C’est aujourd’hui encore un mystère qui n’a de cesse de ronger les familles des passagers et membres d’équipage. Le samedi 8 mars 2014 un Boeing 777-200ER appartenant à la compagnie aérienne Malaysia Airlines disparaissait des écrans radars, emportant dans la mort équipage et passagers. Faute d’explication technique ce drame continue de susciter bien des interrogations ainsi que des suppositions. C’est aussi malheureusement devenu un des grands sujets des théories complotistes les plus folles.
Objectivement que sait-on de ce drame ? En fait pas grand-chose et c’est bien ça qui intrigue en ce vendredi 8 mars 2024. Après pile dix ans c’est toujours le même flou. Le Boeing 777-200ER immatriculé 9M-MRO a décollé dans les temps de l’aéroport de Kuala Lumpur à destination de celui de Pékin à 00 heure 41, heure locale. Son code est MH370. Outre ses douze membres d’équipage le biréacteur long-courrier embarquait 227 passagers de quatorze nationalités différentes, principalement chinoise et malaisienne. Le dernier contact radio avéré eut lieu trente-huit minutes plus tard avec le contrôle aérien vietnamien. Puis depuis plus rien. Le dernier contact radar lui le situait à environ 300 kilomètres au sud de l’archipel vietnamien des Thô Chu dans le golfe de Thaïlande.
Immédiatement après sa disparition une importante opérations internationale de recherche s’engagea. Le monde entier craignait alors un scénario similaire à celui du vol AF447 survenu un peu moins de cinq ans plus tôt, le lundi 1er juin 2009. Pour mémoire ce jour là un Airbus A330-200 appartenant à Air France s’abîma dans l’Atlantique Sud alors qu’il reliait Rio de Janeiro à Paris. Il n’y eut aucun survivant parmi les 228 passagers et membres d’équipage du biréacteur. Les services de secours ainsi que les premières équipes d’investigation ont rapidement conscience que désormais ils recherchent une épave, ou plutôt les débris du Boeing 777-200ER. Et avec l’expérience justement de l’avion français ils espèrent retrouver rapidement l’empennage ainsi que des structures importantes du MH370. Évidemment les deux boites noires sont alors au cœur des travaux.
Pourtant plus les jours passent et moins l’enquête avance. On retrouve bien quelques rares débris éparses mais rien qui permette de faire avancer les investigations. Après un mois de recherches intensives c’est toujours le noir le plus complet. Alors dans les semaines qui suivent le drame, et alors qu’il n’y a plus aucun espoir de retrouver des survivants des moyens considérables sont mis en œuvre. Retrouver le vol MH370 est devenu le leitmotiv de bien des acteurs internationaux du transport et de la sécurité aérienne. Mais surtout c’est la préoccupation principales des familles et proches des victimes. Et pourtant il faudra attendre près d’un an et demi et un peu de chance pour que les recherches rebondissent… très loin de la zone supposée du crash.
Le mercredi 29 juillet 2015 sur une plage de la Réunion des éléments de voilure d’un avion de ligne sont retrouvés. Rapidement les gendarmes et le BEA font le lien. Les numéros de série ne mentent pas. Il s’agit bien là de structures appartenant au Boeing 777-200ER de la Malaysia Airlines ! Mais que font-ils sur l’île française à plus de 6000 kilomètres de sa route normale ? L’Armée de l’Air et la Marine Nationale décident d’investiguer les eaux réunionnaises. Des éléments mais encore plus de questions, c’est ça l’enquête du vol MH370. Comme si cela ne suffisait pas c’est à Madagascar qu’au tout début de l’année 2019 de nouveaux débris sont retrouvés. Décidément tout porte à croire que l’avion de ligne ne s’est pas abîmé là où tout le monde le croyait jusque là.
Pourtant quelques mois avant ces découvertes malgaches, en juillet 2018, la commission d’enquête du ministère malaisien des transports avait rendu son rapport final. Il n’apporte aucune conclusion au travail des enquêteurs. Officiellement le monde ignore comment et où a disparu le vol MH370 et ce qu’il est advenu des 239 passagers et membres d’équipages, ou plutôt de leurs dépouilles.
