Des Bell 525 prochainement en Mer du Nord

Conséquence de la reprise économique post-pandémique et de l’embargo des produits pétroliers de la Russie dans la foulée de son agression de l’Ukraine, le secteur de l’exploration et de l’exploitation pétrolière et gazière offshore connaît un rebond spectaculaire. Sécurité énergétique et réduction de la dépendance envers le pétrole du Moyen-Orient devenu une véritable poudrière sont également à l’orde du jour. Cette soudaine reprise entraîne une pénurie de bateaux de ravitaillement, d’équipements de forage et surtout d’hélicoptères de transport. Aussi, la multiplication des projets de parcs d’éoliennes en mer gonfle la demande pour le transport héliporté. Enfin, les embruns salins ont tôt fait de réduire la durée de vie des hélicoptères offshore déjà en usage dont plusieurs devront être remplacés dans les prochaines années.

Au fil des ans, l’hélicoptère Sikorsky S-92A est venu à dominer ce marché suite aux déboires des Eurocopter EC-225 Super Puma sur ce front. Malgré ses qualités, l’hélicoptère américain a également connu son lot de tragédies dont le plus récent remonte au 28 février dernier en Norvège et qui a couté la vie d’un des passagers. L’arrêt temporaire subséquent du trafic d’hélicoptères offshore a mis en évidence la dépendance de l’industrie pétrolière norvégienne à l’égard du Sikorsky S-92A qui effectue pratiquement tous les transports de personnes vers et depuis ses plates-formes. Aussi, le problème chronique de pénurie de pièces de rechange pour les S-92A avait déjà incité l’industrie à diversifier la flotte en se tournant, notamment les Airbus H175 et AgustaWestland AW.189. Avec le S-92A+, Sikorsky tente bien de relancer la production de son hélicoptère civil, mais l’entreprise semble davantage intéressée par ses projets militaires.

Un autre challenger se pointe toutefois à l’horizon dans cette catégorie des hélicoptères super-intermédiaire, soit le Bell 525 Relentless. Dévoilé à l’Heli-Expo 2012 de Dallas, le Bell 525 a effectué son premier vol en juillet 2015. Un an plus tard, le premier prototype du 525 s’écrasait, entraînant dans la mort ses deux pilotes d’essais. Les retards accumulés dans le développement de cet hélicoptère de nouvelle génération a fait craindre le pire. Toutefois, les performances du Bell 525 laissent présager un bel avenir. Conçu pour transporter jusqu’à 20 passagers ou une charge utile de 3700 kg, le Bell 525 affiche une vitesse maximale de 306 km/h et un rayon d’action de 1037 km. Bell estime que le 525 consommera 30% moins de carburant que les hélicoptères lourds actuellement utilisés par l’industrie pétrolière offshore. Le Bell 525 est le premier hélicoptère civil américain doté de commandes de vol électriques et d’une avionique de pointe entièrement intégrée permettant d’alléger la tâche des pilotes. L’architecture du système d’entraînement du 525 est également inédit, permettant de réduire les vibrations tout en misant sur la redondance pour accroître sa sécurité.

Bell 525 Relentless

Bell estime que le 525 devrait obtenir sa certification de la FAA dans la première moitié de 2024 et l’entreprise a déjà entrepris les discussions avec les agences canadiennes et européennes de certification pour la suite des choses. Ne manquait plus qu’un client prestigieux de lancement du 525, ce qui est chose faite depuis mars dernier. L’entreprise Equinor, détenue à 70% par l’État norvégien, a commandé dix exemplaires du Bell 525. Ne voulant plus mettre tous ses oeufs le même panier, Equinor a annoncé du même souffle l’achat de cinq appareils AgustaWestland AW.189. Les livraisons des hélicoptères Bell 525 destinés à Equinor doivent débuter en 2026.

