Sortie de piste d’un Boeing 737 reliant le Sénégal au Mali.

En termes d’images ça ne va pas franchement faire les affaires de l’avionneur américain, même si techniquement il n’est pas vraiment responsable de l’accident. Ce jeudi 9 mai 2024 au petit matin un Boeing 737-300 reliant Dakar à Bamako a connu une sortie de piste lors de sa phase de décollage. Dix passagers et un membre d’équipage ont été blessés, dont quatre plus sérieusement. Il s’agit du troisième incident sur un avion de ce genre en moins d’une semaine.

Il était 1 heure 14 du matin, en heure locale, quand l’avion de ligne a quitté l’aéroport de Dakar à destination de celui de Bamako. Bien qu’appartenant à TransAir le Boeing 737-300 réalisait le vol HC301 pour le compte d’Air Sénégal. On comptait 79 passagers et six membres d’équipage à bord du monocouloir biréacteur. Lors de la phase de décollage l’équipage a fait part d’une panne hydraulique et d’une perte de contrôle de l’appareil alors que celui-ci se trouvait encore au sol. Il a dérapé et a fini sa course hors du tarmac. Immédiatement les services de secours de l’aéroport se sont rendus sur place et ont pu évacuer membres d’équipages et passagers. Dix de ces derniers ont été pris en charge pour des traumatismes plus ou moins grave ainsi qu’un des deux pilotes du 737. Par ailleurs six autres passagers ont été admis en service hospitalier en état de choc.

Comme nos lectrices et lecteurs les plus assidus l’auront compris le fait qu’il s’agisse d’un avion de série -300 indique qu’il n’est pas tout jeune. En effet sous son immatriculation 6V-AJE se cache un appareil de presque 30 ans. Il a été mis en service en octobre 1994 et a longtemps servi au sein de la Tarom, la compagnie aérienne nationale roumaine avant d’être retiré du service en raison de son âge. Il a trouvé une seconde vie en Afrique sub-saharienne où les règles de sécurité et de respect de l’environnement sont moins dures que dans l’Union Européenne.

Contrairement à ce que certains médias africains et européens peu regardant avec la réalité des faits ont pu écrire cet accident n’a rien à voir avec les difficultés rencontrées actuellement par Boeing. Celles-ci tournent autour des 737 Max et non d’avions trentenaires à l’entretien parfois plus que limite. C’est d’ailleurs le troisième incident majeur ayant touché un 737-300 en moins de sept jours. Ainsi le samedi 4 mai un exemplaire kirghize appartenant au transport Air Traffic a dû faire demi-tour après 20 minutes de vol suite à une collision aviaire sur un des réacteur. Il s’est posé sans embuche. Le lendemain un avion similaire mais transformé pour le transport de fret a lui aussi connu une sortie de piste sur l’aéroport congolais de Kinshasa. Appartenant à Serve Air Cargo l’avion a vu son train partiellement détruit. On ignore actuellement s’il revolera.

L’accident d’hier matin démontre bien que tout ce qui touche un Boeing 737 ne peut pas être imputé à son constructeur, surtout quand les avions en question volent depuis aussi longtemps. Par contre pour ce qui est de l’opinion publique il n’est pas sûr qu’elle fasse la différence entre un 737-300 et un 737 Max 8.

Photo © AFP