e génération dont le programme avait été lancé cette année. En lieu et place elle entend acquérir d’ici quelques années un lot de chasseurs multi-rôle Lockheed-Martin F-35A Lightning II. Beaucoup y voient la fin annoncée de l’industrie aéronautique taïwanaise telle qu’on la connait depuis un demi-siècle.

Très honnêtement quand en janvier dernier les premières infos tournant autour du programme NGMCA, pour Next Generation Main Combat Aircraft, ont commencé à apparaître je n’y pas vraiment trop cru. Certes il était dans l’air du temps, au même titre que le KF-21 Boramae sud-coréen ou que le TF Kaan turc. Cependant il semblait mélanger à la fois des technologies hyper innovantes alliant furtivité et intelligence artificielle à des équipements éprouvés comme le turboréacteur américain General Electric F414. Pour mémoire ce dernier fut conçu au début des années 1990 et se retrouve principalement sur les Boeing F/A-18E/F Super Hornet et EA-18G Growler. C’est d’ailleurs un moteur jugé particulièrement fiable par l’US Navy.

Et depuis c’était silence radio de la part des Taïwanais. Comme si AIDC communiquait sur tout sauf sur son programme le plus ambitieux. Pour la ROCAF pour qui il avait été lancé le Next Generation Main Combat Aircraft représentait l’avenir à l’horizon de 2030. Il devait permettre de remplacer d’ici 2028-2032 les Dassault Aviation Mirage 2000-5 et surtout les AIDC F-CK-1 Ching Kuo de facture indigène. Son programme était donc très important. Oui ici l’imparfait est essentiel puisque tant AIDC que la Republic Of China Air Force ont choisi de mettre fin au développement de ce NGMCA. Les raisons sont nébuleuses mais grosso modo les Taïwanais reconnaissent que le chantier était bien trop colossale pour eux.

Reste que la République de Chine doit désormais trouver un avion capable à la fois de remplacer les F-CK-1 Ching Kuo et les Mirage 2000-5 tout en assurant une qualité suffisante face à son encombrante voisine, la République Populaire de Chine. Et pour le coup les Taïwanais ne sont pas aller bien loin. Leurs vieux General Dynamics F-16A/B Fighting Falcon étant actuellement en phase de transformation au standard F-16V chez Lockheed-Martin ils se sont adressés à cet avionneur. Or ils ne veulent pas de F-16V Viper en plus. Leur objectif est désormais d’intégrer le club Lightning II.

Quand on sait que déjà pour avoir le droit de transformer près de 140 F-16A/B Fighting Falcon au standard F-16V Viper la République de Chine a dû batailler sévère avec Washington DC, et ce durant quatre ans, je vous laisse imaginer le bras de fer qui s’engage désormais avec l’administration Biden et ensuite soit avec celle de Kamala Harris soit avec celle de Donald Trump suivant le résultat des élections dans désormais moins d’un mois. Car démocrates comme républicains américains savent qu’ils marchent sur des œufs en fournissant des armes aussi lourdes que le Lockheed-Martin F-35A Lightning II aux Taïwanais. La riposte commerciale, voire militaire, de Pékin pourrait s’avérer dramatique pour toutes les parties engagées.

On pourrait alors se dire que Dassault Aviation ou le consortium Eurofighter ont une carte à jouer ? Sur le papier oui mais dans la réalité c’est évident que non. D’abord parce que la République de Chine n’a actuellement pas envoyé de signaux en direction du Rafale F4 pas plus que du Typhoon Tranche 4 et ensuite parce qu’il y a encore le volet diplomatique avec la République Populaire de Chine. La situation diplomatique de l’île de Formose est véritablement la poudrière la plus explosive de la planète, sans doute devant le Proche et le Moyen-Orient. On sait que Pékin veut la rattacher à son administration et qu’une opération militaire dans ce sens engagerait forcément les États-Unis dans une série d’actions militaires visant à la libérer. Américains et Chinois se regardent en chien de faïence depuis des mois sur ce dossier ô combien explosif. Il ne faudrait pas que l’annulation du programme NGMCA soit l’étincelle qui embrase la zone Asie Pacifique.

De ce fait il n’est pas impossible qu’une administration américaine refuse la vente de Lockheed-Martin F-35A Lightning II à Taïwan, simplement pour préserver la paix entre les deux principales puissances nucléaires de la planète. L’avionneur a bien d’autres candidats potentiels, y compris dans cette région du monde.

Affaire à suivre.

Photo © OTAN


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Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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