Alors oui des théories existent, certaines totalement farfelues, d’autres sans doute un peu moins. On passera sur les scénarii dignes de séries B hollywoodiennes dans lesquels interviennent la mythique Atlantide, des mondes parallèles, ou encore les petits hommes verts. Dépression explosive ou hypoxie généralisée à bord ? Oui c’est possible mais cela n’explique pas que les débris aient dérivé sur près de 6000 kilomètres et surtout qu’on ne retrouve rien de plus gros que l’élément de voilure de la Réunion. Alors le spectre du terrorisme ressurgi. Mais pourquoi dans cette partie du monde et pas plutôt en Amérique du nord ou en Europe ? Car chacun sait que depuis le 11 septembre il est quasi impossible de déjouer la vigilance aéroportuaire dans ces deux parties du monde. L’Asie est alors en 2014 encore un peu perfectible sur la question.
Ce qui peut permettre de valider la thèse terroriste provient du fait que l’avion avait pour destination Pékin. Sept jours avant que le vol MH370 ne disparaisse la Chine avait été victime d’un des attentats les plus meurtriers de son histoire contemporaine : la gare de Kunming. Les 31 morts et les 143 blessés avaient alors été attribués à des forces séparatistes ouïghours. Deux semaines après le drame du Boeing 777-200ER de la Malaysia Airlines l’attaque terroriste, toujours annoncée comme d’origine ouïghoure, contre le marché d’Ürümqi faisait 43 morts et 93 blessés. Cette thèse de l’origine ouïghoure tendrait à penser que l’avion de ligne aurait été détourné. Sauf qu’aucune revendication n’est venu en attesté, à la différences des attentats du 1er et du 22 mai 2014. On reste donc toujours dans le flou.
Autre piste envisagée par certains : l’île britannique de Diego Garcia et ses installations militaires mises à disposition de l’US Air Force et de l’US Navy. Et selon quelques bouquins de la CIA. Pour le Pentagone cet atoll de l’océan indien, régulièrement revendiqué par Maurice, permet à la fois un mouillage sécurisé de nombreux navires de guerre mais aussi une piste en dur accueillant des avions de reconnaissance et des bombardiers. C’est notamment de là qu’on décollé les Boeing B-52H Stratofortress et les Rockwell B-1B Lancer qui bombardaient Al-Qaïda et les talibans en Afghanistan. Y étaient alors aussi très régulièrement déployés des Boeing RC-135U Combat Sent et des Lockheed U-2S Dragon Lady d’espionnage aéroporté. Diego Garcia c’est au milieu de nul part, dans l’océan indien, loin de toute civilisation et en dehors des zones de circulation des avions de ligne. Autant vous dire que c’est le genre d’endroit que les amiraux et généraux américains kiffent par dessus tout ! Et on les comprend.
Sauf que si Diego Garcia est top secrète elle est loin d’être inconnue. La preuve nous connaissons son existence, et nous ne sommes pas les seuls. Des terroristes d’Al-Qaïda pourraient parfaitement avoir détourné le Boeing 777-200ER malaisien dans l’optique de le précipiter sur les installations militaires américaines de l’atoll. C’est en mars 2014 bien plus facile à réaliser que de tenter la même chose avec un Boeing 737-800 ou un Airbus A320-200 contre la Maison-Blanche ou le Congrès américain. Là encore la sécurité aérienne des aéroports asiatiques était plus perfectible que celle des aéroports nord-américains. Comme aucun attentat sur Diego Garcia n’a eu lieu cette piste soulève une nouvelle interrogation : et si les militaires américains avaient quelque chose à voir dans la perte du vol MH370 ? Depuis le 11 septembre, mais également depuis le détournement du vol AF8969 entre Alger et Paris en décembre 1994, on sait qu’un avion de ligne peut devenir une arme terroriste. Les décideurs institutionnels se sont donc dotés d’un arsenal judiciaire leur permettant, en ultime recours, de faire abattre le dit avion de ligne par leur chasse et/ou leur DCA. Un point qui pourrait expliquer ce qui est arrivé au vol MH370 si en effet celui-ci s’est un peu trop approché de l’atoll britannique et des installations militaires américaines.
Alors simple accident ? Détournement qui ne se serait pas passé comme prévu ? Avion abattu par un état tiers ? Dix ans après le drame le vol MH370 est toujours enveloppé d’autant de mystère, comme d’ailleurs toutes les disparitions inexpliquées d’avions de ligne. Une année 2014 qui fut noire fluo pour la compagnie malaisienne. En effet en juillet 2014 un autre Boeing 777-200ER était détruit, projetant là encore ses 298 passagers et membres d’équipage dans la mort. Sauf que point de mystère cette fois puisqu’il s’agit d’un acte terroriste portant la marque des terroristes pro-russes du Donbass, à l’aide d’un missile anti-aérien fourni par le Kremlin.
