Le constat est accablant pour le National Police Air Service. Depuis une semaine maintenant le Royaume-Uni, et plus particulièrement l’Angleterre, sont le théâtres d’émeutes urbaines d’une ampleur inédite dans le pays depuis treize ans. Des affrontements ont lieu chaque soir avec les forces de l’ordre autour desquelles il est désormais évident que le nombre d’aéronefs disponibles est bien insuffisant : dix-neuf hélicoptères et quatre avions. Plusieurs médias et responsables politiques locaux font déjà le parallèle avec la France et la flotte des Forces Aériennes de la Gendarmerie Nationale.
Au cas où cela vous aurait échappé le lundi 29 juillet 2024 dans le comté anglais du Merseyside un adolescent britannique de 17 ans a attaqué au couteau une école de danse tuant trois fillettes âgées entre 6 et 9 ans et en blessant grièvement huit autres ainsi que deux adultes. Si pour des raisons médicales les motivations du tueur restent floues la condamnation en Grande Bretagne est unanime. Et rapidement des faiseurs de haine s’en emparent pour souffler sur les braises rappelant que l’adolescent interpellé est bien Britannique mais d’origine rwandaise. Il n’en fallait à priori pas beaucoup plus pour qu’une partie de la population anglaise décide de descendre dans les rues. Les émeutes démarrent dès le lendemain de la mort des trois enfants. Les slogans et motivations des émeutiers sont alors ouvertement racistes et xénophobes.
Comme à son habitude dans de telles situation la police britannique engage ses unités territoriales. Particularité notable si on excepte les TSG (les Territorial Support Groups) qui sont spécifiquement dédiés à l’aire urbaine du Grand Londres les policiers britanniques n’ont aucune unité spécialisée dans le maintien et le rétablissement de l’ordre. Ce qui peut paraître surprenant pour nous autres Français habitués à voir opérer les Compagnies Républicaines de Sécurité et les escadrons de Gendarmerie Mobile. D’ailleurs à chaque émeute majeur outre-Manche la question de la création de telles forces se pose de nouveau. Sauf qu’en ce mois d’août 224 c’est une autre carence qui est mise en avant dans les médias : le manque d’hélicoptères. Il n’y en a que dix-neuf pour l’Angleterre et le Pays-de-Galles réunis. Il s’agit de quinze EC-135/H135 et de quatre EC-145. Malgré ce que son nom pourrait laisser supposer le National Police Air Service n’a pas vocation à exister sur tout le territoire britannique. Il est absent d’Écosse, d’Irlande du Nord, et des territoires ultramarins de la Couronne. Généralement ceux ci disposent de leurs propres moyens avec parfois des flottes assez disparates.
Dix-neuf hélicoptères pour couvrir toutes les aires urbaines anglaises et galloises cela pourrait paraître finalement suffisant. Sauf que quatre d’entre eux, deux H135 et deux EC-145, sont strictement réservés à la capitale britannique La réalité est donc que seuls quinze hélicoptères sont disponibles pour assister la lutte contre les émeutiers en dehors du Grand Londres. Et ce sont ces sous-effectifs que les médias britanniques commencent à sérieusement pointer du doigt. Car en même temps qu’ils tentent de maintenir l’ordre les équipages des hélicos en question doivent continuer leurs missions du quotidien comme l’assistance aux unités judiciaires ou encore la police routière.
Le parallèle fait avec la France montre que les EC-135/H135 et les EC-145 du National Police Air Service ne sont pas comparables avec les machines équivalentes de la Gendarmerie Nationale. En effet ce sont de stricts hélicoptères de police, ils ne mènent aucune autre mission comme par exemple la recherche et le sauvetage ou encore l’évacuation de sinistrés. Il faut dire que le NPAS a été créé en réponse à une série d’émeutes : celles d’août 2011 à Londres.
Les médias britanniques ont fait le lien avec deux séries d’émeutes que nous avons connu en France depuis quelques années : celles consécutives à la mort du jeune adulte Nahel Merzouk à Nanterre en juin 2023 et surtout celles ayant découlées du décès des adolescents Zyed Benna et Bouna Traoré en octobre 2005. L’an dernier elles avaient duré une semaine tandis qu’il dix-neuf ans la France s’était embrasée pendant trois semaines. Et à chaque fois les unités de maintien de l’ordre avaient réussi à opérer conjointement avec des unités aériennes sans le moindre souci. Rappelons qu’en 2005 quand la Gendarmerie Nationale n’avait pas les moyens d’être présents c’est la Sécurité Civile qui venait assister les unités au sol.
Et ça les médias britanniques n’ont de cesse depuis quelques jours maintenant de le marteler se demandant pourquoi la France réussit à conjuguer forces de maintien de l’ordre et moyens aériens quand la Grande Bretagne en est incapable. Il est suffisamment rare que nos amis britanniques nous prennent en exemple pour le signaler. Sur le fond les émeutes que l’Angleterre connait actuellement n’ont rien à voir avec celles que nous pouvons vivre de manière assez récurrentes en France. D’ailleurs les émeutes britanniques sont généralement considérés comme bien plus violentes. Preuve en est en 2011 en cinq jours il y eut cinq morts tandis qu’en 2005 en vingt jours il y en eut trois. Là aussi la présence chez nous de forces spécialisées dans le maintien et le rétablissement de l’ordre (républicain en France) n’y est sans doute pas étranger.
Affaire à suivre.
Photo © NPAS
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