Il n’y a pas grand-chose de plus désagréable qu’un meeting aérien sous la pluie ; on y rate les photos et en plus on risque d’y flinguer son matériel. Pourtant les intempéries sont désormais un facteur que tous les organisateurs de meetings aériens ont en tête. Et depuis une vingtaine d’années il est évident que le réchauffement climatique met notre passion commune à rude épreuve, entre annulations et reports d’évènements. Dans le futur pourrons nous encore admirer les patrouilles de présentations, avions de collections, et autres aéronefs passionnants ?
Même si une petite amélioration est annoncée pour le début de la semaine prochaine on ne peut pas dire que ce printemps 2024 ait été autre chose que maussade. Il a plu, il a plu, il a plu, et il pleut encore. Les seules à s’en réjouir sont les nappes phréatiques qui se sont bien rechargées. Et encore pas partout, car dans le sud de la France c’est loin d’être le cas. Ici en Île-de-France (car oui j’écris de chez moi) on s’est tellement pris de flotte sur la tête depuis deux mois que je n’ai toujours pas rangé mon coupe-vent dans les affaires d’hiver. Et que mes bermudas et pantacourts demeurent bien sagement sur les étagères. Surtout on a appris avant-hier que le meeting aérien de Meaux-Esbly, en Seine-et-Marne, dans l’est de la région donc, était désormais annulé et reporté à l’année prochaine. Il devait se tenir ce dimanche 23 juin 2024. Et là encore la cause avancée par les organisateurs est la météo. Les sols sont détrempés et risquent d’endommager les appareils et de blesser pilotes et visiteurs. Le principe de précaution l’a donc emporté. Habituellement le mois de juin c’est bien celui des meetings aériens en France car les jours rallongent (encore) et le ciel bleu règne en maître. Mais pas cette année.
S’il n’y avait que la pluie pour contrarier les organisateurs de meetings aériens ça pourrait encore aller. Mais même quand il fait beau et chaud cela peut encore tourner à l’annulation. Ainsi entre 2020 et 2023 les patrouilles de présentations américaines des Blue Angels et des Thunderbirds ont enregistré outre-Atlantique une moyenne de quinze à vingt annulations de représentations par saisons estivales. Trop beau et trop chaud, voilà ce qui caractérisait ces étés. En fait outre le risque accru d’insolations pour les spectateurs, et surtout pour les plus jeunes et les plus vieux d’entre nous, c’est aussi la menace des feux d’espace naturels qui désormais par fortes chaleurs mettent en péril les meetings aériens. Le lien entre déclenchement de feux de broussaille et crash d’aéronefs a déjà été mis en lumière par le LAFD, l’administration des pompiers de Los Angeles. À l’époque cela en avait même fait rire, notamment en Europe. Aujourd’hui plus personne de sérieux n’oserait ne serait-ce qu’esquisser un sourire sur ce sujet.
Averses de grêles et de pluies, canicules, crues, tempêtes, et tornades se multiplient aujourd’hui en Amérique du Nord et en Europe. Nous devrons donc dans les mois et années à venir repenser l’organisation des meetings aériens afin de garantir leur tenue, mais aussi de protéger les participants, les exposants, et les machines. Plus que les quelques rares écolos extrémistes qui aiment à taper sur l’aviation de loisirs qu’ils voient comme le grand méchant loup écocide c’est bien le réchauffement climatique qui pourrait mettre en danger notre passion commune.
Affaire (de ce fait) forcément à suivre.
Photo © Agence France Presse
En savoir plus sur avionslegendaires.net
Subscribe to get the latest posts sent to your email.
2 Responses
Ca fait froid dans le dos de se dire qu’un jour on ne pourra peut-être plus voir d’avions de collection que dans les musées. Cet article m’a fichu le bourdon, bravo Arnaud.
Et chose encore plus triste: il y aura de moins en moins d’avions de collection « militaires » récents : qui pourra se permettre de faire voler des Mirage III, des Jaguar, … en meeting de manière privée, en même quantité que volent actuellement les warbirds … dans 40 ans on verra quelques warbids en meeting avec peut-être un SCAF Solo display et peut-être un ou deux Fouga ou Alpha Jet avec de la chance. L’histoire de l’aviation ne se verra que tristement et statiquement dans les musées.