Le futur Dassault Aviation Mirage 2000-5F ukrainien se précise.

Au début du mois Sébastien Lecornu, alors ministre des Armées du gouvernement Attal, recevait son homologue ukrainien Roustem Oumierov afin de faire le point sur plusieurs dossiers dont la future livraison des chasseurs Mirage 2000-5F. Trois semaines plus tard celle ci est imminente et on en sait surtout un peu plus sur la réalité des missions que ces avions pourront réaliser. Le moins qu’on puisse dire c’est que la DGA et l’avionneur Dassault Aviation n’y sont pas allés avec le dos de la cuillère. Oubliez les stricts chasseurs de défense aérienne qu’ils étaient jusque là ces monoréacteurs seront véritablement multi-rôles.

Un Dassault Aviation Mirage 2000-5F dans l’Armée de l’Air et de l’Espace de 2024 c’est toujours un peu la même chose. Qu’ils appartiennent au Groupe de Chasse 1/2 Cigognes ou à l’Escadron de Chasse 3/11 Corse ce sont de stricts avions de police du ciel. Entendez par là qu’ils sont fait que pour engager des cibles aériennes dans le ciel et rien d’autre. Leur armement standard s’appelle MICA, un missile air-air de conception. En plus il dispose de munitions de 30 millimètres emportées en interne. On pourrait donc se dire que cet avion n’a pas un gros intérêt pour l’Ukraine, à moins de vouloir bousiller du Sukhoi Su-30 Flanker-C ou Su-35 Flanker-E en combat rapproché. Mais comme le dogfight n’est pas le fort des pilotes russes, sauf éventuellement face à des avions désarmés, il y a peu de chances que cela arrive. Remarquez un Mirage 2000-5 qui enverrait au tapis un Su-35, ça aurait une sacrée gueule !

Alors pourquoi Emmanuel Macron a t-il parlé de la fourniture de tels avions à l’Ukraine en marge des commémorations du Débarquement de Normandie, le 6 juin dernier ? Pour se faire mousser ? Sans doute pas. D’abord il n’a fait qu’officialiser ce que beaucoup savaient depuis un an et demi, dont vous nos lectrices et lecteurs. En fait les Ukrainiens veulent du Mirage 2000-5F mais pas de sa définition française. Dans l’idéal ils auraient sans doute préféré la version grecque, beaucoup plus polyvalente.  D’une certaine manière donc la Direction Générale de l’Armement et Dassault Aviation se sont mis en tête d’helléniser (oui oui ce verbe existe bien !) le Mirage 2000-5F.
S’il conserve les munitions internes de calibre 30 millimètres et les missiles air-air MICA EM et IR l’avion va gagner de nouvelles capacités. Et les bruits de couloirs laissent entrevoir un avion qui sera capable, comme les Mirage 2000-5EG grecs, d’emporter en point central un missile de croisière. Ça tombe bien que la France ait livré à l’Ukraine des SCALP-EG et le Royaume-Uni des Storm Shadow : ils pourront y prendre place. Pour les Taurus KEPD-350 on attendra que les Allemands se soient souvenus de l’endroit où ils ont rangé leurs tripes… pour ne pas dire autre chose. La vraie surprise en terme de dotation semble venir en fait d’une capacité d’emport et de tir de missiles antinavires. Comme aux dernières nouvelles Kyïv n’a pas reçu d’AM-39 Exocet il faut en déduire qu’on parle ici d’AGM-84 Harpoon d’origine américaine, dont les livraisons à ce pays en guerre sont connues depuis fin 2022.
Dans l’absolue la livraison d’Exocet aéroportés serait une très bonne nouvelle pour l’Ukraine, un peu moins bonne pour la Russie. On sait qu’à l’origine le Mirage 2000 fut pensé, à l’export, pour l’emport et le tir de ce missile d’exception.

Tout désormais porte à croire que les premiers Mirage 2000-5F voleront sous la cocarde jaune et bleue avant Noël. Parlera t-on alors de Mirage 2000-5U ? Quoiqu’il en soit l’avion clodoaldien est très attendu dans ce pays.

Affaire (forcément) à suivre.

Photo © Armée de l’Air et de l’Espace