L’idée de cet article n’est pas de tordre le cou à telle ou telle hypothèse et d’en privilégier une autre. C’est simplement d’exposer des faits et quelques-uns des possibles scénarii ayant conduit à la perte du Boeing 777-200ER et au décès de ses occupants. De nombreux experts aéronautiques et des spécialistes tous bien plus capés que je ne le serais jamais se sont penchés sur la question. Beaucoup d’ailleurs ont fait cela avec l’aide financière de maisons d’éditions, et parfois le résultat était passionnant. Maintenant j’espère sincèrement que pour les 20 ans de la catastrophe nous saurons et qu’on ne parlera plus de disparition mystérieuse mais simplement d’un avion crashé ou abîmé en mer. Cela permettra peut-être aux proches et aux familles d’enfin pouvoir faire dignement leur deuil.
Photo © Keypublishing
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3 Responses
Article qui répertorie toutes les hypothèses possible, sans en privilégier aucunes, il est extraordinaire, au 21° siècles, que l’on ai aucune pistes réellement sérieuses…..
Mon avis , c’est un coup des Elohims, mais ce n’est que mon humble avis….
Bonjour Arnaud,
La disparition du vol MH370 suscite toujours autant d’intérêt et de théories complotistes. Ce n’est cependant pas le premier avion de ligne à disparaitre en mer sans laisser de traces, à commencer par Le Laté300 de Mermoz en 1936. La thèse du suicide du pilote est possible (voir la Germanwings mais aussi des suicides de pilotes en 1982, 1994,1997 2013….). Mais pourquoi, dans ce cas, avoir attendu dans les 8 heures que l’avion soit à cours de carburant? Quid du co-pilote et des autres membres d’équipages ? On peut verrouiller le cockpit de l’intérieur, mais sur le 777 une trappe permet d’y accéder quand même.
L’avion n’a pas disparu dans le golfe de Thaïlande car on aurait facilement retrouvé les débris. Le fait que des éléments de structure de l’avion se soient échoués à la Réunion, à Madagascar…. implique que l’avion s’est crashé dans le sud de l’océan indien. Le retrouver est pratiquement impossible sans connaître avec précision sa dernière position. Retrouver le Rio Paris a été difficile alors que sa position était connue à quelques kilomètres près…….
Mon frère, à l’époque, commandant de bord à Air France volait sur les lignes d’Asie à bord d’un 777. Il refait le plan de vol du MH370 en constatant une anomalie : l’avion emportait du carburant pour faire l’aller-retour jusque Pékin, au détriment de la charge marchande de l’avion.
Autre anomalie : la Malaysian a été très longue (plus d’un mois) à communiquer sur le manifeste du fret embarqué en plus des passagers. Il y avait, semble -t-il, à bord une cargaison de batterie LIPO pour plus de 2 tonnes, en violation des règles qui limitent très fortement le transport d’un fret aussi dangereux. Ces batteries peuvent exploser ou bien bruler en dégageant des gaz très toxiques…Peut-on penser que l’équipage et les passagers soient morts asphyxiés ? L’avion aurait ensuite volé en automatique jusqu’à l’épuisement du carburant. Ceci s’est déjà produit en Grèce avec un Airbus (décompression brutale alors que le service d’entretien avait oublié de recharger la provision d’oxygène). Ceci expliquerait également pourquoi aucun passager ou membre d’équipage n’aient utiliser leurs portables….(Mon frère a fait un test lors d’un vol en laissant son portable allumé qui a borné partout….) Pour que l’hypothèse des batteries LIPO soit possible, il faudrait également que l’accident des batteries ait mis hors service l’alimentation électrique du transpondeur et du système ACAR…. seuls des ingénieurs de chez Boeing ou des enquêteurs du BEA pourraient répondre à cette question… Je suis étonné que celui qui a le moins communiqué sur cet accident, soit précisément Boeing…. Ce que l’on peut comprendre si l’hypothèse d’un tel accident était plausible…
cordialement
Jérôme
Article passionnant et qui nous permet de nous faire notre propre idée sans jamais nous orienter vers une thèse plutôt qu’un autre. Bravo Arnaud, encore un bel exemple. Les journalistes pros pourraient en prendre de la graine.