C’est quelque chose d’inédit au 21e siècle et même depuis l’avènement du quinquennat en France. Quand hier soir le Président de la République Emmanuel Macron a choisi de dissoudre la XVIe législature de la Cinquième République il a mis un coup d’arrêt pour un mois à toutes actions politiques dans le pays. Dès lors les ministres n’ont plus comme fonction que de s’occuper des affaires courantes, y compris donc le ministre des Armées qui doit chapeauter entre autres les opérations aériennes et aéronavales menées par l’Armée de l’Air et de l’Espace, l’Aviation Légère de l’Armée de Terre, et la Marine Nationale. Sont-elles pour autant en danger ?
Pour nos lecteurs étrangers, notamment belges, canadiens, ou encore suisses, les institutions françaises peuvent sembler pour le moins absconses dans leur mode de fonctionnement. Même pour nombre de nos concitoyens il faut bien le reconnaitre. Il faut dire qu’elles sont un héritage gaulliste plus forcément toujours très adaptées au monde contemporain. Il n’en demeure pas moins qu’elles nous protègent et garantissent notre sécurité et nos libertés.
L’article 12 de la Constitution de 1958 en est un des exemples, c’est lui qui permet au Président de la République de dissoudre l’Assemblée Nationale. Ou dans le cas présent sa XVIe législature. Qui dit dissolution de l’Assemblée Nationale dit forcément arrêt immédiat des travaux pour la commission de la Défense Nationale et des Forces Armées. Depuis hier soir tous ses membres n’ont donc plus aucune compétence vis-à-vis du monde des armées.
Fort heureusement la Constitution de la 5e République a su se donner quelques garde-fous. En premier lieu il y a la Commission des Affaires Étrangères, de la Défense et des Forces Armées du Sénat. Car elle n’a pas été dissoute, et pour cause le Président de la République n’a pas constitutionnellement le pouvoir de dissoudre la chambre haute. Donc les 49 membres de cette commission peuvent continuer de contrôler l’action opérationnelle et tactique des militaires, y compris les opérations aériennes ordinaires et extraordinaires. Ça et l’action diplomatique de la France.
Ensuite il est toujours bon de rappeler qu’Emmanuel Macron n’a pas démissionné hier soir. Il demeure donc Président de la République et par le biais de l’article 15 de la Constitution de la 5e République il reste Chef des Armées. Le «boss» des militaires c’est toujours lui. N’oublions pas qu’en 1958 quand la Constitution a été rédigée le Président de la République était un ancien général, un certain Charles de Gaulle. Il fallait bien qu’il s’octroie quelques petits avantages plutôt cools.
Certes cet article est un peu long à lire et fastidieux. Il cependant permet de couper l’herbe sous le pied des faiseurs de fake news qui durant toute la nuit ont été raconté à droite à gauche dans les médias et sur les réseaux sociaux que l’armée allait être livrée à elle même d’ici le second tour des Législatives 2024 le dimanche 7 juillet. Il n’y a rien de plus faux. D’ailleurs c’est la sixième fois depuis 1958 que l’article 12 est activé et cela n’a jamais fait sombré les armées françaises. En 1962 ce ne fut pas le cas, pas plus qu’en 1968, 1981, 1988, ou encore 1997. Certes 1981 j’étais un gamin mais je crois que je m’en souviendrais si l’armée avait été proche de la déroute et 1988 et 1997 je l’aurai forcément su. 2024 n’y fera donc pas exception.
Les opérations aériennes françaises vont donc se poursuivre, comme si de rien n’était. Nos avions et hélicoptères déployés hors de nos frontières continueront de servir nos alliés et ceux à l’intérieur du territoire poursuivront leurs missions du quotidien. Et pendant ce temps là droite gauche centre extrême droite et extrême gauche s’écharperont pour savoir qui aura la chance d’envoyer quelqu’un poser ses fesses à Matignon et d’autres dans les ministères. Seule particularité durant la période de vacance parlementaire le Président de la République ne peut pas décider de son propre chef d’engager la France dans un conflit au-delà de nos frontières. Hormis ça rien de très nouveau sous le soleil… ou en ce moment plutôt sous la pluie parisienne.
