La Suède rejoint l’OTAN avec une aviation totalement aux normes.

Il y a deux ans la Russie attaquait et envahissait partiellement l’Ukraine cherchant ainsi à empêcher celle-ci de rejoindre une OTAN que beaucoup disaient en mort cérébrale. Aujourd’hui non seulement l’alliance Atlantique se porte comme un charme mais en outre elle se prépare à accueillir son 32e membre : la Suède. Contrairement à des pays l’ayant rejoint avant elle, elle possède une force aérienne qui répond totalement aux exigences atlantistes. Une Flygvapnet qui s’intégrera donc aisément dans le fameux NATO Allied Air Command.

Contrairement à la Finlande qui l’a rejointe en avril 2023 sans que cela ne gène qui que ce soit il a fallu batailler des mois pour que les diplomaties européennes arrachent cette adhésion de la Suède à l’OTAN. Deux pays membres jouaient une partition différente de la majorité : la Hongrie et la Turquie. Finalement entre la fin 2023 et le mois dernier tout a été réglé, Budapest désormais isolée au sein de l’Union Européenne accepta de ratifier la demande suédoise. Dans quelques semaines Stockholm sera officiellement le 32e pays allié. Et tout comme l’Ilmavoimat l’an dernier la Flygvapnet est une force aérienne absolument aux normes.

Rappelons que ses chasseurs SAAB JAS 39C/D Gripen sont de générations 4.5 et donc pleinement multirôles. Dans le même temps ses avions de veille radar SAAB S 100A Argus (en voie de remplacement par des GlobalEye bien plus modernes) et ses Gulfstream S 102B Korpen d’espionnage aéroporté lui octroient une réelle capacité de reconnaissance et de renseignement aéroporté. Dans le même temps la Flygvapnet devra prochainement remplacer ses cinq Lockheed C-130H Hercules et son unique KC-130H de ravitaillement en vol par un modèle unique d’avion. Dans quelques mois elle abandonnera aussi ses mythiques SAAB Sk 60 d’entraînement avancé désormais hors d’âge. Tout cela montre bien une réelle détermination suédoise à faire voler des aéronefs conformes aux demandes atlantistes. Et les hélicoptères AgustaWestland AW.109, NHIndustries NH-90TTH Caïman, et Sikorsky UH-60M Blackhawk en dotation sous la cocarde aux trois couronnes en attestent formellement.

En fait c’est assez nouveau pour l’OTAN, et encore plus pour le NATO Allied Air Command, d’accueillir des forces aériennes répondant à leurs exigences. Jusque là ce n’était pas vraiment le cas puisque la majorité des pays étaient auparavant membres du Pacte de Varsovie voire d’anciens territoires soviétiques. Estonie, Lettonie, et Lituanie par exemple ne possèdent toujours que des embryons d’aviations militaires. De leur côté des pays comme la Bulgarie, la Croatie, la Hongrie, la Pologne, ou encore la Roumanie sont arrivés avec dans leurs arsenaux des avions de combat de facture soviétique comme les Mikoyan MiG-29 Fulcrum ou les Sukhoi Su-25 Frogfoot. Donc par définition des avions ne répondant pas aux normes technologiques de l’OTAN.

Ne partageant ses frontières aériennes directes qu’avec la Finlande et la Norvège la Suède ne devrait donc pas représenter un danger réel pour les adversaires de l’alliance. Pourtant récemment le Kremlin a très mal réagi à cette adhésion. On peut même dire qu’aux vues des déclarations de ses porte-paroles la fédération de Russie a peur. Les services de communication officielle de l’ambassade russe en Suède ont déclaré : « La Russie prendra des contre-mesures de nature politique et militaro-technique afin de minimiser les menaces qui pèsent sur sa sécurité nationale».

Il faut dire qu’en rejoignant l’OTAN la Suède met officiellement fin à une neutralité qui remontait à 1814. Une neutralité souvent considérée d’ailleurs comme à géométrie variable. On se souviendra que durant la Seconde Guerre mondiale ses diplomates se révélèrent fréquemment plus que bienveillants avec les forces anglo-américaines. Les services du renseignement militaire suédois opéraient assez fréquemment au profit de leurs homologues alliés. De manière pas si anecdotique que ça c’est Raoul Nordling, alors consul général de Suède à Paris, qui avec ses équipes (dont son frère Rolf) négocia la reddition des forces allemandes en août 1944 à l’approche de la 2e Division Blindée française libre. Nordling exécutait en cela les ordres qu’il avait reçu quelques semaines plus tôt de son souverain, le roi Gustav V. La neutralité suédoise donc relève aujourd’hui du passé.

Photo © Flygvapnet