Les Sikorsky VH-3D et VH-60N risquent de remplir la fonction Marine One encore un certain temps.

Cela n’a rien d’un caprice du Président des États-Unis Joe Biden ou de la Vice-Présidente Kamala Harris mais tout à voir avec un souci technique majeur sur le Sikorsky VH-92A Patriot. Alors que ce dérivé militarisé très haut de gamme du S-92 Superhawk n’est toujours pas entré en service de nouvelles révélations ont vu le jour quand aux plus récents de ses déboires. Et ce qui est sûr c’est quand les deux ou trois prochaines années les Sikorsky VH-3D et VH-60N qu’il aurait déjà dû remplacer voleront toujours pour le compte de l’US Marines Corps. De quoi sans doute ravir les jardiniers de la Maison-Blanche.

Car aussi incroyable que cela soit ce sont ces derniers qui ont tiré le signal d’alarme et qui empêchent cet hélicoptère de transport présidentiel d’entrer en service. On pensait qu’après avoir réglé son souci de chaîne de communication il pourrait enfin être accepté en unité au sein de l’escadrille HMX-1 Nighthawks. Que nenni ! En avril lors d’essais d’atterrissages du VH-92A Patriot en configuration opérationnelle, utilisant notamment la fameuse DZ de pelouse, les jardiniers du président se sont rendus compte que l’herbe et certains massifs de fleurs étaient littéralement calcinés après le passage du nouvel hélicoptère. Un cas de figure qui n’avait jamais été observé avec les deux plus anciens modèles. Ils ont fait remonter l’information à leur hiérarchie qui s’en est émue auprès de l’US Marines Corps et ce dernier à Sikorsky.

En fait la Maison-Blanche s’est rendue compte que l’hélicoptériste semblait au courant de ce phénomène depuis plusieurs années, ayant essayé de l’atténuer par des réducteurs d’émission au niveau des tuyères d’échappement de turbines. Sauf que le problème ne vient pas réellement de là puisqu’elles ne sont pas orientées vers le bas, mais plutôt du rotor principal qui expulse la chaleur vers le sol lors des phases d’approche et d’atterrissage. En gros à chaque fois que le Sikorsky VH-92A Patriot atterrit les pétunias, roses, et autres tulipes présidentielles crament. C’est assez moyen, et pas franchement très écoresponsable.

L’affaire pourrait prêter à rire si le programme du VH-92A Patriot n’avait pas déjà coûté cinq milliards de dollars aux contribuables américains. Rappelons que les premières prévisions donnaient une entrée en service de l’hélicoptère entre la fin du second mandat de Barack Obama et le début de celui de Donald Trump. On est quasiment à la fin du premier de Joe Biden et ce gros biturbine est loin d’entrapercevoir le service actif. Résultat la Maison-Blanche et l’US Marines Corps sont obligés de continuer à utiliser leurs VH-3D et VH-60N, et ce malgré le fait que les premiers soient usés jusqu’à la corde. Vieux mais terriblement efficaces et totalement cultes. Il se dit d’ailleurs que comme ses prédécesseurs l’actuel locataire du bureau ovale adore cette machine dérivée du mythique Sea King de lutte anti-sous-marine.

Niveau dérivé le VH-92A Patriot ne va pas redorer le blason du S-92 Superhawk auprès des militaires. Il n’est déjà pas brillant, notamment en raison du mal aimé CH-148 Cyclone en service au sein de l’Aviation Royale Canadienne. Lui aussi n’est pas des plus adaptés à sa mission. Ajoutez à cela que le Koweït et la Thaïlande non plus ne sont pas satisfaits de leurs exemplaires et se dessine un hélicoptère finalement pas du tout fait pour les missions militaires. Dommage pour celui qui est censé être le successeur du Sea King.

Désormais l’objectif de retraite des VH-3D et VH-60N serait plutôt autour de 2027-2029. On pourrait même croire que le Pentagone se prépare à enterrer le Sikorsky VH-92A Patriot. Pour le plus grand bonheur sans doute des paysagistes de la Maison Blanche.

Affaire à suivre donc.