Navré donc encore pour celles et ceux qui pensaient pouvoir balancer ça et là quelques explications foireuses sur une éventuelle désorganisation de notre défense durant la période de dissolution elle n’aura pas lieu. Dormez bien brave gens car en plus des militaires les constitutionnalistes veillent sur vous.
Photos © Armée de l’Air et de l’Espace & Marine Nationale
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11 Responses
En meme temps, il y a l’exemple de la belgique, qui a vecu un bon moment sans gouvernement.
Les constitutions ne sont pas les memes, pour sur. Mais ca donne l’exemple qu’un pays continue sans.
Bref c’est pas grave du moment ou le boss envois quelques mirages (qui ne sont pas politique) a un pays qui lutte concrètement pour rester souverain
Merci Arnaud pour ce topo très complet. Comme d’habitude.
Petit hors sujet dsl Arnaud: la Belgique est une monarchie parlementaire, donc quand le premier ministre saute, tout le gouvernement part avec l eau du bain. C est le cas en Angleterre. Pays Bas, Suède, Espagne, Italie (ce n est pas une monarchie mais a le meme systeme que les autres ), et 80% des pays d Europe de l ouest (sauf Allemagne et Suisse qui sont des etats fédéraux) et Portugal et Islande
Comme l a justement signalé Arnaud et merci pour ton article simple et précis, la constitution française de 58 est ce qui se fait de mieux en terme de régime présidentiel. Ce que ne dit par Arnaud dans son article c est que notre généralisime en a eu sa claque des 24 gouvernement de la 4eme en 9 ans. Donc niveau instabilité à l époque ils ont connus et quasi tout prévu.
Je renverrai donc à cette citation : « comment voulez vous gouverner un pays avec 258 sortes de fromages ? »
Bonjour Arnaud, Staff et passionnés.
En Italie, il existe environ 487 variétés de fromages, dont plus de 300 sont reconnues comme ayant une origine protégée (D.O.P., P.A.T. et I.G.P.), dont 52 sont protégées au niveau européen.
Il n’y a jamais eu de Charles de Gaulle en Italie.
Malheureusement.
Traduit avec Google
Il y a cependant un point qui me parait intéressant : quid de la très récente décision de transférer des Mirage 2000-5 à l’Ukraine ? Cette décision sera t’elle appliquée en cette période de transition jusqu’aux éléctions législatives ? La formation des pilotes et mécanos ukrainiens sera t-elle considérée comme une « affaire courante » ? Questions que l’on doit probablement se poser du coté de Luxeuil…
Macron est un pompier pyromane il fait monter les fachos. Pas envie de voir le nazillon Bardella à Matignon, pas envie d’avoir honte d’être française. J’espère que les garde-fous seront préservés car Bardella roule pour Poutine comme sa patronne et donc les Mirage n’arriveront jamais en Ukraine. Elle en est ou Le Pen de son prêt avec les banques du kremlin ?
Je ne suis pas politique, je n’ai même pas voté hier mais traiter monsieur Bardella de nazillon je trouve que c’est obsolète, irresponsable et outrageant vis a vis des 31% de français votants qui ont votés pour lui que vous le vouliez ou non.
Je suis d’accord Dimitri, et même si j’ai toujours combattu les idées du FN et du RN, le terme nazillon est un peu suranné. À la manière d’ailleurs d’islamogauchiste ou de gaucho pour le camp d’en face. Petite précision ce ne sont pas 31% des Français qui ont voté pour le parti d’extrême droite mais 31% des 51.5% d’électeurs exprimés.
« N’oublions pas qu’en 1958 quand la Constitution a été rédigée le Président de la République était un ancien général, un certain Charles de Gaulle. Il fallait bien qu’il s’octroie quelques petits avantages plutôt cools. »
Quel niveau de pensée et d’écriture ??….
Un certain … petits avantages plutôt cools »
Vous vous égarez dans vos analyses qui deviennent des propos hautement déplacés !
Je ne vois pas ce qui peut vous choquer dans ces « propos« . Sans doute ne maniez vous pas le 2e degré.
Ne m’appelez plus jamais France, à chanter sur l’air de la chanson du chanteur préféré des fachos depuis la mort de Johnny.