Toujours pas d’embellie en Russie pour l’avion de ligne Superjet 100

Les mois se suivent et se ressemblent sur le front de la sécurité aérienne en Russie. Après un mois de février puis un mois de mars, et même un mois d’avril bien pourris la situation ne s’arrange pas autour du biréacteur de ligne Sukhoi Superjet 100 désormais commercialisé par Yakovlev. Au cours de ce mois de mai 2024 l’avion a connu quatre incidents majeurs. Histoire de ne pas arranger la situation il se vend toujours aussi mal.

En fait hormis Aeroflot et Rossiya Airlines, les deux compagnies étatiques russes, plus aucun transporteur ne cherche à acheter de nouveaux Superjet 100. Et ce qu’ils soient estampillés Sukhoi ou Yakovlev ! D’ailleurs parmi les quatre incidents officiellement relevés par les autorités aéronautiques civiles moscovites figure un vol de Rossiya Airlines. Fort heureusement aucun n’a causé la mort de passager ou de membre d’équipage. Par contre sans doute quelques belles frayeurs.

Le lundi 13 mai 2024 le vol Azimuth A46048 sous immatriculation russe RA-89080 reliait la ville thermale de Mineralnye Vody à Antalya dans le sud-ouest de la Turquie. Un total de 105 passagers (majoritairement de nationalité russe) et cinq membres d’équipage se trouvaient à bord de l’avion. Alors qu’il évoluait à 20 000 pieds au-dessus du territoire russe un voyant indiquant un train d’atterrissage sorti s’est allumé. Sans possibilité de faire venir de chasseur pour en attester le contrôle aérien a choisi de faire faire demi tour au Superjet 100 en question. L’avion s’est posé sans encombre à son aéroport de départ. Les passagers, principalement des touristes en vacances, ont repris un autre vol dix heures plus tard.

Trois jours plus tard, le jeudi 16 mai 2024, le Sukhoi Superjet 100 immatriculé RA-89142 appartenant à Rossiya Airlines et réalisant le vol régulier SDM6423 entre Saint-Pétersbourg et Oufa a été obligé de se dérouter en urgence vers l’aéroport de Kirov. Une épaisse fumée montait du sol de la cabine et commençait à incommoder les passagers. Dans le même temps le commandant de bord a été informé qu’un feu s’était déclenché dans la soute à bagages de l’avion. Le biréacteur a pu atterrir en sécurité et les passagers ont été évacué sans le moindre problème. Il n’y a aucune victime parmi les 79 passagers et les quatre membres d’équipage de l’avion. Les services anti-incendie de l’aéroport russe de Kirov n’ont pas eu à maitriser l’incendie les extincteurs automatiques du Superjet 100 ayant fonctionné. L’avion a été immobilisé pour inspection, un court-circuit serait à l’origine du sinistre.

Presqu’une semaine plus tard, le mercredi 22 mai 2024 c’est cette fois au départ d’Oufa qu’un vol réalisé par le Superjet 100 immatriculé RA-89081 a connu un problème d’avionique. Exploité par la compagnie privée Yamal Airlines l’avion devait rejoindre l’aéroport sibérien de Novy Ourengoï. Il transportait 56 passagers et cinq membres d’équipage. À 21 000 pieds le commandant de bord s’est aperçu que le pilote automatique était coupé et qu’il ne réussissait pas à le remettre en fonction. Craignant de ne pas pouvoir contrôler correctement l’avion de ligne il a décidé de se dérouter vers l’aéroport le plus proche, celui de la ville de Tioumen. Il a réalisé un atterrissage d’urgence durant lequel les passagers ont passablement été chahuté. L’avion a été immobilisé par ordre de l’aviation civile russe.

On aurait pu croire que les mésaventures du Sukhoi Superjet 100 étaient terminées pour mai 2024. Il n’en était rien. L’avion de ligne immatriculé RA-89195 réalisant un vol régulier international entre Mineralnye Vody et Erevan en Arménie a du écourter son décollage. Le biréacteur commercial de Red Wings se trouvait à 10 000 pieds d’altitude quand les voyants de dépressurisation se sont allumés dans le poste de pilotage. Le commandant de bord en a avisé le contrôle aérien et a décidé un retour immédiat à l’aéroport de départ. Sur le tarmac les services de secours attendaient. Le Superjet 100 s’est posé sans encombre mais deux des 84 passagers ont été pris en charge par les secours médicaux pour des troubles respiratoires légers. Là encore l’avion a été cloué au sol par décision administrative.

Alors que le monde entier a les yeux rivés sur Boeing et ses 737 et 787 Dreamliner dans son coin le Sukhoi Superjet 100 continue d’accumuler les ennuis techniques. Et Moscou n’ordonne toujours pas son interdiction de vol. On se demande ce que les autorités russes attendent ? Une catastrophe aérienne sans doute…

Photo © Agence France Presse.