Bell 525 Relentless

Outre le marché civil, Bell envisage également des débouchés dans les secteurs parapublic et militaire pour son 525. En 2021, Bell a d’ailleurs proposé à la RAF le 525 dans le cadre du programme de remplacement des Puma HC.2. Comme tout nouveau aéronef, le Bell 525 devra toutefois faire ses preuves avant de conquérir une part importante du marché. Quoi de mieux que l’environnement hostile et exigeant des vols offshore pour gagner ses galons !

Contrairement à tous ses autres hélicoptères civils développés et assemblés à Mirabel au Québec, Bell a choisi de fabriquer son 525 à ses installations d’Amarillo au Texas où prennent naissance ses hélicoptères militaires. Est-ce la proximité du Golfe du Mexique où sont concentrées les plates-formes pétrolières, ou le fait que Bell souhaite  également une carrière militaire pour son 525, seuls ses dirigeants le savent. Chose certaine, de gros contrats militaires permettraient de baisser le prix unitaire du 525 qui fait face à la compétition européenne. Bell entend également exploiter les innovations mises au point avec le 525 pour en faire bénéficier ses autres hélicoptères civils.

Bell 525 survolant le Texas

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Marcel
Fils d’un aviateur militaire (il est tombé dedans quand il était petit…) et biologiste qui adore voler en avion de brousse, ce rédacteur du Québec apprécie partager sa passion de l'aéronautique avec la fraternité francophone d’Avions Légendaires.
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Commentaires

10 Responses

  1. Je suis d’accord avec ton analyse Marcel, mais au delà de l’AW.189 je pense que l’AW.169 à aussi son mot à dire sur ce marché ô combien compétitif. Et ces hélicos italiens sont mieux implantés que leur concurrent de chez Bell.

    1. Bonjour Arnaud. L’AW.169 est effectivement présent sur ce marché mais il est plus petit (10 passagers) que l’AW.189 (19 passagers). Dans le présent article, j’ai inclus uniquement des comparables en termes de capacité d’emport, soit des hélicoptères de la catégorie super-intermédiaire. J’ai ajouté une précision à cet égard dans l’article pour les lecteurs perspicaces comme toi.

  2. Nonobstant ses caractéristiques, il est vraiment superbe cet hélico du 21ème siècle! Très prestigieux

  3. Salut MARCEL et les passionnés,

    Bell ….article ! je vais être un peu chauvin, mais j’ai l’impression, et même plus, que les hélicoptéristes US sont un peu à la traine des européens au niveau technologique ( commande de vol électriques…), comme dans le domaine de l’aviation civile d’ailleurs…mis à part …Bombardier, bien sur…!
    Par contre, il se pourrait bien que les dernières avancées technologiques développées sur certains proto militaires abandonnés ou mis en sommeil, refassent surface avec plus de bonheur sur les prochaines productions US.
    Pour ma part, les 2 seuls Bell, qui ont marqué mon esprit enfantin, sont les SUPERCOPTER ou AIRWOLF (Bell 222A) et IROQUOIS (Bell UH1 Huey), de la célèbre série US des années 80 et du non moins célèbre  » Apocalypse Now » de Francis Ford Coppola en 1979.
    Aéronautiquement,

      1. Salut ARNAUD,
        Il est vrai, mais je n’étais pas un fan des GI Joe’s, et de leurs gros bras musclés, dans le pur style US de l’époque et de ses clichés.
        Aéronautiquement,

  4. Bonjour Marcel, sait-on l’origine du crash du prototype ? Est ce que cela a été rendu public ?

    1. L’installation de boîtes noires dans les prototypes n’étant pas requise aux USA, les enquêteurs ont émis l’hypothèse d’un problème « biomécanique »… ce qui est plutôt vague.

  5. Je viens de découvrir l’hélicoptère il est vraiment très beau. Il me fait un peu penser au Bell 214ST des années 80 mais en plus esthétique.

  6. Esthétiquement, il est superbe. Corriger moi si je dis une bêtise, mais c’est Marcel Dassault qui disait qu’un bel avions volait bien, cela fonctionne certainement aussi avec les hélicoptères ….

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